talents
MANNEQUIN MODE
TEXTES _Julie MANDRUZZATO
Carla MATTEI
le hasard comme tremplin
U
n concours Elite puis un concours de circonstances. Repérée durant la finale par
la photographe Malika Mokadem, ses premières photos lui permettront de si-
gner dans une agence à Marseille, avant de monter à Paris, à 17 ans. « Avant je n’étais pas
prête, angoissée à l’idée d’être jugée sur mon physique. Mais du jour au lendemain, j’ai
voulu quitter le Sud. Envie de découvrir de nouveaux mondes : je voulais vibrer », nous
raconte Carla. L’envie des grands espaces plus fort que la tranquillité des fonds de classe.
Mais vibrer, c’est aussi subir les secousses des grands changements et comme le lapin
blanc courant après le temps, Carla court après les castings. « Je suis quelqu’un d’an-
xieux, j’ai dû me préparer psychologiquement. À New York, il pouvait m’arriver d’avoir
quinze castings dans la journée et d’être appelée à minuit pour venir faire un fitting »,
raconte la jeune femme qui a grandi à Cassis. « Ma première fashion week à Milan,
l’agence m’avait fourni un téléphone pour m’appeler et ajouter de nouveaux castings.
C’est simple, quand il se mettait à sonner, je pleurais », avoue-t-elle.
A
lors il y a trois ans, Carla s’est détournée des campagnes de luxe en se réorien-
tant vers le commercial pour “ être en accord avec [elle]-même et ne plus aller à
l’encontre de [sa] morphologie ’’. « Je suis mannequin pour des marques que j’adore et
qui me respectent. Mais j’ai énormément de gratitude envers le métier, clarifie la jeune
fille, j’ai eu la chance de travailler avec des maisons comme Jean Paul Gaultier ou Dior
grâce auxquelles j’ai pu voyager à New York, au Koweit ou encore à Istanbul... J’ai aussi
shooté avec l’un des plus grands photographes de mode, Gilles Bensimon ! » Au-
jourd’hui Carla souhaite aider les autres par le yoga et le reiki, des médecines douces et
traditionnelles « qui [l]’ont personnellement beaucoup aidée ». Mieux s’écouter pour
entendre les autres, partager son expérience : « J’aimerais aider les jeunes filles à élever
leur voix car leur corps leur appartient. Nous sommes très jeunes en commençant ce
métier. Il faut apprendre à se protéger et mettre de la distance. Ça peut détruire des
vies et c’est très important pour moi de parler de ça. Il faut avoir la tête sur les épaules
pour ne pas devenir boulimique ou anorexique. Avant de rentrer dans tous les critères
de ce milieu, elles doivent s’aimer, se respecter et ne pas se laisser influencer par des
codes. Soyons nous-mêmes ! »
@Iamcarlamattei
Margot BAGET
le podium en « pas chat »
U
n pas en chasse un autre. Margot a 14 ans lorsque sa professeure de danse lui
suggère de participer au concours Elite. Trop jeune pour être sélectionnée,
elle signera néanmoins un contrat avec l’agence l’année suivante. La mode, c’est
quelque chose qui lui a toujours plu : sa grand-mère avait une école de couture.
« Mon agence m’a contactée pour que je vienne à Paris développer ma carrière
pendant les vacances. C’était important pour moi de bien finir mes études. On a
fait des tests photo et j’ai pu apprendre à marcher avec des talons pour les défilés.
Quelques jours plus tard, j’ai passé un premier casting pour Anthony Vaccarello,
directeur artistique d’Yves Saint Laurent », raconte la jeune modèle. À 19 ans,
elle passe son temps à déambuler sur les podiums, dans les aéroports et dans les
trains entre Paris et Marseille, sa ville natale. « J’ai eu l’opportunité de poser pour
Chanel lors d’un séjour à Bangkok et je continue de travailler pour Saint Laurent et
Lanvin, parfois Jacquemus. Je vis pleinement chaque moment », nous confie la jeune femme, reconnaissant qu’elle a beau-
coup de chance, malgré la fatigue et les imprévus d’un travail dont la mesure se fait du jour au lendemain. Se reposer ? C’est
en rentrant dans le Sud qu’elle aime passer des moments privilégiés avec sa famille, mais aussi profiter du soleil et de la mer,
pointant toujours de nouveaux horizons.
@bagesmargot
Avril / Mai 2019 _TM n°54
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