Ensuite parce que, lors des deux premières
journées, vous allez être très conscient que le
chronomètre tourne en permanence. Vous allez
donc, inconsciemment ou non, changer vos
habitudes et fausser les résultats. Laissez le
temps au naturel de revenir.
Plus la collecte d’information sera longue, plus
les données seront fines et précises. Mais, on ne
va pas se mentir, ce travail de collecte est
contraignant et pas passionnant. Ce sont les
résultats qui le sont. Une semaine, c’est bien
suffisant.
Vous pouvez le faire avec un simple carnet et
un stylo, mais sachez qu’il existe des applications
mobile qui permettent la comptabilisation de
votre temps de façon plus rapide, plus ludique et
plus efficace. Une application comme « Hours »
fonctionne très bien. Elle est payante, mais offre
28 jours d’essai gratuit ce qui est largement
suffisant pour notre objectif.
Soyez le plus exhaustif et le plus honnête
possible sans pour autant rentrer dans des
détails inutiles. Il peut manquer quelques
minutes à votre décompte sur une journée (on ne
peut pas tout noter), mais tâchez de vous
rapprocher le plus possible des 24 heures.
Étape 2 : Faire les comptes
Vous avez collecté des informations, il faut
maintenant les exploiter. Faites les comptes,
pour chaque journée, du temps passé sur chaque
activité.
Combien de temps passez-vous sur les activités
indispensables ? Combien de temps pour les
activités superflues ?
Nous n’en sommes pas encore à trouver du
temps pour écrire, mais faire le total permettra
de vous rendre compte du temps que vous
perdez, chaque jour, sur des activités que vous
jugez vous-même comme étant inutiles. Les
résultats sont souvent surprenants.
Étape 3 : Faire des économies
C’est là que les choses se compliquent. Il va
falloir, parfois la mort dans l’âme, tailler dans le
gras.
Pour dégager le temps dont vous avez besoin
pour écrire, il est nécessaire de faire une croix sur
les activités chronophages qui ne vous apportent
rien… mais pas n’importe lesquelles ! Ce serait
trop simple. Il faut soit dégager celles qui sont
dans les tranches horaires qui vous intéressent,
soit réorganiser votre journée de façon à libérer
ces tranches horaires. Je m’explique
Écrire demande un minimum de matériel, de
préparation et de concentration. Bien sûr,
l’importance de ces éléments varie en fonction
des auteurs. Certains ont besoin de leur Mac et
d’un silence de cathédrale pour créer, d’autres
ont besoin d’un carnet, d’un stylo et de cinq
minutes dans une rame de métro bondée.
Dans son livre « Comme par magie », Elizabeth
Gilbert raconte qu’elle entretient, avec ses
romans en-cours, le même genre de relation
qu’elle aurait si elle avait une liaison extra-
conjugale. Chaque fois qu’elle peut subtiliser cinq ou dix minutes à sa journée, elle les consacre à son manuscrit comme à une séance de baisers
volés, avec un amant, sous une porte cochère.
Certains ont la chance de faire ainsi, d’autres ont
besoin de longues heures ininterrompues pour
rentrer dans leur sujet.
Vous devez donc adapter le dégagement de
temps libre en fonction de vos besoins, de vos
habitudes et de vos contraintes. En d’autres
termes, si vous avez l’habitude de jouer deux
heures aux jeux vidéo, le soir en rentrant du
boulot, c’est facile. Vous avez trouvé votre heure
d’écriture. En revanche, si votre temps libéré se
compose de soixante minutes réparties par-ci
par-là sur votre journée, il va falloir ruser. Utiliser
ces minutes pour faire des activités
habituellement placées dans les tranches
horaires qui vous intéresse, et réorganiser votre
journée comme un jeu de pousse-pousse virtuel.
J’ai fini par trouver le temps pour travailler sur
mon prochain roman. Je commence mes journées
de travail un peu plus tôt tous les jours, afin de
finir en avance. Je peux alors consacrer une petite
heure à mon livre, sur mon lieu de travail, avant
de rentrer chez moi. En fin de journée, je dispose
du calme et du matériel nécessaire.
Pour libérer les week-ends, j’ai essayé de placer
mon fils à la DDASS… mais sa mère n’a pas voulu.
Dommage. ;)
Une chose est sûre : le temps dont vous avez
besoin pour écrire est là. Il existe. Mais avant de
commencer à le chercher, vous devez vous poser
la question qui importe : « Que suis-je prêt à
abandonner pour le trouver ? »
Jérome Vialleton
Retrouvez tous les articles de Jérome sur son
site: Écrire et être lu