C es choix cornéliens sont-ils communs, ou ne préoccupentils que quelques idéalistes? Quelle place demeuret-il pour la morale dans nos sociétés capitalistes, animées par la recherche courtermiste du plaisir? Comment rendre audible la voix faiblarde de l’ altruisme, alors qu’ elle est empêchée par la force tonitruante de celle du consumérisme et de la productivité? L’ être humain a beau avoir été défini dans l’ histoire de la philosophie comme un animal rationnel, faire surgir chez lui le souci moral semble être, face à un égoïsme naturel alimenté par la logique économique, une tâche vaine.
Celle ou celui qui accepterait de relever le défi de la consommation éthique devra se battre contre la nature humaine, contre son penchant égocentrique et contre la tentation d’ un aveuglement volontaire qui plonge dans d’ agréables illusions. Quelle est la probabilité de succès d’ une telle entreprise? Le discours moral peut-il être efficace?
Nombreux sont les philosophes qui se sont intéressés à la moralité. Pour Emmanuel Kant, les règles morales doivent s’ appliquer à tous de façon universelle, et ce sans exception aucune. Ainsi, vous pourriez vous sentir fier d’ avoir résisté à l’ appel d’ un burger gras et juteux d’ une enseigne de fast-food, mais cet acte de résistance doit être constant et régulier pour faire de vous quelqu’ un de vraiment moral. De plus, avez-vous refusé la tentation dudit burger par condamnation des conditions de production … ou en pensant aux calories qu’ il faudrait éliminer? Dans la seconde hypothèse, vous êtes loin de la moralité: pour le philosophe allemand, une action ne peut être jugée morale que si elle est animée d’ une volonté pure, dégagée de toute motivation extérieure. Bien essayé!
Agir
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