BCarlington News Magazine 3 | Page 67

Moins d’une heure plus tard, Lysandro rejoignait son chef du secteur 4, quartier Clichy. Une grande femme aux longs cheveux blonds et aux courbes généreuses l’attendait, adossée à mur, non loin de la berge.

– Y se passe quoi Ginny ? Demanda le maître du Lagon en arrivant à sa hauteur. Pourquoi t’as pas appelé Lee ?

Ginny leva ses yeux noisettes sur son patron. Elle avait beau avoir près de la cinquantaine, elle gardait de belles traces de la beauté sulfureuse qu’elle avait été vingt ans plus tôt.

– On a scanné le gus. C’est Fred Corciano.

Lysandro haussa les sourcils de surprise.

– Tu plaisantes ? Je croyais qu’il avait pris perpette ?

– Ouais et je n’ai pas eu vent d’une évasion quelconque.

– Okay. Où est-il ?

Ginny s’écarta du mur et l’entraîna vers le fleuve. En contrebas, on pouvait voir un petit attroupement autour d’un corps allongé au sol, face contre terre.

– Vous avez touché à quoique ce soit ? Demanda Lysandro en descendant.

– Non, on a juste scanné son cristal. Quand on a eu le nom, je t’ai tout de suite appelé.

Il s’accroupit à côté du cadavre. Inutile d’avoir fait des études pour savoir qu’il était mort d’hémorragie, la plaie béante qui lui barrait le cou était caractéristique. Du bout des doigts, il souleva les cheveux qui dissimulait le visage et soupira.

– C’est lui, pas de doute.

Lysandro s’éloigna et sortit son téléphone.

– Lee, va me chercher l’inspecteur Cordan, au commissariat du 12e et amène-le à Clichy. On a un cadavre qui pourrait l’intéresser, dit-il au bout de quelques secondes.

– T’appelles un flic ? Demanda Ginny qui s’approchait.

– Il est réglo et surtout, celui-là, dit-il en désignant le cadavre, il est à lui. C’est celui qui était en charge de l’enquête sur l’enlèvement d’Amara. Il lui avait juré de faire tomber Peter, mais il n’a pas eu d’autre choix que d’arrêter Fred, toutes les preuves menaient à lui.

– Tu lui fais confiance ?

– Non, répondit Lysandro après un moment, mais il s’est acharné sur mon père jusqu’à sa mort. Il avait presque réussi à la fin. Ça force le respect.

Ginny haussa les épaules.

– Fais comme tu veux mais à ta place je me méfierais d’un flic comme celui-là. C’est ta tête qu’il voudra peut-être mettre au bout d’une pique.

Un sourire carnassier étira les lèvres de Lysandro tandis qu’une idée germait dans son esprit.

– Tu viens de me donner une excellente idée. Bon, je te laisse gérer ça, dit-il en désignant le cadavre d’un mouvement de la tête. Appelle-moi s’il y a un problème.

Le maître du Lagon remonta en voiture. Il demanda à l’IA qui conduisait de le ramener chez lui puis prit en main le dossier qu’Amara lui avait donné au déjeuner. Un type comme Cordan à la tête de ce genre de section serait peut-être une bonne idée. Avec du pouvoir, cet homme pourrait peut-être maintenir l’ordre dans le Lagon si jamais il lui arrivait quelque chose. Il fallait qu’il y réfléchisse.