Acte de colloque : La pierre, un choix sociétal | Page 78

Compétences n ’ aurait pas fait dans le cadre d ’ une isolation par l ’ intérieur classique . On aurait plaqué cela sur les enduits . Il y a un côté assez satisfaisant : on est allé jusqu ’ au bout . On a vérifié son état et on a amélioré tous ces points , pour repartir pour une durée de vie très longue .
Une fois que l ’ on a fait cela , on va préparer la projection du béton de chanvre . Des encadrements sont faits en panneaux de laine de bois , car il y a des réseaux sur les murs . Ensuite , la projection du chaux-chanvre est faite par la machine , avec la chaux d ’ un côté et le chanvre de l ’ autre , et le mélange de paille , qui fait penser à du torchis .
Petite différenciation entre les interventions intérieures et extérieures : on n ’ a pas tout à fait les mêmes dosages en chaux . L ’ extérieur est un peu moins jaune que l ’ intérieur : c ’ est parce que l ’ on a plus de chaux dans les enduits qui sont un peu plus rigides , se tiennent un peu mieux et dans lesquels on peut faire des ( inaudible ) nature . On peut refaire un dessin d ’ enduit , ce qui n ’ est pas une solution possible avec des solutions en ITE . C ’ est très intéressant pour des façades patrimoniales .
Dès le début , on va s ’ interroger pour trouver le bon curseur pour intervenir . On est toujours dans cette logique : on fait de la pierre , avec une vraie qualité de façade . C ’ est vraiment un objectif du projet . Mais qu ’ offrons-nous aux personnes qui vont l ’ utiliser , qui vont vivre dans ce bâtiment ? Ce serait dommage d ’ avoir une notion de coupure : la pierre , c ’ est pour les zones dehors , mais à l ’ intérieur , débrouillezvous , c ’ est un bâtiment en béton . D ’ où la logique d ’ aller chercher des matériaux comme le béton de chanvre qui , associé à la pierre , va apporter de l ’ isolation et va conserver l ’ inertie de la pierre . On dit souvent que le béton de chanvre isole deux fois moins qu ’ une laine , mais isole tout de même , et cela conserve l ’ inertie d ’ une vieille maison en pierres .
D ’ un point de vue de continuité capillaire , cela se marie avec la pierre , car il n ’ y a pas de coupure de capillarité .
Voilà quelques images du projet ( voir illustration P4.12 ). Je m ’ excuse , il n ’ y a pas toujours les copyrights de Barrault Pressacco . Voilà les images des élévations , côté cour , et cette façade en pierre avec toute son élégance .
On enchaîne . S ’ il y a des questions , on les verra à la fin .
Un autre projet s ’ est fait , dans la continuité de notre côté , mais en construction neuve : un projet en pierre . Au départ , la pierre ne vient pas de nous , mais des architectes , qui nous disent : « On veut construire en pierre . On répond à un concours pour la RIVP . Le budget n ’ est pas ridicule et permet d ’ envisager des solutions constructives de qualité ». D ’ accord , on va faire de la pierre en neuf .
Au moment du concours , on se dit : « on va faire de la pierre comme on le fait aujourd ’ hui dans les bâtiments haussmanniens ». On ne va pas forcément isoler . On peut mettre un petit correcteur thermique , une pierre très épaisse , la plus légère possible et donc faiblement conductrice . Elle apportera une résistance thermique avec laquelle on va essayer de faire le bâtiment .
C ’ est un bâtiment courant à l ’ échelle parisienne : 1 500 mètres carrés en R + 6 . C ’ est une échelle de projet que l ’ on voit beaucoup à Paris . C ’ est encore pour la RIVP , en l ’ occurrence .
Cette parcelle présente une particularité . C ’ est un cas toujours assez classique à Paris , avec des façades mitoyennes . De part et d ’ autre , au niveau des pignons , quelques petites émergences assez minimes . L ’ orientation sur la rue est au nord-ouest , et sud-ouest côté cour , avec cette façade découpée . La parcelle , malgré tout , n ’ est pas trop dans l ’ ombre ; elle reçoit un peu de lumière . Cette répartition des façades est assez importante , dans le jeu d ’ équilibre au niveau du calcul des déperditions .
On répond au concours avec cette façade en pierres épaisses de 7 centimètres et cet enduit correcteur de 5 , et des planchers en béton . Peut-être que l ’ on se prémunit de proposer la solution trop innovante , et on garde un peu de sécurité en se disant que l ’ on va faire des planchers en béton ; c ’ est plus facile . Mais ce n ’ est pas la solution que l ’ on a développée ensuite , pendant les études .
Que s ’ est-il passé au niveau structurel ? On a énormément travaillé cette question des jonctions planchers-façades , au niveau thermique , pour trouver cet équilibre déperditif . Nous avons été obligés d ’ optimiser cette notion du pont thermique , tout simplement de ne pas trop minimiser l ’ épaisseur d ’ intervention sur les façades .
Le sujet ensuite des planchers sur les façades , au niveau structurel : on a eu tendance à durcir la pierre , à augmenter sa résistance à la compression . La pierre était donc un peu plus dure et un peu moins isolante . On a un peu réduit son épaisseur . On s ’ est arrêté à 30 centimètres , l ’ épaisseur minimale pour l ’ étanchéité à l ’ eau . Forcément , du fait d ’ une pierre un peu moins isolante techniquement , on a un peu augmenté l ’ épaisseur d ’ isolation intérieure en béton de chanvre . On est plus sur une notion d ’ enduit isolant , plutôt que sur de l ’ isolation comme dans le cas du bâtiment précédent .
Voilà ce détail de façade ( voir illustration P4.8 dans la synthèse ). Les planchers sont passés en bois , pendant les études , en CLT . C ’ est vraiment ce travail d ’ équilibre au niveau des déperditions qui nous a permis de ne mettre
78 COLLOQUE - LA PIERRE , UN CHOIX SOCIÉTAL