Sud-Ouest / ENVIRONNEMENT en février par la Région Nouvelle-Aquitaine , dont le Président Alain Rousset est l ’ un des fervents défenseurs du GPSO . Plusieurs collectivités ont refusé d ’ y participer ( les départements du Lot-et- Garonne et de Gironde et la Communauté d ’ Agglomération du Pays Basque ), tandis que d ’ autres , comme les Pyrénées-Atlantiques et Dax , ont consenti à une participation plus faible que prévue . L ’ affaire n ’ est pas finie . Deux recours ont été lancés pour faire annuler le plan de financement : l ’ un citoyen porté par plus de 100 associations et 70 particuliers , et l ’ autre par 81 élus . En cause : la hausse inconnue du coût annoncé , une estimation sur laquelle SNCF réseau refuse de s ’ engager , laissant aux collectivités la charge de tous les potentiels dépassements budgétaires . Pour Alain Rousset , interrogé lors du vote du financement à la communauté de communes MACS : « La LGV à Bordeaux a enrichi considérablement le secteur de la gare , les prix du foncier ont explosé . C ’ est donc normal qu ’ il y ait un financement payé par ceux qui vont bénéficier de cette future LGV . »
Des prévisions de trafic optimistes
Selon l ’ élu , elle permettrait de mettre fin au « mur de camions » qui va de l ’ Espagne à la France avec le report estimé de 2 000 camions par jour sur le ferroviaire . Or , son coût ne serait pas forcément plus avantageux que la route pour les entreprises . Après 20 ans de LGV en France , le fret ferroviaire ne pèse toujours que 9 % dans le pays , bien moins que la moyenne de 18 % dans l ’ UE . Même la Cour des comptes européenne , dans son rapport sur les mégaprojets transfrontaliers en 2020 , dénonçait « l ’ optimisme des prévisions de trafic » des projets LGV qui conduit à des choix socio-économiques dévastateurs .
Plutôt rénover l ’ existant que favoriser la LGV
« Que les régions et les départements restent dans leurs compétences ! Qu ’ elles financent les petites lignes plutôt que de grands projets nationaux : ce sont les cadres pressés qui veulent aller d ’ une métropole à l ’ autre le plus vite possible . Se déplacer 30 à 45 minutes pour se rendre à une gare va juste augmenter le temps de trajet des locaux : il faut rénover les réseaux existants plutôt que favoriser la LGV qui va impacter les territoires , exproprier certaines personnes et détruire des zones humides , des forêts et des terres agricoles ! » affirme Eliane , membre du CADE ( Collectif des Associations de Défense de l ’ Environnement du Pays Basque et du Sud des Landes ).
LA RELÈVE ET LA PESTE
Maison d ’ édition et média 100 % indépendants à la ligne éditoriale humaniste et écologiste , La Relève et La Peste s ’ autofinance avec la vente de leurs livres . Parmi les derniers , Guide pour faire échouer les projets contre- ( la ) -nature de François Verdet .
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La LGV artificialiserait plus de 6 300 ha dont 1 500 ha de terres agricoles , 3 300 ha de forêts , et 370 ha de zones humides . Avec 13 sites Natura 2000 traversés , 413 espèces végétales et animales , dont 197 protégées , seraient touchées par le projet .
Pour trier le vrai du faux , les membres du CADE sont devenus des spécialistes ferroviaires , ont noué des liens avec les cheminots et siégé à l ’ Observatoire des Trafics pour connaître le nombre réel de trains . Loin de désenclaver les communes rurales , cette LGV risque d ’ accentuer le phénomène de gentrification en cours et scinder certaines villes comme Bénesse-Maremne ou Mouguerre .
Regroupés sous le nom d ’ Alternative LGV , les opposants réclament une alternative à ce projet coûteux : la modernisation et rénovation des lignes existantes . « Aujourd ’ hui , il nous faudrait un train à 200 km / h qui s ’ arrête dans les gares moyennes , comme l ’ a dit Emmanuel Macron en 2017 avant de se dédire . Le TGV est un train qui tue le train ! Nous , on a fait des manifs avec les cheminots , on s ’ est couchés sur les rails avec eux . Nous ne sommes pas des riverains qui veulent préserver leur bout de jardin . » explique Victor Pachon , membre du CADE .
Coût estimé de cette rénovation : entre 4,6 et 7,3 milliards d ’ euros selon les études , une différence substantielle par rapport aux 14,3 milliards prévus pour la nouvelle LGV . La bataille est donc loin d ’ être finie , tant ce projet titanesque regroupe à lui seul tous les maux sociétaux et écologiques que la population française a de plus en plus de mal à accepter , avec de grands élus déconnectés des préoccupations de leurs administrés . S ’ il se lance , le projet ne verra pas le jour avant 2035 .
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