BCarlington News Magazine 4 | Page 59

– Incroyable, continua-t-il, stupéfait. On dirait un vrai corps.

Mais à la façon dont il était étendu au sol, aucune erreur n’était possible.

– Que s’est-il passé ? Demanda-t-il au surveillant général qui attendait dans l’embrasure de la porte.

– Je l’ignore monsieur. Après le dîner, il est rentré dans sa cellule comme d’habitude et le petit déjeuner est servi directement dans la cellule. Je viens juste de le découvrir.

L’inspecteur sortit son téléphone et prit plusieurs clichés de la scène. Cette affaire, déjà étrange, prenait une tournure inquiétante. Les moyens mis en œuvre pour faire sortir Corciano de sa cellule le laissait perplexe et il ne serait pas étonné que la Guilde dont dépendait la prison veuille étouffer l’affaire. Alors autant faire quelques photos avant que les preuves ne disparaissent.

– Dîtes moi, il avait des visites ?

– Essentiellement son avocat et sa femme.

Cordan tourna la tête vers le directeur.

– Sa femme ? Vous êtes sûr ? Je n’ai pas souvenir qu’il était marié.

– Enzo, trouvez-moi la fiche d’identification de la femme qui le visitait une fois par semaine.

– Oui, monsieur.

Le surveillant général sortit un appareil similaire à un téléphone portable et pianota quelques instants dessus. Un écran holographique apparut et dessus, on pouvait y voir le visage d’une jolie brune ainsi que toutes les informations la concernant. Cordan se leva et vint lire aux côtés du surveillant général.

– Marie Chavers, épouse Corciano, 37 ans, secrétaire de niveau 2, Guilde de l’Industrie et du Commerce.

Il survola le reste des informations mais retint surtout son affectation. Cette guilde avait tout à fait accès à ce genre de matériel et son instinct, aussi improbable que cela puisse paraître, lui soufflait qu’il ne trouverait aucune Marie Chavers à la Guilde de l’Industrie et du Commerce.

– Prévenez votre hiérarchie, ils feront le nécessaire pour vous débarrasser de ça, dit-il, tout en sortant de la minuscule pièce.

Les épaules du directeur s’affaissèrent. Le policier posa une main réconfortante sur son épaule.

– À votre place, je ne m’inquiéterai pas trop, je doute qu’il y ait une enquête interne.

Le directeur lui lança un regard perplexe.

– Comment ça ?

– Une intuition. Merci pour votre coopération.

Cordan sortit de la prison et leva les yeux au ciel. Bien qu’il fut affecté au commissariat du 12e arrondissement, il avait peu de relation avec le maître de la Guilde du Divertissement et des Arts dont dépendait son poste, et, pour une fois qu’il faisait appel à lui, il fallait que ce soit une affaire pourrie. Parfois, comme à l’instant, il regrettait de s’être attaqué à Peter de Trincavel. Cette enquête avait bousillé sa carrière et voilà que son fils prenait le relais alors qu’il n’était qu’à deux ans de la retraite.

*

Lysandro travailla tout l’après-midi, mettant un point final au projet de récupération de adamantane. Franz avait fait des merveilles et les premières expéditions pourraient partir d’ici une semaine. Content de lui, il remonta chez lui et se prépara pour descendre dîner ainsi que recevoir ses clients. D’ailleurs, ce soir, il avait le plaisir de compter parmi eux David de Montmort.

Il entrait dans la salle du restaurant quand David arriva, accompagné de son nouvel ami, Louis Farmand.

– Enfin tu daignes venir honorer ma table ! !

Le designer rit de l’accueil familier du patron de l’Orchidée.

– Je ne peux passer à Neo-Paris sans venir chez toi ! ! Ce serait un sacrilège.

Les deux hommes se donnèrent l’accolade avant que Lysandro ne les emmène lui-même à la table qui leur était réservée.