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Rue des Beaux-Arts n°70 – Janvier/Février/Mars 2020 Berlin dans la mise en scène de Max Reinhardt, un ami aurait dit à Strauss : « Voilà un sujet d’opéra pour vous », auquel il répondit : « Je suis déjà en train de le composer  ». Sans doute plus habitué aux problèmes d’obtention de droits, il contacte immédiatement les héritiers de l’écrivain anglais et recueille leur approbation. L’œuvre de Strauss est donc créée en toute légalité le 9 décembre 1905 à Dresde. Bien plus tard, en 1925, le fils du compositeur confirmera l’ignorance qu’avaient les deux compositeurs de leurs travaux réciproques  : «  Seul un compositeur français dont la partition fut terminée en même temps que celle de mon père (sans que l’un ait eu connaissance du travail de l’autre) avait discerné le “texte d’opéra”  » 1 . Ce n’est qu’à la suite de cette création de l’œuvre que Mariotte découvre l’opéra de son contemporain. Malgré cette nouvelle accablante 2 , il finit par se résigner et poursuit sa Salomé dont il achève la composition définitive à la «  rentrée d’Automne de 1906 3   ». Le compositeur, sachant que Fürstner – l’éditeur de Strauss – n’avait pas encore le monopole de l’œuvre à cette date, décide d’obtenir l’approbation des ayants cause auprès de Russell. Celui-ci lui accorde l’autorisation «  moyennant une part des droits, et le versement d’une “avance de commission” assez élevée 4  ». Les fonds du musicien ne sont pas considérables et ne lui permettent pas le versement immédiat de la somme. Il décide alors d’attendre pour faire représenter son œuvre et l’envoie en 1906 au Concours de la ville de Paris où elle est finalement 1 Lettre du Dr Franz Strauss (Garmisch, 1 er octobre 1925, avant-propos de la première édition (1926), STRAUSS, Richard et HOFMANNSTHAL, Hugo von, Correspondance (1900-1929), Paris, Fayard, 1992, p. 22-23. 2 «  Aussi lorsque (…) j’appris l’apparition à Dresde d’une nouvelle Salomé, fût-ce pour moi une stupéfaction autant qu’un effondrement ! » MARIOTTE, Antoine, Lettre à Romain Rolland, 27 juin 1909, p. 4. 3 Ibid., p. 3. 4 Ibid., p. 5. 30