SailorJournal (Juillet 2017) | Page 8

Geisha - Arthur golden 

Yoroido est un modeste village de pêcheurs dans le Japon des années trente. La petite Chiyo y coule une enfance pauvre mais heureuse entre ses parents et sa grande soeur, Satsu. Mais un cancer ronge les os de sa mère. Le père est si vieux qu'il accepte la proposition de M. Tanaka : les deux jeunes filles partent bientôt pour Kyoto, parmi d'autres enfants vendus. Chiyo a la particularité d'avoir des yeux d'eau "comme si quelqu'un y avait percé un trou et que l'encre avait coulé" qu'on l'emmène dans une école de geishas. Elle deviendra Sayuri, l'une des geishas les plus appréciées de la ville, excellant dans l'art de la danse et de l'amour, maîtrisant parfaitement la science de la toilette et du thé. 

Arthur Golden signe un étonnant roman riche en métaphores poétiques. Rédigé sous la forme de mémoires, il prend valeur de document en nous plongeant dans les rituels, la pensée et l'imaginaire de ce monde des fleurs et des saules, le monde de Gion-Kobu. C'est une plongée fascinante et intemporelle dans le Japon des années 30, celui où les geishas ensorcelaient les hommes les plus puissants avec leurs nombreux dons. D'une élégance rare, d'une beauté renversante et d'une distinction discrète, les geishas étaient prisonnières de leur condition. Elles pouvaient séduire, mais pas aimer. Et le mystère qui se cachaient derrière leurs yeux expressifs restait entier. 

Arthur Golden réalise ici un roman qui parle d'un pays, des femmes, des traditions, des mentalités et enfin un roman qui dans son fond est une superbe histoire d'amour. Une histoire d'amour que Golden a très bien su traiter avec pudeur et respect. J'ai trouvé cette histoire très éducative, j'ai découvert un univers très poétique et artistique. Il y a beaucoup de respect, de rivalité et de solitude. Il nous expose les règles de vie de ces femmes, leurs engagements envers ce à quoi elles dédient leurs vies, leurs croyances et leur force de caractère. Son scénario est riche, il est fourni, il croustille de détails, de trouvailles. Son histoire est passionnante, et on y plonge dès les premières pages ; la tête la première. Un roman poignant sur la dure réalité d'un monde très peu connu jusqu'alors. 

C'est un livre de 600 pages, en format de poche il coûte 7,90€. 

« La douleur est une chose étrange. Nous ne pouvons rien contre elle. Pour moi, elle évoque une fenêtre qui s'ouvre à son gré. La pièce se refroidit, on ne peut que frissonner. Mais la fenêtre s'ouvre un peu moins chaque fois. Et un jour, la douleur s'est envolée. »

Si vous avez aimé ce roman, je vous conseille également Ma vie de Geisha de Mineko Iwasaki, c'est une vraie geisha qui à écrit celui-ci. Elle était l'une des plus grandes geisha de sa génération et témoigne de son parcours extraordinaire.

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