Le dernier contact direct que Beardsley eut avec Wilde avant le
scandale se situe le 14 février 1895, jour de la première triomphale
de « The Importance of being Earnest’ qui sonna pour Wilde sa
splendide apogée et le début de sa chute aux enfers.
‘Poor dear old Oscar, écrira Beardsley à un destinataire inconnu, how
horrible it all is. I am really upset about it – more than I think perhaps.’ (Pauvre
cher vieil Oscar, combien tout ceci est horrible. J’en suis réellememnt bouleversé,
sans doute plus que je ne l’aurais cru.)
La sympathie témoignée à l’homme déchu ne sera pas toujours
aussi éloquente. À Dieppe, où il se promenait avec trois autres
peintres, Charles Conder, Walter Sickert et Jacques-Emile Blanche,
ils croisèrent Oscar à peine libéré de prison, et Beardsley et ses
amis firent un détour pour ne pas avoir à le saluer. Wilde invita
cependant Aubrey à déjeuner une fois qu’il fut réfugié à Berneval,
mais celui-ci lui fit faux bond et quitta bientôt Dieppe pour
Boulogne sous prétexte qu’on y rencontrait des personnes peu
plaisantes. Wilde répondit à l’insulte en disant : « Je ne sais pas si
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