Le sourire de Lysandro s’élargit et l’étincelle qui illumina son regard fit frissonner le policier.
– Je crains que vous ne compreniez pas. Le corps de Corciano ? Dans le Lagon ? Sans aucun avis d’évasion ? Le message est clair et il est pour moi. Cette affaire, ou vous la refilez à quelqu’un d’autre et elle sera enterrée aussi sec, ou vous la continuez et vous y risquerez bien plus qu’une carrière pourrie dans un petit commissariat de banlieue. Vous comprenez ?
L’inspecteur frissonna derechef et acquiesça d’un mouvement de tête.
– Bien, vous avez quoi ?
– On ne vous la fait pas, hein ? Ricana le policier, désabusé.
Il s’était fait avoir comme un bleu par un gamin.
– Comprenez-moi bien inspecteur, je ne tiens pas à vous faire des ennuis ou du chantage. Je vous ai refilé cette bombe en pensant sincèrement que vous êtes le seul capable de m’aider à la désamorcer et que cela finira bien pour tout le monde.
– Très bien. J’ai pigé, capitula Cordan. Je suis allé à la Santé ce matin et j’y ai trouvé un androïde de modèle inconnu, dans lequel on a implanté un cristal avec les informations de Corciano. – Il sortit son portable et les photos prises à la prison s’affichèrent.- Tenez, regardez vous-même.
Lysandro observa attentivement les clichés un par un. La qualité de l’androïde était telle que sur les photos il était impossible de dire s’il s’agissait d’un corps ou non. Seule la position étrange du corps sur le sol indiquait qu’il s’agissait d’un androïde.
– Quand je vous disais que c’était le début d’une sale affaire. Attendez deux secondes.
Le maître du Lagon ferma brièvement les yeux et demanda à son gérant de descendre.
– Je n’ai jamais vu ça, reprit-il ensuite. Cela doit être un nouveau prototype, encore inédit sur le marché. Je ne serais pas étonné que cela soit un projet militaire. Autre chose ?
– Oui, Fred Corciano était marié.
– Ah bon ? Première nouvelle. Depuis quand ?
– 8 ans. A une secrétaire de niveau 2 de la Guilde de l’Industrie et de la Technologie.
– Hum… Pas entendu parlé. Pourtant, un tel mariage aurait dû faire des remous. Laissez-moi voir ça directement. Je vous ferais suivre l’information.
Des bruits de pas se firent entendre et les deux hommes se tournèrent vers le nouvel arrivant. Lee Chang, le bras droit de Lysandro, se tenait à deux pas derrière eux, faisant sursauter le policier qu’y ne l’avait pas entendu entrer dans le bar.
– Que puis-je pour toi ? Demanda l’asiatique, visiblement contrarié d’être là.
– Je voudrais te montrer des photos d’un androïde d’un modèle inédit.
Le policier fit réapparaître les clichés sur un signe de Lysandro.
– Qu’est-ce que t’en penses ? Demanda celui-ci tandis que son bras droit se penchait sur les photos pour les observer.
– Intéressant. Et tu dis que c’est un androïde ? Ma foi, un modèle militaire sûrement. Je sais qu’ils travaillent sur une amélioration des androïdes de combat. Je ne pensais pas qu’ils en étaient si loin dans leur recherche. Tu veux que je me renseigne ?
– Oui, s’il te plaît. Il a été utilisé pour faire évader Corciano.
Lee siffla.
– Mauvais ça.
L’asiatique se tourna subitement vers son patron.
– Tu ne penses quand même pas qu’ils ont décidé de te descendre, si ?
Lysandro haussa les épaules.
– Vas savoir. En attendant je trouve la coïncidence un peu forte. Doubles les surveillances dans le Lagon, rien ne se passe sans que je sois au courant, est-ce clair ?
Lee fit un signe de tête bref. Il s’excusa, salua le policier et sortit du bar promptement.
– Je préviens mes collègues… ?
– Non. Continuez votre enquête sans faire de remous. Surtout que votre hiérarchie ne s’intéresse pas à ce que vous faites. Si vous avez besoin d’un coup de main pour obtenir des informations ou quoique ce soit d’autre, n’hésitez pas à me contacter. Je vous ferai parvenir un portable chez vous. Autant éviter les connexions centrales, il est possible que vous soyez déjà sur écoute.