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L'homme débraillé, bonne nuit
Amy Pond, majestueuse et dans la force de l'âge, vient lui souhaiter bonne nuit...
Pire encore, ils ouvrent une immense faille dans le ciel pour donner au Docteur les régénérations dont il avait besoin... mais ne passent pas ! Ils restent bien au chaud dans leur Univers de poche alors que l'épisode ENTIER est basé sur le fait qu'ils veulent revenir dans l'Univers principal.
Pourquoi ? Pourquoi ce changement soudain d'avis alors qu'ils viennent à priori d'avoir une réponse qui les satisfait (même si on ne voit pas en quoi ?)
Le cirque qui entoure ces nouvelles régénérations inespérées est aussi très agaçant. Autant il est amusant de voir le 11ème Docteur s'exciter tout seul au sommet de l'église (Matt Smith qui fait du pur Matt Smith, ça vaut toujours le coup d’œil), autant la régénération d'une puissance telle qu'elle fait exploser tous les Daleks alentour et créée même une onde de choc sur la planète... c'est un peu ridicule. Et ça l'est d'autant plus que si le Dalekanium supporte visiblement assez mal la force dégagée, les bâtiments de pierre où se sont réfugiés les habitants, eux, se portent encore très bien. A croire que c'est sélectif…
Place aux jeunes !
Reste le moment que tout le monde attend, celui de la Régénération. A l'inverse de celle du 10ème Docteur, qui se faisait dans la peur, la peine et les regrets, celle du 11ème se fait après une victoire, et de façon bien plus sereine. Cette fois, il n'a pas peur de ce qui arrive, et accepte volontiers ce changement. C'est pour le coup une notion intéressante, même si le discours dure des plombes et ressemble justement trop à un discours alors qu'il est censé être une pensée improvisée. On sent peut être trop les paroles de Moffat et Smith et pas assez celles du Docteur, mais il y a du fond et du vrai des ces mots. L'idée de symboliser cet au revoir par la chute du nœud-papillon emblématique est également, très bien, même si le ralenti était sans doute de trop.
Moins réussie est l'intervention d'Amy. Les hallucinations avant régénération sont un concept déjà exploité avec le 5ème Docteur, dont les adieux sont assez déchirants il faut bien l'admettre. Dans le cas du 11ème, c'est bien trop grandiloquent pour être réellement émouvant. Je considère personnellement qu'une émotion forte est une émotion «pudique», qui n'est pas exposée en grande pompe mais dont on sent néanmoins toute l'intensité.
Ici, l'arrivée au ralenti d'Amy sur fond d'orchestre déchaîné ne convint pas, et si je comprends bien sûr tout le symbole qu'elle représente, je trouve dommage que Clara, Rory et River soient pour le coup totalement oubliés.
Bref. Après cela, Capaldi apparaît de façon véritablement inattendue sur une seconde de temps. Beaucoup de gens n'ont pas aimé la rapidité de cette transition, mais pour ma part je la trouve bien vue.
Déjà, elle vous donne une impression de malaise qui vous permet d'avoir immédiatement de l'empathie pour Clara. Ensuite, elle est magnifiée par le jeu très inquiétant de Capaldi, qui accentue cette notion d'étrange : c'est une des rares fois où j'ai véritablement senti toute la bizarrerie du principe de régénération, au lieu de le prendre pour acquis. C'est au moins une fin qui se fait sur une note tout à fait positive !
Un épisode bilan, ou un épisode best-off ?
Vous l'aurez compris, mon avis sur L'Heure du Docteur est assez tranché. L'épisode a certes quelques qualités, mais elles ne parviennent pas à contrebalancer les défauts énormes qui sapent sa base. Je pense que le défaut principal est celui-ci : vouloir à la fois régler 3 ans d'intrigue ET proposer une régénération sur une heure de temps est juste foutrement impossible. Et je ne comprends pas comment cette évidence a pu filer sous le nez de Moffat.
L'Heure du Docteur se veut être un épisode-bilan, qui règle enfin toutes les questions posées par l'ère Smith pour offrir une page vierge sur laquelle écrire l'ère Capaldi. L'intention est louable, mais Steven Moffat se perd très vite sans ses propres incohérences. Ne pouvant que bricoler une théorie franchement peu solide, il tente naturellement de dynamiser l'épisode en y mettant tout ce qu'il a : église volante, Sontariens, Daleks, Anges Pleureurs, Cybermen, Silence, Gallifrey, c'est une vraie foire aux monstres. Sauf que du coup, on passe du bilan à une liste. Et c'est là une différence fondamentale.
On dirait que Moffat a en fait voulu rendre un «hommage» aux trois années de son Docteur en y mettant toutes les menaces emblématiques : imaginez la densité de la chose, il était totalement illusoire de penser que toutes ces créatures pourraient jouer un rôle. Les Anges à titre d'exemple sont là pour un caméo, ni plus ni moins : on les voit une minute à l'écran, ils sont une menace visible pour Trenzalore... puis on n'entend quasi plus parler d'eux. Pourquoi les faire intervenir, alors ? Je pense personnellement qu'il ne faut pas contenter de montrer, il faut utiliser, surtout quand vous êtes sur quelque chose d'aussi rempli. Si ce n'est pas nécessaire, zappez et restez simple. L'épisode s'apparente au final à un Best-off un peu bizarre, et franchement pas nécessaire.
Une intrigue qui passe au second plan
Autre problème posé par la structure de l'épisode : la prévisibilité de son dénouement. On sait que le Docteur va fatalement survivre. On sait qu'il va réussir à trouver quelque chose pour contourner la loi des 12 régénérations. On sait qu'il va survivre à Trenzalore. Bref, on connaît déjà en substance l'épisode avant même de l'avoir vu, ce qui rend les choses passablement ennuyeuses. Dans La Prophétie de Noël, la régénération était incluse dans un cadre tout à fait différente. L'aventure n'était pas liée au fait que le Docteur allait se régénérer, et les quatre-coups annonçant sa mort étaient pour le coup totalement imprévisibles. En bref, on suivait une véritable histoire indépendante, tandis que dans L'Heure du Docteur tout tourne autour de la mort prochaine de notre héros, qu'on sait cependant impossible.
Et le public britannique ne s'y est pas trompé : chose inédite pour un épisode de régénération, environ deux millions de téléspectateurs ne se sont connectés à leur TV que pour les cinq dernières minutes, celles mettant en scène Capaldi.
Que conclure ?
Ma conclusion est simple : le drame de L'Heure du Docteur n'est pas tant son intrigue incohérente, c'est un souci auquel on est habitué depuis quelques temps. Le drame, c'est qu'il n'a pas lieu d'exister. Non seulement il n'a pas de véritable histoire à raconter (comme je le disais, la fin est prévisible dès le départ), mais en plus les théories qu'il met en place auraient largement pu être traitées dans les deux épisodes précédents, où elles auraient eu bien plus de sens. (Le Nom du Docteur pour Trenzalore, Le Jour du Docteur pour la question des régénérations – qu'on aurait pu carrément éviter).
Et c'est là une configuration assez inédite et dramatique : qu'un épisode n'ait pas lieu d'exister est déjà triste en soi, mais que dire quand l'épisode en question est censé faire les adieux d'un Docteur ? Même s'il est vrai que l'ère Smith a été extrêmement polémique et pas forcément réussie sur tous les plans, le 11ème Docteur méritait de partir en grande pompe. Il n'y a finalement pas eu énormément d'émotion véritable qui s'est dégagée sur cet épisode, dont les secondes les plus originales sont finalement dédiées à l'apparition de Capaldi. L'Heure du Docteur a été clairement une grosse déception pour beaucoup de fans, et ce n'est que trop compréhensible. On lui reconnaîtra juste le mérite d'avoir laissé au 12ème Docteur une feuille de route vierge, qui sera remplie, on l'espère, un peu plus habilement dans les temps à venir.
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La régénération se termine extrêmement soudainement, laissant place à Peter Capaldi.
l'heure du docteur
BYE BYE BOWTIE