Acte de colloque : La pierre, un choix sociétal | Page 77

Compétences de condensation normalement , sauf effet de parois froides et excès d ’ humidité côté intérieur , ce qui peut arriver dans des pièces humides mal ventilées . On aura alors de la condensation de surface . Là , on va s ’ intéresser à une problématique de condensation dans l ’ épaisseur du mur . Avec un mur en maçonnerie , il n ’ y a pas lieu de s ’ inquiéter ; normalement , il ne va pas se dégrader dans son épaisseur .
Que se passe-t-il quand on doit intervenir pour isoler ? Nous avons deux solutions : intérieure et extérieure . La solution extérieure place le mur dans un niveau de chaleur plus élevée . Elle va donc se prémunir des problèmes de condensation . Avec la solution intérieure , on va créer un problème , car le mur va être plus froid et la vapeur d ’ eau qui va migrer dans l ’ isolant va se retrouver au contact d ’ une paroi froide et va condenser . Un point de rosée intérieur entre l ’ isolant et la maçonnerie est source de pathologies et de dégradations futures . D ’ où la nécessité de bloquer la valeur côté intérieur , de faire un mur étanche et de perdre cette problématique que l ’ on avait voulu garder initialement , avec notre mur perspirant . blocage vapeur . Il va gérer lui-même l ’ humidité dans son épaisseur . C ’ est propre au chanvre . C ’ est une particularité qui fait que , dans ce type de solution , on ne va pas mettre de frein vapeur .
Autre point , mais je vais peut-être m ’ y attarder sur le projet suivant : des questions de bilan carbone sur les matériaux biosourcés . Vous avez l ’ intervention sur les différents corps d ’ état , avec différents matériaux . Ce sont des études qui , chez nous , datent un peu ( 2015 ). Il n ’ y avait pas la RE2020 ni les méthodes de calcul , mais cela reste à peu près la même chose . Ce qui a beaucoup changé , ce sont les données environnementales et sanitaires ( CES ), avec des valeurs différentes pour les matériaux biosourcés .
Quand on fait une réhabilitation , on améliore la performance thermique au niveau des consommations . L ’ état initial des consommations est en gris ( voir illustration P4.11 ), que l ’ on va chercher à réduire pour atteindre le facteur 4 , que l ’ on avait en tête il y a quelques années . On court après , année après année , mais peut-être qu ’ un jour , on arrivera à l ’ atteindre .
Je vais encore parler un peu plus précisément , pour parler des comparatifs entre les solutions . À gauche , nous avons le mur existant , avec un dégradé de températures dans le mur assez homogène , linéaire , du fait que l ’ on a un matériau homogène . Ce sont des calculs de ponts thermiques . Cela permet de voir les évolutions de température dans le mur .
Dans cette image ( voir illustration P4.10 ), il fait 0 ° C dehors et 20 ° C dedans . On voit la problématique de température de surface à gauche , avec nos 15 ° C qui peuvent créer de la condensation si le point de rosée est atteint . À droite , on a les deux solutions . Celle du milieu est la solution avec de la laine plutôt traditionnelle ( laine minérale ou laine de bois ). En termes de résistance thermique , c ’ est une laine souple d ’ isolation .
À droite , nous avons la solution du projet . J ’ utilise souvent cela pour montrer le différentiel . On voit l ’ effet de paroi froide à l ’ intérieur de la maçonnerie , qui peut créer la problématique du point de rosée , que l ’ on a moins à droite avec la solution béton de chanvre . Le mur de maçonnerie va être dans un climat un peu plus dur que la solution de droite , peut-être soumis à des cycles gel-dégel plus importants . À terme , cela pourra créer un peu plus de pathologies au niveau des joints , par exemple . Ce sont des choses que l ’ on ne va pas forcément avoir sur le papier immédiatement mais qui , sur le long terme , peuvent poser des problèmes .
À droite , cette solution un peu plus intégrée , avec des matériaux en correspondance . La particularité du béton de chanvre est que , en isolation intérieure , on ne va pas mettre de
En bleu , ce sont les émissions liées au chantier . On investit pour améliorer les performances : on dépense aussi du carbone . On va essayer de contrôler non seulement ce que l ’ on va gagner , mais aussi ce que l ’ on va investir .
À l ’ époque , on ne faisait pas cela , car il n ’ y avait pas les réglementations d ’ aujourd ’ hui . C ’ est ce que nous faisons désormais avec la RE2020 .
Le recours aux matériaux biosourcés permet de revenir sur cet impact et d ’ atteindre les niveaux de facteurs que l ’ on souhaite obtenir , notamment les facteurs 3 , voire 4 .
Quelques images du projet assez importantes : c ’ est la reprise des planchers et les jonctions avec les planchers . La structure principale a été reprise par une grosse poutre en métal , ce qui est assez lourd dans le poids carbone .
Pourquoi est-ce intéressant ? On ne va pas mettre en œuvre ce type de matériau sur les enduits existants , mais on va purger , gratter des murs , enlever les enduits intérieurs et extérieurs pour retrouver la maçonnerie . On va pouvoir aussi vérifier qu ’ elle est en bon état , qu ’ il n ’ y a pas de dégradation des joints . On a découvert une structure qui n ’ était pas forcément celle envisagée au départ . On avait quelques piles maçonnées à certains endroits et des remplissages en moellons , et des interventions déjà passées , avec quelques tirants accrochés dans les façades pour venir reconsolider l ’ ensemble . On a aussi fait des cerclages à différents niveaux pour bien consolider le bâtiment .
On a cette notion de curer , purger , assainir le bâtiment , jusqu ’ à la maçonnerie , ce que l ’ on
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