Marco n’avait jamais été un client de son père et n’avait pas changé d’avis lorsque Lysandro avait repris la barre. Par contre, même s’il ne profitait pas de ses avantages, le bar de l’Orchidée était devenu un de ses endroits favoris où il appréciait venir boire un martini blanc.
Mais lorsque Emilia était arrivée, les résolutions du jeune homme avaient tout simplement volé en éclat et il avait exigé de son ami un contrat exclusif avec la jeune Amérindienne. Et ce fut avec un sourire narquois que le jeune homme lui avait fait signer les papiers d’exclusivité.
Le serveur arriva avec les deux coupes et les déposa sans un mot devant son patron. Ils burent en silence, les yeux gris de Lysandro rivés sur Emilia. Il était loin d’être idiot et aveugle et il se demandait quand est-ce que son amie, parce que la jolie brune était très vite devenue une amie, lui demanderait sa liberté pour pouvoir épouser Marco. Il avait du mal à comprendre pourquoi celui-ci payait encore pour la jeune femme alors qu’il était si évident qu’ils étaient fous amoureux l’un de l’autre.
– Aller file ! Je vais me faire engueuler si t’es pas prête à l’heure !
Emilia lui sourit avant de déposer un léger baiser sur sa joue et de filer dans sa chambre au cinquième étage.
*
C’était un des avantages des putains de ce club. Les chambres réservées aux clients s’étalaient sur les deux étages au-dessus du restaurant et les cinq étages suivant étaient exclusivement personnels. Aucuns clients n’avaient le droit de monter au-delà du deuxième étage sauf lorsqu’ils venaient pour la première fois. Lysandro recevait tous ceux qui souhaitaient devenir client dans son bureau à l’avant-dernier étage, le dernier étant son propre appartement.
Le trentenaire était très scrupuleux sur le profil de sa clientèle, se donnant jusqu’à plusieurs semaines pour enquêter sur le passé et les tendances de ses futurs clients. Il était hors de question qu’un seul de ses employés soit abîmés par un client un peu fêlé.
Il s’étira et bloqua, les deux bras en l’air. Une vive douleur dans l’épaule gauche lui rappela sournoisement qu’il venait de passer plus de 20 h dans un avion et regretta pour la peine que son bras gauche ne soit pas aussi artificiel que son bras droit. Il se massa prudemment l’épaule récalcitrante avant de songer à quelque chose de bien plus sympathique et excitant.
D’un claquement de doigt, il rappela le serveur. Le jeune garçon, un bel éphèbe blond aux yeux noirs, encore un peu jeune pour satisfaire les clients autrement quand leur servant à boire, s’avança jusqu’à lui.
– Monsieur désire ?
Lysandro détestait qu’on l’appelle « Monsieur » mais bon, il était le patron !
– Sais-tu si Akira est libre ce soir ?