Revue zoom juin 2019 revue imprimeur (1) | Page 15

Interview Céline : Projet Sénégal Dans notre numéro précédent, nous vous parlions de quelques de jeunes et de leur permettre de grandir, de s’ouvrir et de se activités mises en place pour financer le projet Sénégal. Ren- découvrir mais aussi d’être confrontés aux autres, d’être ac- teurs, d’être citoyens engagés, de faire partie d’un projet qui contre avec Madame Marinelli, qui est à la base de ce projet. les marquera et qui, certainement, les amènera à changer le Comment est né ce projet ? regard sur leur propre quotidien, en prenant conscience de Ce projet est né à la suite d’observations faites dans mon mé- leur confort matériel avec toutes les commodités dont on dis- pose ici en Belgique. tier d’éducatrice. Je pars avec un groupe de 16 élèves âgés de 17 à 18 ans et qui sont volontaires pour vivre ce projet. Je désire travailler avec des adolescents qui sont capables de s’engager pleinement, qui pourront prendre conscience des choses essentielles et qui deviendront autonomes. Certains se cherchent en- core, ont des incertitudes ou une faible estime d’eux-mêmes. J’aimerais, par ce projet, les guider vers une plus grande ouverture d’esprit. Je me trouvais en salle d’étude avec un petit groupe d’élèves de 4 e secondaire, je les laisse discuter entre eux. Deux nou- velles élèves, africaines, viennent d’arriver à l’école. Je leur offre donc la possibilité de faire con- naissance. Je les entends parler de leurs cultures respectives, de la façon de vivre dans leur pays en com- paraison avec ce qu’ils ont ici. Je les entends affirmer que, sans Internet, sans électricité, sans leur confort au quotidien, il leur serait impossible de vivre. C’est alors qu’une idée de projet a germé. Je me suis posée plu- sieurs questions concernant les élèves: « Comment leur faire prendre conscience que l’on peut être heureux sans cette vie matérialiste ?», « Comment les ouvrir à d’autres horizons ? », « Comment leur donner la possi- bilité de s’ouvrir à un autre monde, de communiquer et de sortir de leur confort ? », « Comment les amener à ne pas ju- ger uniquement sur une impression mais aller au-delà et ap- prendre à se connaître ? ». Après réflexion et discussion avec un collègue, l’idée de partir au Sénégal avec les jeunes m’est venue à l’esprit. Ce genre de projet est innovant chez nous, jamais personne ne l’a encore proposé. Je ne peux laisser passer une telle opportu- nité, il permettrait aux jeunes de se mobiliser afin d’atteindre un objectif commun à travers une action collective, d’aller à la rencontre de l’autre malgré les différences. Cela leur per- mettra aussi de participer et d’élaborer ensemble, des actions pour un projet qui leur tient à cœur et les sensibilise. Ce qui me motive dans ce projet, c’est de pouvoir animer un groupe 15 En discutant avec eux, je me suis aper- çue qu’ils n’étaient pas conscients de la chance qu’ils avaient de vivre dans un pays tel que le nôtre, où tout est à portée de main comme l’eau, l’électri- cité, le wifi, le dernier GSM à la mode. Ils ne réalisaient pas que, à quelques milliers de kilomètres d’ici, d’autres jeunes avaient une vie bien plus compliquée. J’ai pu observer également qu’ils éprou- vaient des difficultés à s’ouvrir aux autres, à accepter la diffé- rence, à sortir de leur zone de confort pour aller à la rencontre de l’autre. La communication n’était pas leur priorité, ils ne prenaient pas le temps de découvrir la personne en face d’eux, préférant utiliser les écrans de GSM ou d’ordinateur. Grâce à ce projet, je voulais rétablir une vraie communication et que les jeunes prennent conscience qu’il existe des populations très différentes des nôtres, avec leurs difficultés et je souhai- tais que ces différences puissent leur apporter un « plus » dans leur vie future. Toutes les valeurs prônées étaient en totale adéquation avec celles de l’Institut Saint-Joseph: la découverte de soi, de l’autre, la différence, l’acceptation d’une autre culture, etc. Elles ont pu être retravaillées dans le cadre de ce projet.