l'heure du docteur
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Déjà, elle vous donne une impression de malaise qui vous permet d'avoir immédiatement de l'empathie pour Clara. Ensuite, elle est magnifiée par le jeu très inquiétant de Capaldi, qui accentue cette notion d'étrange : c'est une des rares fois où j'ai véritablement senti toute la bizarrerie du principe de régénération, au lieu de le prendre pour acquis. C'est au moins une fin qui se fait sur une note tout à fait positive !
Un épisode bilan, ou un épisode best-off ?
Vous l'aurez compris, mon avis sur «L'Heure du Docteur» est assez tranché. L'épisode a certes quelques qualités, mais elles ne parviennent pas à contrebalancer les défauts énormes qui sapent sa base. Je pense que le défaut principal est celui-ci : vouloir à la fois régler 3 ans d'intrigue ET proposer une régénération sur une heure de temps est juste foutrement impossible. Et je ne comprends pas comment cette évidence a pu filer sous le nez de Moffat.
«L'Heure du Docteur» se veut être un épisode-bilan, qui règle enfin toutes les questions posées par l'ère Smith pour offrir une page vierge sur laquelle écrire l'ère Capaldi. L'intention est louable, mais Steven Moffat se perd très vite sans ses propres incohérences. Ne pouvant que bricoler une théorie franchement peu solide, il tente naturellement de dynamiser l'épisode en y mettant tout ce qu'il a : église volante, Sontariens, Daleks, Anges Pleureurs, Cybermen, Silence, Gallifrey, c'est une vraie foire aux monstres. Sauf que du coup, on passe du bilan à une liste. Et c'est là une différence fondamentale.
On dirait que Moffat a en fait voulu rendre un «hommage» aux trois années de son Docteur en y mettant toutes les menaces emblématiques : imaginez la densité de la chose, il était totalement illusoire de penser que toutes ces créatures pourraient jouer un rôle. Les Anges à titre d'exemple sont là pour un caméo, ni plus ni moins : on les voit une minute à l'écran, ils sont une menace visible pour Trenzalore... puis on n'entend quasi plus parler d'eux. Pourquoi les faire intervenir, alors ? Je pense personnellement qu'il ne faut pas contenter de montrer, il faut utiliser, surtout quand vous êtes sur quelque chose d'aussi rempli. Si ce n'est pas nécessaire, zappez et restez simple. L'épisode s'apparente au final à un Best-off un peu bizarre, et franchement pas nécessaire.
Une intrigue qui passe au second plan
Autre problème posé par la structure de l'épisode : la prévisibilité de son dénouement. On sait que le Docteur va fatalement survivre. On sait qu'il va réussir à trouver quelque chose pour contourner la loi des 12 régénérations. On sait qu'il va survivre à Trenzalore. Bref, on connaît déjà en substance l'épisode avant même de l'avoir vu, ce qui rend les choses passablement ennuyeuses. Dans «La Prophétie de Noël», la régénération était incluse dans un cadre tout à fait différente. L'aventure n'était pas liée au fait que le Docteur allait se régénérer, et les quatre-coups annonçant sa mort étaient pour le coup totalement imprévisibles. En bref, on suivait une véritable histoire indépendante, tandis que dans L'Heure du Docteur tout tourne autour de la mort prochaine de notre héros, qu'on sait cependant impossible. Et le public britannique ne s'y est pas trompé : chose inédite pour un épisode de régénération, environ deux millions de téléspectateurs ne se sont connectés à leur TV que pour les cinq dernières minutes, celles mettant en scène Capaldi.
Ma conclusion est simple : le drame de L'Heure du Docteur n'est pas tant son intrigue incohérente, c'est un souci auquel on est habitué depuis quelques temps. Le drame, c'est qu'il n'a pas lieu d'exister. Non seulement il n'a pas de véritable histoire à raconter (comme je le disais, la fin est prévisible dès le départ), mais en plus les théories qu'il met en place auraient largement pu être traitées dans les deux épisodes précédents, où elles auraient eu bien plus de sens. (Le Nom du Docteur pour Trenzalore, Le Jour du Docteur pour la question des régénérations – qu'on aurait pu carrément éviter).
Et c'est là une configuration assez inédite et dramatique : qu'un épisode n'ait pas lieu d'exister est déjà triste en soi, mais que dire quand l'épisode en question est censé faire les adieux d'un Docteur ? Même s'il est vrai que l'ère Smith a été extrêmement polémique et pas forcément réussie sur tous les plans, le 11ème Docteur méritait de partir en grande pompe. Il n'y a finalement pas eu énormément d'émotion véritable qui s'est dégagée sur cet épisode, dont les secondes les plus originales sont finalement dédiées à l'apparition de Capaldi. L'Heure du Docteur a été clairement une grosse déception pour beaucoup de fans, et ce n'est que trop compréhensible. On lui reconnaîtra juste le mérite d'avoir laissé au 12ème Docteur une feuille de route vierge, qui sera remplie, on l'espère, un peu plus habilement dans les temps à venir.
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BYE BYE BOWTIE