- Oh bonjour Monsieur Dawn ! Comment allez-vous ?
La bonne femme un peu forte s’agita derrière son comptoir et vint le saluer chaleureusement. Thomas lui sourit.
- Ça va, je suppose, un peu nerveux…
Thomas se passa une main dans les cheveux, un peu gêné, et Mme Pétunia lui offrit un doux sourire comme elle savait si bien les faire.
- Ne vous en faites pas, ça va très bien se passer. Ah ! J’ai préparé le bouquet que vous m’aviez commandé, le voici !
Elle lui tendit des fleurs fraîchement coupées et joliment arrangées. Thomas la remercia, paya ce qu’il lui devait et retourna dans la fraîcheur de ce mois de novembre. En marchant il regarda sa montre. Ah, il serait en retard s’il faisait un détour jusqu’à l’arrêt de bus. Ils ne se donnaient jamais d’heures particulières mais il n’aimait pas la faire attendre. Il accéléra le pas, son cœur battant fort dans sa poitrine. Ce n’était pas très loin de toute façon.
Thomas se retrouva bien vite devant un petit portillon en fer forgé. Il posa sa main dessus et le poussa pour l’ouvrir, caressant au passage les motifs qui lui étaient désormais si familiers. Il inhala cette senteur boisée provenant des ifs plantés-là qui faisaient de cet endroit un lieu si caractéristique et avança dans l’allée de graviers, observant la végétation qui l’entourait, son cœur battant au même rythme que ses pas. Il tourna une fois à gauche, une fois à droite, encore à gauche, encore à droite. Là. Le jeune homme prit une inspiration en la caressant du regard.
- Bonjour mon amour…
Une petite brise lui répondit et il baissa la tête avec un petit sourire crispé, enfouissant le bas de son visage dans son écharpe comme pour le cacher. Le froid de cette brise l’entoura comme une étreinte glacée qu’il accueillit chaleureusement contre lui. Thomas s’agenouilla sur la dalle de pierre froide qui était par terre en face de lui. Caressant du bout de ses doigts gantés la stèle de marbre blanc zébré de noir et les gravures dorées. Il soupira.
- Ça fait un an que tu es partie… Tu me manques tu sais.
Malgré la tristesse qu’il pouvait ressentir en venant ici, il se sentait en ce moment-même étrangement bien. S’il y pensait suffisamment fort il pouvait imaginer Léa assise à côté de lui. Il pouvait imaginer la personne la plus importante de sa vie se presser contre lui comme si elle était toujours là. Il posa le bouquet de roses rouges et de chrysanthèmes sur la tombe, juste devant la petite plaque qu’il lui avait offerte et sur laquelle il était marqué « À mon amour, la personne la plus importante de mon existence ».
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