Vos Projets magazine N° 3 Vos Projets N3 | Page 37

A travers les saisons, nous partirons à la découverte de diverses résidences. Aujourd’hui, nous vous ouvrons, sur les hauteurs d’un village des Alpilles, les portes d’une demeure moderne pleine de rêves, ceux d’Angie Anakis, Designer et Architecte d’intérieur et de son mari. “Il devait se reposer sereinement, le dos contre le mur où était encore restée la chaleur du jour, exposant une seule joue aux jets de lumière du crépuscule, avec ses couleurs légères et chatoyantes comme le battement d’ailes d’une abeille” Kenzaburô Ôé - Prix Nobel de littérature 1994 Durant l’été 1987, après une année intense de travail, nous avons décidé de venir nous reposer dans le sud de la France. Un matin, las de cette vie trépidante et de la froide lumière parisienne, nous avons emprunté l’autoroute qui nous mena dans un charmant hôtel à Maussane-les- Alpilles. Les rencontres du hasard nous ont permis d’apprendre à connaître les gens du village, à découvrir les paysages magnifiques de cette région, la beauté de la lumière. Ce véritable bien-être a fait naître en nous le désir de revenir plus souvent vers ce nouvel horizon. Les jours, les semaines et les années passant , mon mari a eu envie d’acquérir une maison dans un endroit plus calme qu'à Paris. Au début, j’étais réticente, il m’a fallu explorer toutes les possibilités positives et négatives pour me faire changer d’avis et accepter d’acquérir une demeure à notre image. Je désirais un terrain surplombant la plaine pour le plaisir de découvrir l’in- tensité d’un décor. Après maintes dif- ficultés nous avons trouvé une petite maison sans trop de style, un peu chancelante, sur sa terrasse qui penchait, posée sur un sol d’argile, mais avec un emplacement comme nous le rêvions et une vue magnifique sur le village, qui fut un véritable enchantement poétique. LA MAISON PERCHÉE D’ANGIE fallu que je travaille au nord sur les murs de soutènement avec des drains. Les mouvements de gonflements et de rétractions dus au terrain argileux, m’ont obligée à poser la maison sur pilotis et la piscine sur des pieux. J’ai été l’architecte de mes rêves, ma priorité était de faire une maison qui existe de l’intérieur mais je me suis davantage préoccupée de la vue, des échanges entre le dehors et le dedans, en installant de multiples portes vitrées. Mon projet fut d’imaginer des «tableaux sur le paysage» et de réaliser dans toutes les pièces des ouvertures de la même importance (celle de la salle de bain est aussi grande que la baie de la chambre) tout en donnant un rythme, une régularité, une unité graphique et architecturale des fenêtres correspondant à ce que l’on désire voir lorsque l’on est à l’intérieur de la maison. Dans un premier temps, j’ai choisi de la transformer simplement en recouvrant les murs d’une couleur blanche qui réfléchissait la lumière, d’acheter quelques meubles esthétiques pour donner une vie dans ce lieu, le temps d’économiser afin de construire notre future résidence parmi ce paysage généreux. Le jour où nous avons pu bâtir, en raison de l’effondrement du terrain, des fissures dans le mur, cette petite maison ordinaire a été détruite. Le chantier n’a pas été de tout repos, son terrain tout en longueur, m’a imposé des contraintes précises, qui m’ont obligé à faire des concessions en envisageant différem- ment la profondeur de la maison. Afin d’éviter des fuites, il a Cette habitation est celle de notre vie, elle est constituée de deux blocs, l’espace privatif à l’étage et en bas pour la famille, les amis, se trouve un appartement complètement indépen- dant, sans communication interne entre les 2 niveaux. J’ai imaginé une bâtisse écologique, sans isolation extérieure, 37