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embarcations étaient solidement attachées. Elie se dépêcha à son retour de lui demander s’il avait vu une dame en noir avec un parapluie sur le ponton. Son grand- père parut surpris mais hocha négativement de la tête, lui certifiant qu’il fallait être fou pour être là-bas, de toute façon.
Et pourtant Elie continuait de voir cette femme jour après jour, depuis la fenêtre de sa classe. Toujours immobile sur ce ponton avec son parapluie. Alors, un jour après l’école, alors qu’il pleuvait inlassablement des cordes, il décida d’être courageux. Il descendit le chemin désormais boueux et glissant qui menait au fameux ponton du lac. Le niveau de l’eau avait tellement augmenté que les vaguelettes léchaient presque les lattes de bois sous les pieds de la femme au parapluie. Elie l’interpellât :
« - Madame… »
La silhouette ne se retourna pas et il essaya encore et encore de l’appeler. Pas de réponse. Elie s’avança prudemment jusqu’à la femme.
« - Madame, c’est dangereux ici…
- Elle n’est pas là. »
Elie crut rêver la voix qu’il venait d’entendre, mais non, la femme venait bien de lui parler. Il lui demanda doucement.
« - Qu’est ce qui n’est pas là ?
- J’ai perdu ma bague. Il va me tuer si je ne la retrouve pas… »
Le jeune garçon se sentit soudain inconfortable. Entendre une inconnue parler de se faire tuer n’était pas très rassurant. Puis il se rappela de l’anneau que le poisson avait avalé.
« - Etait-ce... Un anneau doré ? »