© Laurie Debove
LA FORÊT DE HIGAS
Naturelle et sauvage
foretdehigas . fr foretdehigas
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On est là pour réussir à faire avancer la cause . Tant que l ’ on peut vivre et donner , on le fait .
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7 hectares de forêt comestible accueillant arbres , arbustes , buissons , aromatiques , légumes , animaux , c ’ est l ’ ambitieux pari de Yoann Lang avec la forêt de Higas à Estibeaux dans les Landes . Reconverti en exploitant agricole depuis 2020 pour développer ce projet selon les principes d ’ agroforesterie , il s ’ engage pour « une agriculture naturelle et sauvage . On s ’ inspire de la nature et non l ’ inverse comme les exploitants traditionnels . On adapte nos cultures à ce que la nature y ferait pousser naturellement . On ne transforme pas la zone , c ’ est un système plus résilient . » Comme dans une forêt naturelle , Yoann a imaginé la forêt de Higas en plusieurs zones : « des clairières , plus lumineuses pour le maraîchage , des zones forestières plus denses entretenues par nos poulets , et le long des chemins , des fruitiers . » Avec la priorité aux espèces locales : « Le but n ’ est pas de transformer la biodiversité donc on part des arbres endémiques locaux , acacias , chênes pédonculés , châtaigniers . Et on introduit des variétés fruitières afin d ’ avoir une grande diversité . » Avec une majorité de fruitiers francs , c ’ est-à-dire issu de semis ou de bouture , et non greffés : « Des produits plus aléatoires , en taille et en goûts . Mais on peut retrouver des goûts que l ’ on ne connaît plus . Avec une petite partie d ’ arbres greffés pour assurer une certaine rentabilité . »
Une forêt circulaire
La forêt de Hibas imaginée par Yoann ne s ’ arrête pas aux 60 000 arbres , arbustes et buissons qui vont être plantés . « Des animaux seront là pour entretenir les parcelles . Pour être autonome en eau , un bassin recueillera les eaux de pluies . ». Pour combler les attentes des consommateurs habitués à consommer des aliments produits à des milliers de kilomètres , Yoann a imaginé une grande verrière photovoltaïque qui allie production énergétique et alimentaire : « On consomme des choses par habitude mais on ne sait pas où ni comment ils sont produits . Dans cette serre , on prévoit de produire avocats , thé , café , agrumes . Ainsi que bananes et cacao même si c ’ est plus expérimental car il faut une température constante de 12 ° C pour ces plantations . On va essayer ! »
La forêt de Higas est également engagée dans le zéro déchet : « La production de fruits et légumes sera vendue sur place ainsi que dans des magasins . Et nous projetons d ’ avoir un laboratoire pour transformer les invendus . Afin de ne rien jeter et en faire profiter les particuliers mais aussi des associations , des banques alimentaires . Nous pourrions aussi transformer d ’ autres types de productions comme l ’ ortie , le lin , tout est valorisable . J ’ aime ce crédo de l ’ association Humans by Nature : Les déchets des uns sont les matières premières des autres . »
Une exploitation sociale
Plus qu ’ un projet environnemental et sanitaire , Yoann envisage la forêt de Higas selon un principe d ’ économie sociale et solidaire : « Nous ne sommes pas là pour faire des bénéfices . L ’ exploitation pourrait faire vivre 10 personnes . » Cette solidarité a déjà démarré il y a 1 an avec la mise en place d ’ une déchetterie verte : « On n ’ a pas de déchetterie à Estibeaux , les premières sont à 8 km . Cela rend service aux élagueurs , aux paysagistes et à quelques particuliers . On a déjà 500 m 3 de végétaux prêt à être étalés pour servir de support de culture . Pour l ’ instant , nous le transformons en compost pour nous . Le surplus ne sera pas vendu mais donné . On est là pour réussir à faire avancer la cause . Tant que l ’ on peut vivre et donner , on le fait et le compost en fait partie . »
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