musicotherapie :
aider les enfants
Elise : Bonjour Anne! Vous êtes musicothérapeute, comment en êtes-vous arrivée là ?
Anne : Je n'ai pas fait d'étude spécifiquement de musicothérapie. J'ai suivi une formation d'art thérapie, d'orthophoniste, de psychomotricien ; j'ai également travaillé avec Françoise Dolto, qui est une psychanalyste spécialisée pour les enfants, qui a fondé les Maisons Vertes. J'ai donc animé avec elle des ateliers parents / enfants, et au fil des années je suis devenue indépendante et aujourd'hui je dirige moi-même mes propres ateliers.
E : En quoi consiste votre métier exactement ?
A : Je travaille avec des enfants, de 3 mois à 8 ans. Je les accompagne dans leur développement, à l'aide de la musique, ainsi je les aide à mieux connaître leur corps, à exprimer leurs émotions, et je leur procure un apprentissage cognitif.
E : Votre travail s'adresse donc uniquement aux enfants ?
A : En réalité la musicothérapie ne répond pas à des limites d'âge, mais dans l'association DorémifaSoleil, je ne travaille qu'avec des enfants de 3 mois à 8 ans.
E : Vous disiez avoir 3 buts dans votre travail : aider les enfants à mieux connaître leur corps, exprimer leurs émotions, et leur procurer un apprentissage cognitif. Comment atteignez vous ces objectifs ?
A : La musique peut être abordée sous plusieurs aspects différents comme l'aspect rythmique, qui stimule le mouvement et aide à la connaissance du corps, à travers la danse, des balancements : des rythmes lents auront tendance à c que ; d'avant en arrière, ce qui favorise la focalisation de la vision sur un objet, la concentration ; ou encore de haut en bas, ce qui procure là encore des sensations intéressantes dans la prise de conscience corporelle. Sinon, elle peut être abordée sous son aspect mélodique et harmonique (les notes). On peut caractériser les notes selon quatre facteurs : Le timbre (qui est la différence que l'on entend entre le son d'un piano ou d'un saxophone par exemple) , la hauteur (qui est la différence entre une note aiguë ou grave) , l'intensité (qui est la différence entre un son fort et un son faible) , et enfin la durée (qui est la différence entre un son long ou court dans le temps). Ces différents facteurs qui jouent sur la variété des notes, vont permettre de transmettre des émotions différentes : de la joie, de la tristesse, de la douceur, de la colère...
Ainsi on voit que, à travers différents aspects, la musique est très riche et peut être exploitée de nombreuses manières. La prise de conscience corporelle qui en résulte et l'expression des émotions permet donc un apprentissage cognitif, une ouverture de champs de conscience, qui est très favorable au développement de l'enfant.
E : Travaillez-vous avec des enfants souffrant de pathologies ?
A : Oui, la musicothérapie les aide à surmonter des handicaps, ou des maladies. Par exemple, je travaille avec des enfants autistes ; la musique les aide à mieux percevoir le monde qui les entoure, à prendre conscience de leur corps. La musicothérapie peut aider les enfants autistes, au niveau du langage par exemple. Mais je travaille également avec des enfants sans handicap, ni pathologie, et la musicothérapie participe à leur éveil musical et à leur développement personnel.
E : Pourriez-vous nous expliquer concrètement en quoi la musicothérapie peut aider un enfant autiste au niveau du langage ?
A : Il existe plusieurs formes d'autisme ; mais dans le cas de l'enfant avec lequel j'ai travaillé, il ne faisait aucune différence entre un bruit quelconque et un bruit de voix ; mais il reconnaissait les voix lorsqu'elles étaient chantées. Ainsi, à travers quelques exercices et jeux, il a appris également à écouter les voix parlées. La musicothérapie lui a permis d'ouvrir de nouveaux canaux de communication.
E : Quelle est donc l'utilité de pratiquer des séances de musicothérapie avec des enfants sains ?
A : Ça leur permet là encore de prendre conscience de leur corps et exprimer leurs émotions, de développer leur concentration et leur sens de l'écoute, mais ça leur permet également d'avoir une approche enrichissante et originale de la musique, à travers le jeu principalement. Le but est de solliciter les sens pour apprendre tout en s'amusant. Cette initiation musicale peut les amener, plus tard, à la pratique du solfège, d'un instrument.
E : Un dernier mot pour la fin ?
A : Je pense que la musicothérapie est une branche de la médecine peu reconnue aujourd'hui, mais que c'est en réalité une pratique porteuse d'avenir qui a démontré plus d'une fois son efficacité. J'espère qu'un jour ce type de médecine douce sera reconnu à sa juste valeur !
Formatrice et musicothérapeute de l'association Dorémifasoleil, Anne organise des ateliers dans le but de favoriser l'éveil des tout-petits.