BCarlington News Magazine 6 | Page 53

Ensuite parce que, lors des deux premières

journées, vous allez être très conscient que le

chronomètre tourne en permanence. Vous allez

donc, inconsciemment ou non, changer vos

habitudes et fausser les résultats. Laissez le

temps au naturel de revenir.

Plus la collecte d’information sera longue, plus

les données seront fines et précises. Mais, on ne

va pas se mentir, ce travail de collecte est

contraignant et pas passionnant. Ce sont les

résultats qui le sont. Une semaine, c’est bien

suffisant.

Vous pouvez le faire avec un simple carnet et

un stylo, mais sachez qu’il existe des applications

mobile qui permettent la comptabilisation de

votre temps de façon plus rapide, plus ludique et

plus efficace. Une application comme « Hours »

fonctionne très bien. Elle est payante, mais offre

28 jours d’essai gratuit ce qui est largement

suffisant pour notre objectif.

Soyez le plus exhaustif et le plus honnête

possible sans pour autant rentrer dans des

détails inutiles. Il peut manquer quelques

minutes à votre décompte sur une journée (on ne

peut pas tout noter), mais tâchez de vous

rapprocher le plus possible des 24 heures.

Étape 2 : Faire les comptes

Vous avez collecté des informations, il faut

maintenant les exploiter. Faites les comptes,

pour chaque journée, du temps passé sur chaque

activité.

Combien de temps passez-vous sur les activités

indispensables ? Combien de temps pour les

activités superflues ?

Nous n’en sommes pas encore à trouver du

temps pour écrire, mais faire le total permettra

de vous rendre compte du temps que vous

perdez, chaque jour, sur des activités que vous

jugez vous-même comme étant inutiles. Les

résultats sont souvent surprenants.

Étape 3 : Faire des économies

C’est là que les choses se compliquent. Il va

falloir, parfois la mort dans l’âme, tailler dans le

gras.

Pour dégager le temps dont vous avez besoin

pour écrire, il est nécessaire de faire une croix sur

les activités chronophages qui ne vous apportent

rien… mais pas n’importe lesquelles ! Ce serait

trop simple. Il faut soit dégager celles qui sont

dans les tranches horaires qui vous intéressent,

soit réorganiser votre journée de façon à libérer

ces tranches horaires. Je m’explique 

Écrire demande un minimum de matériel, de

préparation et de concentration. Bien sûr,

l’importance de ces éléments varie en fonction

des auteurs. Certains ont besoin de leur Mac et

d’un silence de cathédrale pour créer, d’autres

ont besoin d’un carnet, d’un stylo et de cinq

minutes dans une rame de métro bondée.

Dans son livre « Comme par magie », Elizabeth

Gilbert raconte qu’elle entretient, avec ses

romans en-cours, le même genre de relation

qu’elle aurait si elle avait une liaison extra-

conjugale. Chaque fois qu’elle peut subtiliser cinq ou dix minutes à sa journée, elle les consacre à son manuscrit comme à une séance de baisers

volés, avec un amant, sous une porte cochère.

Certains ont la chance de faire ainsi, d’autres ont

besoin de longues heures ininterrompues pour

rentrer dans leur sujet.

Vous devez donc adapter le dégagement de

temps libre en fonction de vos besoins, de vos

habitudes et de vos contraintes. En d’autres

termes, si vous avez l’habitude de jouer deux

heures aux jeux vidéo, le soir en rentrant du

boulot, c’est facile. Vous avez trouvé votre heure

d’écriture. En revanche, si votre temps libéré se

compose de soixante minutes réparties par-ci

par-là sur votre journée, il va falloir ruser. Utiliser

ces minutes pour faire des activités

habituellement placées dans les tranches

horaires qui vous intéresse, et réorganiser votre

journée comme un jeu de pousse-pousse virtuel.

J’ai fini par trouver le temps pour travailler sur

mon prochain roman. Je commence mes journées

de travail un peu plus tôt tous les jours, afin de

finir en avance. Je peux alors consacrer une petite

heure à mon livre, sur mon lieu de travail, avant

de rentrer chez moi. En fin de journée, je dispose

du calme et du matériel nécessaire.

Pour libérer les week-ends, j’ai essayé de placer

mon fils à la DDASS… mais sa mère n’a pas voulu.

Dommage. ;)

Une chose est sûre : le temps dont vous avez

besoin pour écrire est là. Il existe. Mais avant de

commencer à le chercher, vous devez vous poser

la question qui importe : « Que suis-je prêt à

abandonner pour le trouver ? »

Jérome Vialleton

Retrouvez tous les articles de Jérome sur son

site: Écrire et être lu