Ritual, Secrecy, and Civil Society Volume 8, Number 1, Spring 2021 | Page 15

Les sources juives et chrétiennes de la légende de la Voûte

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Les sources juives et chrétiennes de la légende de la Voûte

Par Pierre Mollier
Ritual , Secrecy , and Civil Society • Vol . 8 , No . 1 • Spring 2021

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Arch » ou « Écossais », les grades fondés sur la légende de la Voûte jouent un rôle essentiel dans la plupart des systèmes maçonniques . D ’ ailleurs , ils ne sont sans doute que les différents héritiers du même haut grade anglais primitif de « Scot Master ». Il est probable que la trame symbolique de ces grades se soit mise en place en deux temps . Dans un premier temps , le « Scot Master » britannique – et ses équivalents « Maître Écossais » continentaux – se caractérisent par une légende qui les situe dans les ruines du Temple de Salomon où le récipiendaire redécouvre – par terre , sous une pierre , au pied d ’ une colonne , sans plus de précision – le secret perdu du vrai nom de Dieu . Dans un deuxième temps – et c ’ est un enrichissement « théâtral » presque naturel – cette découverte est transférée dans une voûte oubliée dans les fondations du Temple . On passe du Maître Écossais à son développement en Royal Arch . La Maçonnerie continentale , et notamment française , gardera dans sa pratique les vestiges de ces deux couches géologiques … Ainsi , dans le Rite Écossais Ancien et Accepté , le 5 e grade de Maître Parfait semble un décalque français des tout premiers Scot Masters et le 13 e degré de Chevalier de Royal Arch intègre la légende de la
Voûte . Mais , là encore , la franc-maçonnerie ne fait sans doute que reprendre et « mettre en grade » un thème plus ancien présent dans le versant ésotérisant du judéo-christianisme . On trouve en effet , tant dans le judaïsme que dans le christianisme , des sources qui font allusion à l ’ existence , sous le Temple de Salomon , d ’ une voûte cachée , secrète , qui abriterait des attributs divins . Pour suivre la chronologie des textes , nous citerons d ’ abord quelques références hébraïques qui , à notre connaissance , n ’ ont pas encore été portées au dossier . Nous rappellerons ensuite les sources classiques identifiées par les historiens maçonniques anglais .
I . Dans la Bible

Probablement écrit à Alexandrie , vers 125 avant J . C ., dans un milieu de Juifs hellénisés , le deuxième livre des Maccabées relate les difficiles combats d ’ Israël et notamment , bien sûr , la révolte des Maccabées ( de 175 à 140 av . J . C .). Il est d ’ ailleurs aussi appelé « Le livre des martyres d ’ Israël ». Face au danger , les desservants du Temple décident d ’ en retirer les éléments les plus sacrés pour les soustraire à la violence des ennemis d ’ Israël . Ainsi , le quatrième verset du deuxième chapitre 1 explique que

1 Je remercie Thomas Dufresne de m ’ avoir signalé cette référence . 7