© Guy Deschênes
JE SAIS QUE JE PEUX REVENIR . C ’ EST POUR ÇA QUE JE JOUE ENCORE .
S ’ en est suivi une opération risquée , qui aurait pu la pousser à la retraite : « Un des médecins me disait que je ne pourrais peut-être plus servir et revenir sur le Circuit . Heureusement , avec tous mes efforts et ceux des physiothérapeutes , je suis maintenant de retour . Tout va bien et je peux faire rouler la machine au max . »
Cette mésaventure s ’ ajoutait aux autres embûches déjà rencontrées par la Québécoise depuis le début de sa carrière . Selon les dires d ’ Aleks , cela fait maintenant trois fois qu ’ elle doit tout recommencer à zéro . Néanmoins , celle qui a remporté un titre WTA ( Stanford ), en plus d ’ avoir remporté 12 titres ITF , est persuadée de pouvoir rebondir après une année 2017 encourageante .
« Mon objectif l ’ an dernier a été de jouer le plus de tournois possible . Parce que j ’ ai perdu mon classement au complet à la suite de mon opération , j ’ ai dû participer à des tournois ITF . Je suis descendue à zéro . C ’ était donc dur de rentrer dans les gros tournois . Il faut malgré tout que tu passes par là . Je me suis prouvé que j ’ étais encore capable de gagner des tournois en l ’ emportant l ’ été dernier à Stillwater , en Oklahoma , et à Gatineau . »
Cette dernière victoire lui a d ’ ailleurs fait le plus grand bien , alors qu ’ il s ’ agissait pour Aleks de son premier titre en cinq ans . La Canadienne l ’ avait alors emporté lors du match ultime en deux manches de 7-6 ( 4 ) et 6-4 face à l ’ Australienne Ellen Perez . « Je me suis prouvé lors de ce tournoi que je pouvais jouer chaque jour … et gagner ! L ’ épaule n ’ a eu aucun problème », complète Aleksandra .
OBJECTIF TOP 100
Celle qui a été la première Québécoise à atteindre le Top 50 de la WTA ne passe pas par quatre chemins lorsque vient le temps d ’ établir ses objectifs pour la présente année : réintégrer le Top 100 . « Réussir ça me permettrait de jouer régulièrement les Grands Chelems , et ce , dans le tableau principal , sans même passer par les qualifications . C ’ est vraiment un long chemin , surtout quand tu es affectée par des blessures et que tu n ’ as plus de classement . Tu dois recommencer à zéro dans tous les aspects . Pas juste en ce qui concerne ton jeu , mais aussi dans ta vie », affirme celle qui a vaincu dans sa carrière des joueuses comme Marion Bartoli , Caroline Wozniacki , Francesca Schiavone et Serena Williams , pour ne nommer qu ’ elles . Sauf que , comme le dit l ’ adage : plus facile à dire qu ’ à faire ! « Avant , c ’ était différent . Maintenant , les filles savent jouer même si elles sont 200 e , 300 e du monde . Ce n ’ est pas rare maintenant de voir ces filles-là battre des membres du Top 50 . Le classement ne veut pas toujours dire grand-chose , à part que ça t ’ aide à rentrer dans les gros tournois », explique Wozniak .
EN ATTENDANT CEUX-CI …
Les participations à des tournois de moins grande envergure étant un passage obligé pour quiconque aspire aux plus hauts sommets , Aleksandra est ainsi dans l ’ obligation de se rendre parfois dans de petits bleds , qui n ’ ont rien pour rappeler le luxe de Wimbledon ou du US Open . Rien pour aider , le professionnalisme des joueuses présentes est aussi douteux , par moments . « Les filles dans les plus petits tournois ne veulent même pas frapper ! Des fois , j ’ allais dans un match et je n ’ étais même pas réchauffée ! À la place , je courais et je m ’ étirais . »
PAS PLUS FACILE À L ’ EXTÉRIEUR DU TERRAIN
Qui dit tournoi de plus petite envergure dit aussi de moins grandes bourses à l ’ enjeu . C ’ est une nouvelle réalité à laquelle Aleksandra a dû s ’ habituer rapidement . « Je n ’ ai plus de support de Tennis Canada . Conséquemment , je me sens plus que jamais on my own . Tu dois tout organiser et planifier d ’ avance . J ’ ai dû souvent voyager seule parce que je ne pouvais pas subvenir aux dépenses de mon père . Ça m ’ apprend définitivement à être indépendante », affirme Aleks .
Parlant de finances , Wozniak ne s ’ en cache pas : l ’ appui de commanditaires est le nerf de la guerre . Pas de support , pas de tournoi . Faute de moyens , la Québécoise n ’ a d ’ ailleurs pu se rendre en Australie au mois de janvier dernier . Cette dernière déplore d ’ ailleurs la situation .
« Quand tu es dans les meilleures , tu gagnes tout et ça attire les partenariats et les commandites . Mais en même temps , tu fais déjà des millions , si bien que tu n ’ as pas réellement besoin de cette aide . C ’ est quand tu es plus bas au classement que tu as besoin de ce support-là . C ’ est bien de savoir que des gens croient en toi et t ’ aident du même coup à remonter la pente . Jouer dans les plus petits tournois demande beaucoup de sacrifices et de volonté . Ce n ’ est pas facile », avoue Wozniak .
Malgré tous ces obstacles , Aleks continue de persévérer , sachant très bien que tous ces détails ne sont que matériels et qu ’ il y a plus important encore . « Tu peux avoir tous les appuis du monde , mais en bout de ligne , ce qui compte le plus , c ’ est toi . C ’ est ça qui va déterminer si tu gagnes ou perds . Je sais que je peux revenir . C ’ est pour ça que je joue encore . Et même si mon opération a mis un gros point d ’ interrogation sur ma carrière , aujourd ’ hui , je sais que je suis capable ».
* Classement en date du 18 janvier 2018
N º 110 - Avril 2018 - Par Tennis Québec
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