aller au début, mais ça ne se précise qu'une fois une bonne partie du livre écrite. D'abord, je prends toutes les scènes et tous les personnages que je veux mettre, et leurs aventures viennent presque toutes seules. La plus grosse partie de boulot est de rendre cohérent le tout. Un personnage cohérent de A à Z, une intrigue bien menée et bien ficelée qui garde en poche des rebondissements jusqu'à la fin, sans jamais partir trop loin. J'ai presque systématiquement coupé dans mes personnages ou mon intrigue lorsqu'elle devenait trop complexe.
4. À la lecture du résumé, on est immédiatement plongé dans un monde d’héroïc-fantasy classique : es-tu d’accord avec cette idée ?
Oui… et non ! On retrouve dans les Murmures du Shar les codes les plus classiques de la fantasy en termes de personnages et de situations, et c’est en ça que le résumé ne trahit pas son public. En revanche, l’univers dans lequel est placé l’histoire est totalement original : le monde est entièrement souterrain, et tout est fait pour recréer les conditions de vie que l’on connaît pour que ça fonctionne. La lumière qui permet à la végétation de pousser, l’équilibre des éléments minéraux, le rythme des jours et des nuits… Je revisite aussi certains classiques de la fantasy : les elfes sont esclavagistes et manipulateurs, tandis que les ogres sont plutôt humains et bienveillants. Par ailleurs, je précise que les Murmures du Shar est plutôt une œuvre Young Adult qu’ado, parce que les problématiques du personnage principal sont assez matures. Une lecture au second degré permet de réfléchir sur des notions de liberté, de confiance en soi, de volonté, etc.
5. La Fille de l’Eau est ta nouvelle saga fantasy. Est-ce le même univers que les Chroniques d’Yshal ?
Tu as tout compris ! Il s’agit de la seconde série d'un projet qui englobe huit. C'était l’idée dès le départ, lorsque j'ai commencé la rédaction de la première trilogie, les Murmures du Shar. Les Chroniques d’Yshal seront huit trilogies placées dans huit mondes, chacun ayant son type de magie, sa couleur, son thème. Je préfère garder la surprise sur le détail des six prochaines. Je dirai juste qu'en ce moment, après la première série sur le monde souterrain, la magie noire et les mort-vivants; puis la seconde sur le monde du nord, la magie de l'eau et le thème industriel; je travaille sur la série du monde du sud, la magie rouge et les démons. Il est possible que les lecteurs connaissent déjà l'un des personnages principaux de l'histoire...
6. Qu’est-ce qui définit selon toi ton univers ?
La crédibilité. Un univers solide et cohérent, comme ses personnages. La force d’un écrivain est d’être capable de se mettre dans la peau de ses personnages pour les rendre crédibles et consistants, en plus d'être réellement attachants. Être capable de véhiculer des émotions dans un style épuré, je trouve ça assez puissant, et l'exercice n'est pas facile. De même, transmettre des valeurs et susciter des réflexions à travers un genre de l'imaginaire est, sinon l'un de mes secrets, l'une de mes aspirations profondes. L'imaginaire est dénigré en France, à tort. Les anglo-saxons ont bien mieux compris qu'on pouvait apporter culture et réflexion à travers une histoire "ludique" et agréable à lire au premier degré. En France, on considère que soit on éduque, soit on divertit, mais on ne peut pas faire les deux. Eh bien dans mes livres, les meilleurs lecteurs comprennent que telle problématique de tel personnage fait écho à tel sujet de société actuel, et en tirent des réflexions, des prises de recul. D'autres qui lisent plus au premier degré s'en rendent moins compte, mais le message passe tout de même auprès de leur inconscient. Et la consécration, c'est quand un lecteur remarque que tel personnage ou tel lieu est issu de telle mythologie, parce que non la fantasy ne sort pas tout de son chapeau, elle ne fait que recycler les mythes et légendes de notre monde! Nous autres auteurs passons un temps fou à nous informer sur tout et n'importe quoi ;)