s’était produite et personne ne s’en était rendu compte.
– Je vous certifie monsieur que le corps sans vie de Fred Corciano a été découvert hier, sur les berges de la Seine, à hauteur du quartier Clichy. L’autopsie a eu lieu ce matin et le scanner a confirmé son identité.
Le visage du directeur se décomposa. Lentement il tendit la main vers le téléphone et appuya sur une touche. Un écran holographique apparut et le sourire de la jolie secrétaire égaya quelque peu l’atmosphère tendue de la pièce.
– Oui monsieur ?
– Veuillez me passer le surveillant général.
– Oui monsieur.
Le visage de la jeune femme disparut et, quelques instants plus tard, ce fut celui, dur et balafré du surveillant général qui apparut.
– Oui monsieur ?
– Vérifiez l’identité du prisonnier 117, s’il vous plaît.
Un certain plissement des yeux attesta de la surprise du surveillant général qui, néanmoins, obéit sans poser de question. L’écran holographique disparut et le directeur reporta son attention sur l’inspecteur.
– Si ce que vous dîtes est vrai, c’est une catastrophe.
L’inspecteur eut pitié de l’homme qui lui faisait face. La prison de haute sécurité de la Santé était réputée pour être la plus sûre d’Europe et la Guilde de la Sécurité Intérieure et Extérieure s’en faisait une fierté personnelle. Une telle faute risquait de coûter sa place au directeur ainsi qu’à un certain nombres de surveillants.
Le téléphone sonna et lorsque le visage du surveillant général apparut de nouveau, le directeur soupira lourdement. À sa vue, il sut que qui que fut la personne dans la cellule du prisonnier 117, il ne s’agissait certainement pas de Fred Corciano.
– Monsieur…, bredouilla le surveillant général. Je ne… Je ne comprends pas ce qui c’est passé. Je vous jure que…
– Arrêtez Enzo. Je sais que vous avez fait votre travail consciencieusement.
– Je déclenche l’alarme monsieur ?
– Non. Notre pensionnaire a déjà été retrouvé.
Le directeur ne laissa pas au surveillant général le temps de répondre et coupa la communication.
– Je suppose que vous souhaitez voir la cellule ainsi que son actuel occupant ?
– Effectivement.
– Suivez-moi.
Ils sortirent tous deux du bureau et longèrent plusieurs couloirs avant de se retrouver face aux grilles des quartiers de détention. Le surveillant général les y attendaient déjà et l’inspecteur Corban eut pitié de cet homme-là aussi. Celui-ci devait faire presque deux mètres et une bonne centaine de kilos. En temps normal il devait suffisamment impressionner les prisonniers pour qu’ils se tiennent tranquille mais à l’heure actuelle, il tenait sa tête basse, probablement conscient que cette erreur lui coûterait sa place ainsi qu’à plusieurs de ses camarades.
– Par ici inspecteur. Enzo, vous venez aussi.
Le surveillant redressa la tête et l’inspecteur en profita pour l’étudier un peu. Il paraissait sincèrement affecté mais Cordan se fit une note mentale d’enquêter sur son passé. On ne savait jamais. Même le meilleur des hommes avaient un point faible et, souvent, il suffisait d’appuyer dessus pour qu’il craque et fasse ce que bon vous semble. Il avait eu assez d’exemples dans sa carrière pour savoir que même ce type-là, aussi intègre qu’il paraissait, pouvait devenir qu’une poupée dans les mains du bon marionnettiste.
La porte de la cellule était blindée et était ouverte sur une petite pièce de huit ou neuf mètres carré à peine sans fenêtre. Il y avait un lit, une commode, une table et un coin toilette. Et en son centre, un androïde d’une exceptionnelle facture gisait au sol comme une poupée désarticulée.
– Je n’ai jamais vu ce type de modèle, souffla l’inspecteur, tout en s’approchant.
Il s’agenouilla, sortit de sa poche de veston une paire de gants qu’il enfila et toucha l’androïde. Son revêtement était semblable à de la peau et était encore chaud.