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Nos sociétés numériques hyperconnectées utilisent de plus en plus de minerais et métaux rares pour leurs infrastructures . Un seul smartphone est fait avec 30 métaux rares différents , dont beaucoup de cobalt . Alors que les réserves terrestres s ’ amenuisent , les industriels se tournent maintenant vers les fonds marins , qui débutent à plus de 200 mètres de profondeur .
En couvrant 65 % de sa surface , les fonds marins sont le plus grand écosystème de la planète , et aussi l ’ une des dernières zones inoccupées par l ’ humain . Leurs sols recèlent de nodules polymétalliques ( gros cailloux contenant plusieurs métaux ), de minerais et de terres rares .
Or , en plus d ’ abriter des espèces uniques au monde , les fonds marins ont un rôle crucial dans l ’ équilibre écosystémique planétaire . La communauté scientifique craint donc que le deep sea mining , l ’ exploitation minière des fonds marins , réduise la capacité de l ’ océan à séquestrer le carbone et émettre de l ’ oxygène . Quant au bruit des excavatrices , il pourrait perturber gravement la faune marine , cétacés en premier . « Les profondeurs marines sont un habitat dans lequel tout , absolument tout , se passe très , très lentement . Les traces laissées par un équipement en provenance des premières expéditions dans les fonds marins dans les années 80 sont encore visibles à présent comme si elles avaient été faites hier . Il faut un million d ’ années aux nodules de manganèse , ces pépites de métal précieux du fond des océans , pour grandir ne serait-ce que de 5 à 20 millimètres . Tout ce qui est détruit ne se régénérera pas avant longtemps , et peut-être même jamais . », avertit la Fondation Heinrich-Böll- Stiftung dans son atlas 2018 sur l ’ Océan .
En octobre 2022 , la compagnie canadienne The Metals Company a fait un premier test à
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4,3 km de profondeur pendant 1 mois durant lequel elle a extrait 3 600 tonnes de nodules polymétalliques . Les scientifiques missionnées par l ’ entreprise ont révélé que cette dernière a rejeté des sédiments toxiques dans l ’ Océan , créant un scandale .
Un moratoire de l ’ exploitation minière
Désormais , le temps presse . Les premières demandes d ’ exploitation pourront être déposées dès juillet 2023 auprès de l ’ Autorité internationale des fonds marins ( AIFM ) par TMC et l ’ État insulaire de Nauru . Et ce alors qu ’ un code minier est encore en cours de rédaction .
Face à la précipitation des industriels , ONG , institutions internationales et scientifiques exigent un moratoire pour empêcher toute exploitation minière pendant au moins 10 ans , le temps que les scientifiques puissent mieux connaître les impacts que pourrait avoir une telle industrialisation des fonds marins . 14 pays soutiennent officiellement cette demande , dont la France , deuxième puissance maritime au monde .
« Au-delà de ces positionnements officiels , de nombreux pays-clés sont réticents comme la Belgique , le Portugal , la Suisse , les Pays-Bas , la Jamaïque . Face au danger environnemental , les investisseurs se retirent les uns après les autres . On a désormais bon espoir que les demandes d ’ exploitation soient refusées en juillet » précise Anne-Sophie Roux , activiste pour les fonds marins , au sein de Sustainable Ocean Alliance et Look Down Action .
Tout n ’ est pas gagné pour autant . Les prochaines négociations sur le code minier auront lieu lors de l ’ AG de l ’ AIFM en juillet , date à laquelle les 167 gouvernements membres de l ’ Assemblée devront décider d ’ un possible moratoire , ou pas .
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