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Rue des Beaux-Arts n°70 – Janvier/Février/Mars 2020 ce n’est les didascalies qui viennent apporter plus de précisions pour la mise en scène du drame. Or, la Salomé de Wilde, écrite en 1891 dans une effervescence artistique symboliste, fait à plusieurs reprises référence à des écrivains de cette verve littéraire, voire des autoréférences à des textes de l’écrivain anglais lui-même. Cette intertextualité constamment présente dans la pièce a pour conséquence non seulement de la structurer, mais également de l’intégrer dans ce mouvement littéraire si particulier qu’est le symbolisme. Mais notre compositeur français fut-il conscient de ces différentes allusions, références, voire autoréférences que Wilde utilise dans son texte ? Tout au long de la pièce, Wilde fait sans cesse référence à deux grands maîtres pour lesquels ils vouaient une admiration particulière. Le premier n’est autre que Mæterlinck, chez qui l’on retrouve de nombreuses constantes utilisées pour l’écriture de cette pièce : « Dans Salomé, comme chez le dramaturge belge, les phrases sont généralement brèves, les constructions simples, les répétitions ou les phrases exclamatives fréquentes  ; parfois aussi la relation logique entre questions et réponses est fondée sur un décalage qui contribue à l’étrangeté perverse du propos 1  ». Mariotte conserve en majeure partie cette dimension du texte original pour son livret. En revanche, il coupe un grand nombre de répétitions. À la différence de Wilde chez qui l’indicible et le suggéré – une autre spécificité de Mæterlinck – se trouvaient bien représentés, Mariotte ne semble pas y trouver un enjeu particulier puisqu’il s’attache au contraire à décrire au maximum les 1 AQUIEN, Pascal, préface à la Salomé d’Oscar Wilde, Paris, Flammarion, 1993, p. 21. 43