Le Polar et le Thriller
Le polar n’est pas un monde, le polar est une galaxie. En effet, comment expliquer que dans une même bibliothèque, vous trouviez sous cette vaste étiquette Agatha Christie, Patricia Cornwell, Franck Tillier, Sir Conan Doyle ou encore Maurice Leblanc ? Sans parler de la littérature jeunesse qui, du club des cinq à Géronimo Stilton, nous offre un choix tout aussi important ! Peut-être parce que le polar, sous toutes ses formes, répond à un besoin fondamental de l’être humain : comprendre l’incompréhensible.
Je n’irais pas jusqu’à dire que le genre réveille nos bas instincts, mais il y a quelque chose d'absolument jouissif à entrer dans les méandres tortueux d’un esprit criminel, pour en disséquer les plus sombres pensées et de n’avoir qu’à refermer le livre pour s’en protéger !
Si on compare ce genre littéraire à d’autres, sa naissance est relativement récente. On pourrait considérer Arthur Conan Doyle et son Sherlock Holmes, comme le père fondateur du genre. Notons que pendant quelques décennies, le domaine reste une privauté masculine. Jusqu’à l’arrivée de Tante Agatha dans cette grande famille.
Essayons de décortiquer un peu la chose. Quelle recette faut-il pour réaliser un bon polar ?
Un crime ! Ou plusieurs. Au moins une disparition, un enlèvement ou un vol. Bref, un acte illicite. C’est ce qui nous permet d’endosser notre panoplie d’inspecteur de police. N’oublions pas le mobile qui est au cœur de l’enquête du livre ! Pourquoi la victime a-t-elle été tuée ? Répondre à cette question c’est bien souvent trouver le meurtrier.
Une victime, si possible innocente, cela donne plus de poids au méchant. Parfois occise au premier chapitre, elle peut demeurer le personnage principal malgré sa disparition. Car tout tourne autour de sa psychologie, son passé, ses actes, ses dires, bref ce qui lui a valu son statut de victime !
Un enquêteur, pas toujours un policier. S’il l’est, bien souvent, c’est un marginal avec des méthodes peu recommandables ou peu orthodoxes. Sa moralité est parfois douteuse, certains vont jusqu’à le faire flirter avec la culpabilité. On peut aussi citer le détective privé, qui lui ne s’embarrasse pas de la loi pour mener à bien son enquête, ou encore l’ancien policier (à la Hercule Poirot) qui connaît toutes les ficelles du métier, le parapolicier (psy, criminologue, avocat, médecin légiste, profileur, professeur en tout genre) qui apporte son expertise à l’affaire et enfin le… comment le nommer d’ailleurs ? Le « drôle d’idée d’avoir pensé à lui pour mener une enquête », catégorie vaste qui va de la vieille tante anglaise à l’adolescent un peu trop curieux !
Enfin, il nous faut un coupable ! Connu parfois dès le début du livre, l’histoire peut être vécue de son point de vue, il peut aussi bien être le personnage principal, qu’un nom dans une liste trouvée par l’enquêteur. Les profils sont multiples. De la mère de famille bien sous tout rapport au tueur récidiviste, bandit notoire, homme d’influence, citoyen ordinaire, la panoplie est très variée.
Une règle absolue cependant : Le coupable finit toujours par se faire prendre !
Enfin, le point primordial du polar reste le contexte. Enquêter au fin fond des fjords norvégiens glacés, dans les méandres de la City londonienne ou les bas fonds new-yorkais… c’est bien là le vrai dépaysement du polar !
Anne Cantore