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13 24H LE MAG ÉCONOMIE

© J.-L. Lamaère / SETF MARCHÉ DES " RÉCLAMERS ", UN PILIER ÉCONOMIQUE À PART ENTIÈRE

Est-ce que les différents potentiels acheteurs des dix-huit courses à réclamer entre samedi et lundi derniers se sont dits qu ' eux aussi allaient peut-être se rendre acquéreurs d ' un futur ou d ' une future gagnante de Groupe 1 comme Emeraude de Bais? Fort probablement, certains ont dû y songer quand ils ont glissé leur bulletin de réclamation dans les boîtes dédiées à cet effet sur les hippodromes de Maurede-Bretagne, Agen, Bihorel-lès-Rouen ou encore Châtillonsur-Chalaronne. Le fait que plus de trente chevaux ont changé de mains en l ' espace de soixante-douze heures montre le potentiel de ce marché des réclamers qui répond ainsi à une demande et pourrait se développer selon Rodolphe Hamon et Philippe Barbier, deux acteurs et très bons connaisseurs qui nous font partager leurs perceptions.

Q uelle meilleure publicité pour les courses à réclamer que la victoire d ' Emeraude de Bais( Repeat Love) dans le Grand Critérium de Vitesse de la Côte d ' Azur( Groupe 1)? " Une " Emeraude de Baie ", il y en a une tous les trente ans, mais on voit que c ' est possible ", relativise Rodolphe Hamon( Écurie Initial) à propos d ' un marché dont les chiffres publiés dans le Bilan d ' activité 2024 publié en ce début d ' année par la SETF( voir nos graphiques dans les pages suivantes) montrent qu ' il est sur une tendance baissière- autant le nombre de courses( 337 vs 351 en 2023) que le nombre de chevaux achetés( 585 vs 702)- après un pic dans les saisons qui ont aussitôt suivi la crise sanitaire du Covid. En 2022, il a ainsi été acheté 772 trotteurs à réclamer, un chiffre jamais observé au cours des quinze exercices précédents.

Une tendance baissière à la suite d ' un pic d ' après-Covid Mais davantage qu ' un ou une potentiel( le) gagnant( e) au plus haut niveau, les investisseurs recherchent avant tout des chevaux avec lesquels ils savent qu ' ils pourront aller aux
courses dès la semaine suivante à un prix d ' acquisition abordable. " Les réclamers sont la première porte ouverte pour devenir propriétaire, soutient Philippe Barbier. Vous avez tout de suite un cheval de course, contrairement à un yearling avec lequel il faudra attendre, passer les épreuves de qualifications, sans avoir d ' ailleurs la certitude de pouvoir aller aux courses. Il y a bien sûr aussi des risques d’ échec mais, au moins, vous avez une grande possibilité d’ aller aux courses à très court terme et à moindre prix." Le dynamisme de l ' activité de ce marché lors du week-end dernier( 32 achats avec une fourchette d ' acquisition de 4.100 à 15.111 €) tient aussi en partie à sa périodicité. À la sortie du meeting d ' hiver de Vincennes et alors que la saison dans les régions reprend, les potentiels acheteurs sont nombreux pour tenter de dénicher si ce n ' est la perle rare, au moins le cheval avec lequel ils pourront aller aux courses régulièrement grâce à la multiplication des réunions. Pour autant, de l ' avis des deux observateurs fins connaisseurs que nous avons sollicités, trouver un cheval à acheter un réclamer n ' est pas si facile, avec le sentiment d ' une frilosité des vendeurs beaucoup plus marquée qu ' au galop. Les deux estiment que le marché mériterait de se développer pour favoriser l ' arrivée de nouveaux investisseurs et d ' être plus et mieux exposé. " Je vois toujours les mêmes acheteurs à réclamer et les mêmes vendeurs, note ainsi Rodolphe Hamon sur l ' évolution de ce secteur d ' activité. Les gens que j’ ai vus dimanche à Bihorel, ce sont ceux que je vois tous les ans à cette période."
Les chiffres de 2024
◆ 337 courses
◆ 585 chevaux réclamés
◆ 12,54 partants / course
◆ 10.347 € le prix moyen de réclamation
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