voulait en venir. Elle soupira.
– Le kimono rouge et or, comme celui que je porte indique au client que je ne prends personne. C’est aussi le cas d’Anna. Le vert et argent, le modèle d’Akira par exemple, indique que les hôtes portant ces couleurs ne s’occupent que de client du même sexe et le blanc et bleu pour les hétéros. À l’Orchidée, cette couleur est assez rare. Les clients qui s’intéressent au sexe opposé vont plutôt au Palais de Cristal, géré par Faad de Trincavel, le cousin de Lysandro. C’est assez amusant, lui-même préfère les jeunes hommes…
Voyant Emilia partir dans ses pensées, Ashim l’interrompit.
– Et le mien ?
Emilia hésita. Lee avait été assez clair… Il avait conseillé à tout le monde de se taire… Mais Ashim avait l’air si misérable sur son canapé qu’elle fut incapable de tenir sa langue plus longtemps.
– Pour ce que j’en sais, personne n’a plus porté ce kimono depuis la maîtresse du père de Lysandro. C’est une triste histoire d’ailleurs. Il paraît qu’elle était très belle. Malheureusement, un autre type avait des vues sur elle et un soir, il réussit à la violer. Le père de Lysandro la jeta alors à la porte, comme la dernière des traînées. J’ignore pourquoi.
– C’est ignoble ! Parvint à dire Ashim, entre ses mâchoires serrées. (Publication Wattpad ici)
La jeune femme acquiesça lentement de la tête. Un long silence suivit. Ashim digérait difficilement d’avoir entendu l’histoire de sa mère dans la bouche d’une étrangère. S’il avait donc bien compris, il était le favori de Lysandro comme sa mère avait été celle de Peter de Trincavel. Un bref instant, il se demanda si Lysandro savait qui il était.
Emilia prit une longue inspiration.
– En portant ce kimono, Lysandro met en garde tous les clients : tu es son unique propriété. Le premier qui s’avise de te toucher, les foudres de « La Mòrta » s’abattraient sur lui.
– La Mòrta ?
Le visage de l’Amérindienne s’assombrit brusquement.
– Tu es venu ici sans jamais avoir entendu parler de « La Mòrta » ?
Ashim nia d’un mouvement de tête. Emilia se leva.
– Viens avec moi, je vais te montrer quelque chose.
Le Copte la suivit quand elle sortit du petit salon.
Lee invita Akira à entrer dans le bureau de Lysandro sans pour autant le suivre à l’intérieur. Le jeune se trouva face à son patron et il inclina le buste.
– Vous m’avez fait demander, Lysandro-sama ?
Le maître du Lagon, assis dans son fauteuil de cuir face à la fenêtre, pivota vers lui, une liasse de papier à la main. Il la déposa calmement tout en détaillant le jeune homme face à lui des pieds à la tête. Au bout de quelques minutes d’un silence qui devenait de plus en plus pesant, Lysandro l’invita à s’asseoir d’un signe de la main.
– J’ai une faveur à te demander.
Akira haussa un sourcil. En général, Lysandro ne s’embarrassait pas de demande. Il prenait, exigeait ce qu’il voulait. Oh, il n’imposait pas, jamais, mais il avait porté la manipulation au stade d’art. À la connaissance du jeune Japonais, personne n’avait jamais refusé quoique ce soit à Lysandro.
– J’ai besoin d’un escort pour un voyage de deux semaines à Tokyo.
Les yeux vert-gris se plissèrent. Où voulait en venir son patron ?
– Et qui est le client ?
Lysandro se passa la langue sur les lèvres avant de répondre.
– C’est tout l’enjeu de cette faveur. Je souhaiterai que tu accompagnes mademoiselle Millerand dans son déplacement diplomatique.
Akira se leva à moitié de sa chaise, soufflé par la surprise.
– La Ministre ? Mais c’est impossible ? Je serais inca…
– Assieds-toi.
Le jeune homme obéit immédiatement et se calma.
– Je ne comprends pas. Il doit y avoir des centaines d’hommes qui seraient honorés de l’accompagner. Pourquoi payer quelqu’un ?