SailorJournal (Novembre 2017) | Page 17

Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre – Ruta Sepetys

Lina Vilkas a tout juste quinze ans lorsque le NKVD vient frapper à la porte de la maison familiale, un soir de juin 1941, en Lituanie.

Son père n'a pas encore eu le temps de rentrer, mais les gardes embarquent la mère de Lina, celle-ci et son petit frère, Jonas. En effet, Staline a décidé de déporter les intellectuels, les artistes et les avocats, susceptibles de critiquer la politique qu'il a mise en place. Et le père de Lina est professeur d'université... Elle apprendra plus tard que lui aussi a été emmené par le NKVD.

Commence alors un trajet effroyable à bord de wagons à bestiaux, avec pour toute nourriture un seau de pâté ou de soupe une fois par jour à se partager entre voyageurs. Le train traverse la Russie, puis la Sibérie pour terminer sa course au nord du cercle polaire arctique. En plus de la faim, de la soif, c'est donc bien évidemment le froid qui va faire souffrir nos prisonniers. Ceux-ci vont mourir les uns après les autres, de maladies, de manques...

La famille Vilkas fait tout son possible pour rester en vie et surtout, ensemble, quoi qu'il puisse arriver.

Durant ce long périple ferroviaire, il y aura des arrêts, dans des camps de travail. Lina va ainsi se retrouver dans un kolkhoze à travailler dans des champs de betteraves. Elle va découvrir l'égoïsme humains et la cruauté impitoyable des gardes russes. Sa capacité à dessiner va lui permettre de s'échapper mentalement et de continuer à garder espoir quant au fait de retrouver son père et d'être un jour prochain libérée.

C'est un livre marquant, poignant, incroyablement beau. Cela fait deux ans que j'ai lu ce livre mais il est toujours resté dans ma tête. Le collège, la 3ème et son programme porté sur les 2 Guerres Mondiales, et le Français, matière que j'aime tant. Un choix s'est imposé, Primo : Lévi ou Ruta Sepetys. J'ai fais mon choix et je ne le regrette pas. J'ai débuté ma lecture pensant que je n'allais pas aimé, que c'était encore un livre qu'on nous distribue, barbant et peu intéressant. Je me suis totalement trompée. Je me suis fait embarquer dans l'aventure de Lina. Du haut de ses 15 ans, elle a certainement plus de courage que je n'en aurais jamais. C'est une battante et elle refuse de mourir dans les camps. Incroyablement douée pour le dessin, sa passion la maintiendra en vie. Bien qu'une petite histoire d'amour est présente dans le roman, elle ne prend pas toute la place, et n'est absolument pas « nian nian », de toute façon vu le contexte cela aurait été déplacé. Malgré le fait qu'il n'est pas au centre de l'histoire, cet amour m'a touché, et j'espère qu'il vous touchera aussi.

Ce récit, écrit sous la forme de biographie, m'a subjugué. Si ma mémoire est bonne, il s'agit d'une histoire inspirée de son arrière grand-mère (ou quelqu'un de sa famille en tout cas) qui a véritablement vécu la déportation. Raison de plus pour me faire adorer ce livre qui est inévitablement passé dans mon top 5,

« - Comment peuvent-ils décider que nous sommes des animaux ? Ils ne nous connaissent même pas.

- Nous nous connaissons, répondit Mère. Ils se trompent. Ne leur permet jamais, Lina, de te convaincre du contraire. Comprends-tu ?

J’acquiesçai d’un signe de tête. Mais je savais qu’un certain nombre de nos compagnons s’étaient déjà laissés persuader de leur condition inférieure. Ils avaient une expression abattue, dénuée de tout espoir et se faisaient tout petits devant le NKVD. J’aurais voulu les dessiner tous.»

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