Acte de colloque : La pierre, un choix sociétal | Page 79

Compétences que 10 centimètres de béton de chanvre sur une façade en pierres .
Le contexte réglementaire est assez important : on est en RT2012 à ce moment-là , avec le Plan Climat . Pour le neuf , c ’ est 50 kilowattheures par mètre carré . Il y a toujours ces objectifs de la Ville de Paris . La différence entre la RT2005 et la RT2012 , c ’ est l ’ introduction du calcul du Bbio , qui a permis de s ’ affranchir des gardefous qui étaient obligatoires dans la RT2005 . Dans la RT2005 , on devait un R minimum des murs , ce qui n ’ était plus le cas en RT2012 ni en RE2020 . Bbio , c ’ est le calcul de la performance thermique dans la globalité de l ’ enveloppe . Ce sont les besoins de chauffage bioclimatiques , au niveau de la globalité de l ’ enveloppe .
On a donc pu aller chercher des solutions d ’ isolation qui n ’ étaient pas forcément dans les valeurs de résistance thermique dans la RT2005 . Tant que l ’ on répondait à l ’ objectif global , on avait cette liberté . On n ’ aurait pas pu le faire quelques années auparavant avec la RT2005 . Voilà l ’ intervention sur la pierre avec du béton de chanvre .
Ce petit diagramme , que j ’ avais fait à l ’ époque pour vérifier des choses ( voir illustration P4.13 )… J ’ ai parlé beaucoup de notion d ’ enveloppe , de pont thermique et de calcul de déperdition . Il y avait aussi cette notion assez importante d ’ équilibre global du bâtiment dans sa parcelle , en prenant en compte ce que chaque façade allait perdre et gagner , au niveau thermique et solaire , en l ’ anticipant en amont des calculs réglementaires pour essayer de dimensionner l ’ intervention sur les façades , toujours dans cette logique d ’ optimisation .
Voilà cette logique de calcul de déperdition , avec les différents postes constituant les éléments de l ’ enveloppe ( voir illustration P4.14 ) : les murs en bleu , à gauche , les toitures et les planchers bas à côté , puis les vitrages , qui vont être « compensés » par les apports solaires . Tout ce qui est locaux non chauffés est en rose , les ponts thermiques en jaune , et la ventilation . On voit bien ces rapports très évolutifs , notamment entre le bleu de gauche et le jaune de droite . C ’ est une balance que l ’ on fait . On peut surisoler les murs , mais cela fait grimper les ponts thermiques . C ’ est vraiment cet équilibre que l ’ on cherche à trouver .
Quand on est dans un bâtiment ( inaudible ), le bleu peut être très élevé . Ce qui compte , c ’ est de réduire cette valeur . Mais la diviser par deux encore et encore , à un moment , ne va plus rimer à grand chose . On voit bien déjà la part que cela occupe dans les déperditions globales . On va être sur un rapport de 20 à 30 % de déperdition , ce qui est beaucoup pour ce projet qui est peu isolé en façade . Quand on divise encore cela par deux , on voit bien cette notion de rapport dans lequel on se situe , en sachant que cela ne représente jamais que 40 % des consommations générales des 50 kilowattheures .
Ce curseur du R ne va jouer que sur 5 % des consommations globales . Être bloqué dans un projet avec ce curseur , c ’ est dommage . Il faut vraiment voir tous les problèmes les uns à côté des autres pour arriver à trouver la solution juste . Ce qui compte , quand on fait de la pierre , c ’ est d ’ apporter la bonne solution thermique . À la fin , c ’ est ce qui fait la qualité climatique du projet .

Ce qui est intéressant , c ' est la température à l ' intérieur de la pierre : elle est hyper stable .

La pierre coûte cher . C ’ est un matériau de qualité . Le chanvre , c ’ est aussi un peu plus cher qu ’ un isolant . On est forcément dans cette équation très ténue entre le bilan économique et les objectifs à atteindre .
On a donc regardé chaque façade et calculé le rapport entre l ’ apport solaire et la déperdition , pour jouer sur ces curseurs au moment de la conception et trouver la valeur d ’ isolation qui va nous permettre de répondre à la question .
Et ces questions de bilan carbone , qui sont les mêmes conclusions qu ’ avant .
Je vais parler rapidement du dernier projet . Ce dernier projet est un petit bâtiment assez classique en R + 3 .
Je voudrais montrer rapidement la notion de capacité thermique de la pierre . On a instrumenté le béton de chanvre dans l ’ intérieur du mur . C ’ est exactement comme dans la Huchette , sauf que l ’ on a mis des capteurs . Dans ces diagrammes ( voir illustration P4.15 ), on voit les données dans le cadre d ’ une journée chaude et froide : début d ’ hiver en haut et été en bas . On voit cette première épaisseur du mur en pierre de 50 centimètres , puis le doublage en béton de chanvre . On voit les évolutions de température sur une journée .
La température extérieure va varier , en haut , entre 12 et 20 ° C . On voit ensuite l ’ évolution de température aux différents points de mesure : le nu intérieur de la pierre et deux capteurs dans le béton de chanvre . Ce qui est intéressant , c ’ est la température à l ’ intérieur de la pierre : elle est hyper stable . C ’ est la qualité très marquante , au
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