Finalement, en juin 1933, le Conseil central parvint à réunir 5 000 £, qu’il était prêt à mettre à la disposition d’Erevan, à condition d’obtenir l’assurance formelle qu’au moins 2 500 réfugiés de Grèce et de Syrie seraient transférés en Arménie dans les six mois 75. Erevan répondit que ce transfert ne pourrait avoir lieu qu’après avril 1934, lorsqu’un nombre suffisant de logements serait construit76. L’Union versa une partie de cette somme, mais le transfert fut plusieurs fois reporté. Edwart Melkonian explique, dans son étude, que ces reports continuels étaient motivés par des facteurs sociaux, politiques et idéologiques. Les nouveaux arrivants trouvaient insupportables les conditions de vie soviétiques, changeaient souvent de travail et de lieu de résidence : on a même observé des cas d’évasion, phénomène intolérable pour le régime soviétique. E. Melkonian souligne à ce propos que les réactions des « rapatriés » faisaient craindre à Erevan une propagation de leur état d’esprit rebelle au sein de la population locale, ce qui amena les responsables soviétiques « à ajourner la suite du rapatriement et à limiter le nombre des rapatriés »77.
Au cours des années suivantes, il n’y eut du reste qu’une seule opération de rapatriement, concernant 1 801 réfugiés de France transférés, en mai 1936, en Arménie. L’Union en assura le transport jusqu’à Marseille et le ravitaillement à bord du bateau, pour un total de 2 000 £78. 267 membres de ce groupe furent installés à Nubarachèn79 ; c’est au cours de cette opération que l’Union organisa le transfert à Erevan de la dépouille du P. Gomidas. ...
L’Union et l’Arménie soviétique : coopérer avec le régime soviétique pour la reconstruction de l’Arménie, une tâche difficile
T. Chahverdian, délégué du conseil des commissaires pour les affaires de rapatriement (coll. Archives Bibl. Nubar/Paris).
S. Ter Gabriélian, président du Conseil des commissaires d’Arménie soviétique (coll. Archives Bibl. Nubar/Paris).