RUE DES BEAUX ARTS 71 n°71 | Page 31

par lequel le théâtre britannique 1 se renouvelle sans renier l’héritage shakespearien. Freud puise l’inspiration de certaines de ses découvertes  dans le répertoire classique : Sophocle, Shakespeare figurent au panthéon des auteurs que le père de la psychanalyse lit, connaît et commente 2 . Théâtre et psychanalyse sont donc liés, comme l’explique Michel de Certeau au sujet de Lacan : « Il a fallu tout le travail avancé avec la thèse sur La Psychose paranoïaque (1932), le «  discours de Rome  » (1953), le Séminaire, les Écrits (1966), etc, pour que cet enseignement… aboutisse enfin à une forme épurée qui ne donne presque plus rien à prendre et réduit l’exercice psychanalytique à son essence d’être identiquement acte et théâtre - une parole. 3  » Je voudrais montrer ici comment les textes du père de la psychanalyse dialoguent avec ceux des pères du nouveau théâtre britannique, à l’aube du vingtième siècle, ce qui per mettra de soutenir l’historicisation de la théorie freudienne et de montrer comment les outils que Freud élabore sont utiles pour lire les textes qui se composent à cette époque, véritables lieux du dévoilement des processus d’inhibition qui fondent l’inconscient freudien, notamment autour du sexuel qui a été abandonné dans la psychanalyse américaine ces dernières années. Wilde et Shaw sont connus pour des comédies. Or, ce genre, contrairement à la tragédie, est souvent relégué au rang d’art mineur, dont la fonction est de représenter les 1 G. B. Shaw et Wilde écrivent avant l’indépendance de l’Irlande et sont donc des auteurs britanniques. C’est l’objet du travail d’historien qu’accomplit P.-L Assoun, notamment dans Littérature et psychanalyse: Freud et la création littéraire, Paris, Ellipses, 1996. Lacan reprend ces auteurs, par exemple avec Hamlet dans le séminaire VI. 2 3 Michel de Certeau, Histoire et psychanalyse, entre science et fiction, Paris, Folio « histoire », 1987 (1986), 243. 31