Ritual, Secrecy, and Civil Society Volume 8, Number 1, Spring 2021 | Page 91

Les relations entre les Franc-maçonneries russes et françaises ( 1905-1945 )
pour représenter L ’ Etoile du Nord et Renaissance au convent de septembre 1908 du GODF à Paris . Ils ne prennent pas la parole pour éviter des indiscrétions mais en outre ces deux loges ne font pas officiellement partie de l ’ Obédience et ne sont pas mentionnées dans le compte-rendu . Les deux visiteurs ne manquent pas de souligner leurs présences aux banquets des loges et des chapitres . En novembre 1908 , un Congrès de trois jours , dans les appartements de Beboutov ou d ’ Orlov , réunit des maçons qui décident d ’ élire un Suprême Conseil de trois membres ( ultérieurement de six ) pour gérer les loges alors que Beboutov se charge de la gestion des chapitres . Ouroussov , Golovine et Margoulies sont les premiers élus auxquels Beboutov va s ’ adjoindre pour s ’ occuper des affaires courantes . Les résultats de ces élections provoquent quelques mécontentements alors même que ce Suprême Conseil prend des contacts en vue de sa reconnaissance par d ’ autres loges ou obédiences à Zürich , Berlin , Budapest , Venise et Constantinople où l ’ accueil des Jeunes Turcs est chaleureux .
En 1909 , cependant , du fait des tensions politiques et sociales , il n ’ y aurait plus , selon Margoulies qu ’ une centaine de maçons en activité . On venait en loge , écrira-t-il , « moins pour se perfectionner moralement que pour se serrer les coudes … pour y puiser le courage nécessaire à tous ceux qui croyaient de leur devoir de consacrer toute leur activité à la lutte sans trêve contre l ’ absolutisme des Tsars ». D ’ où des changements fréquents de locaux après deux Tenues , l ’ absence de procès-verbaux , de dossier ,
83 de fichier , de convocation si ce n ’ est par téléphone et jamais du même endroit et au-delà de vingt membres , l ’ ouverture d ’ une nouvelle loge ; d ’ où également , la nécessité de mémoriser les noms et le rituel et de pouvoir expliquer , si nécessaire , aux sbires de l ’ Okhrana ( qui avaient peut-être reçu la consigne de ne pas intervenir ) qu ’ il ne s ’ agit que de réunions d ’ amis autour d ’ une table préalablement dressée .
Signalons aussi la présence de groupes martinistes en Russie consécutifs aux visites du thaumaturge Maître Philippe et de Papus , reçu au Palais Impérial , et l ’ adhésion d ’ aristocrates ou de grands bourgeois qui se concluent dans les années 1909-1910 par la naissance de trois loges martinistes : Apollonius de Tyane à Saint-Pétersbourg , Saint-Jean l ’ Evangéliste à Moscou et Saint-André à Kiev . Elles s ’ éteindront presque aussitôt par crainte d ’ investigations policières mais , selon Nina Berberova , l ’ activité martiniste se serait prolongée jusqu ’ en 1916 . Parmi ces martinistes , quelques maçons comme le grand-duc Nicolas Nicolaïevitch , Beboutov et l ’ Ukrainien Marcatoune .
II . Evolution de la Maçonnerie russe de 1909 à 1917 .

Un rapport maçonnique du Consistoire Rossia daté de 1929 fait savoir que , de 1909 à 1914 , des Frères russes relevant des loges françaises du GODF constituèrent une organisation qui s ’ appela le Grand Orient des Peuples de Russie ( GOPR ). Il précise que « cette organisation n ’ avait de maçonnique que le nom , n ’ ayant ni