Rue des Beaux-Arts n°70 – Janvier/Février/Mars 2020
refusée, justement à cause de celle de Strauss et ce, malgré l’obtention
de très bonnes notes selon les dires du compositeur. Pendant ce
temps, entre juillet et octobre de la même année, les droits de la
Salomé de Wilde passaient de Russell à Methuen qui vendit lui-même
l’exclusivité des droits d’exploitation à Fürstner. Il ne restait plus
comme seule solution à Mariotte que de demander à son homologue
allemand l’autorisation de faire représenter publiquement son œuvre
sur une scène française. Il lui écrit alors le 17 mai 1907 en se
défendant de toute idée de plagiat. Par une lettre de retour en date du
30 mai 1907, Strauss lui accorde l’autorisation « généreuse et
absolue 1 » de faire représenter son œuvre. C’est alors que Mariotte se
met à la recherche d’un théâtre susceptible d’accueillir son opéra, une
démarche qui aboutit assez rapidement puisque le 4 septembre 1907,
les directeurs du Grand Théâtre de Lyon acceptent la création et en
annoncent la représentation pour l’hiver.
Mais Fürstner écrit le 14 septembre aux éditions Astruc afin de
s’opposer formellement à la représentation de l’œuvre. L’autorisation
de Strauss ne valait donc rien et ce dernier va même jusqu’à lui
réécrire le 21 octobre pour retirer sa propre permission. La propriété
de la pièce de Wilde était-elle exclusive à Fürstner ? Strauss n’aurait-il
pas pu lui-même décider du sort de l’opéra de son confrère ? C’est ce
que Mariotte décide de vérifier en se rendant directement à Berlin pour
obtenir l’autorisation de Strauss et Fürstner de faire jouer sa Salomé
sur la scène française. Dans les archives privées de la famille du
compositeur français, deux billets de train Paris-Berlin en date du 20
1 Ibid., p. 6.
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