Série des livres numériques de l’UVA Livre #3: Un siècle d’histoire de l’UGAB (Livre 2) | Page 22

Quelle était alors la position de l’Union Générale Arménienne de Bienfaisance vis-à-vis du « Nerkaght » ? Nous avons observé que celle-ci a, dès le début des années 1920, défendu avec constance le principe d’un rassemblement des réfugiés arméniens en Arménie. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, lorsque la question s’est de nouveau posée pour des milliers d’Arméniens établis au Proche-Orient, en France et en Grèce, dont le sort n’était guère plus enviable que lors de leur arrivée vingt-cinq ans plus tôt, l’Union a sans grande hésitation décidé d’apporter son concours aux opérations de transfert. Elle a pour cela mobilisé toutes ses branches dispersées à travers le monde. Peut-on pour autant affirmer que les responsables de l’Union ignoraient les véritables raisons qui ont poussé l’URSS à lancer les opérations du « rapatriement » ?

Les archives de Léon Guerdan, vice-président de l’Union dans les années 1940, Parisien momentanément établi à New York et président du Comité central de souscription créé par l’UGAB pour le financement des opérations de rapatriement de populations, nous aident à répondre à cette interrogation. Journaliste et écrivain assez connu en France, il a aussi une expérience du monde politique qui fait de lui l’une des figures les plus importantes de l’Organisation, dont il a indéniablement influencé les prises de position sur le dossier du « rapatriement ». Comme la plupart des dirigeants de l’Union, L. Guerdan pouvait difficilement être qualifié de sympathisant du régime soviétique. Il s’inscrivait plutôt dans une tradition politique libérale et avait ses entrées dans les cercles du pouvoir à Paris et même, dans une moindre mesure, aux États-Unis. Voici néanmoins ce qu’il écrit dans son journal personnel daté du 4 juin 1946 : « Je reviens de Boston, où j’ai assisté à la convention du Conseil régional des États-Unis de l’Union et prononcé un discours en faveur du rapatriement, au banquet donné en cet honneur. ...

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Placard publié dans la presse par l’Union afin de promouvoir la collecte de fonds pour le financement du rapatriement (Arch. B. Nubar/Paris).

Photo de propagande présentant de jeunes rapatriés fréquentant l’Université d’Erevan (Arch. B. Nubar/Paris).

Le « rapatriement » : une nouvelle page de la coopération avec l’Arménie soviétique émaillée de nouveaux obstacles