Revue Six Étoiles Revue Six Étoiles 2014 | Page 12
DANS LA TÊTE DU COPILOTE :
Photo : Andrew Harvey Photography
ALAN OCKWELL
Les rallyes ne sont pas pour les cœurs
sensibles : en plus des vitesses élevées, il
faut gérer les obstacles comme les rochers,
les animaux de ferme ou les montagnes.
Vouloir conduire aussi vite que possible sur
un parcours de rallye spécial est une chose,
être la personne responsable de donner les
instructions au pilote quand ces obstacles se
pointent à l’horizon en est une autre.
Lors des championnats canadiens des
rallyes, Alan Ockwell a acquis la réputation
d’être l’un des meilleurs copilotes dans son
domaine. Il a enregistré pas moins de 195
victoires d’étape, trois victoires régionales
et dix victoires lors de rallyes nationaux, et
remporté un championnat en Ontario et
deux championnats canadiens. Disputés
en 2008 et 2009, ces deux derniers
championnats ont été remportés avec
l’équipe canadienne des rallyes Subaru au
volant d’une très puissante WRX STI 2008
hautement modifiée. Nous avons surpris
Alan dans un rare moment de tranquillité et
nous lui avons demandé ce qu’il fallait pour
faire partie des meilleurs copilotes de rallye.
Q : Qu’est-ce qui incite quelqu’un à vouloir
devenir copilote ou navigateur de rallye?
R : C’est très simple : il faut être fou à lier!
(Rires). Le travail de copilote est tout à
fait adapté à mes compétences. Je lis
beaucoup, je suis logique et je suis bon
en mathématiques. Je suis comme un
comptable des bois! Par ailleurs, quand on
aime l’univers du rallye sans nécessairement
être le pilote le plus doué, c’est le meilleur
moyen de participer à ce sport. Je ne pense
pas avoir l’équilibre nécessaire pour devenir
un pilote de rallye de compétition.
Q : Quelle est la qualité la plus importante
qu’un copilote de haut niveau doit avoir
pour réussir?
R : D’abord et avant tout, un copilote de
haut niveau doit être capable de traiter un
grand nombre de données dans un court
laps de temps pendant que son bolide roule
à grande vitesse. Les meilleurs copilotes
retiennent ces données tout en restant
parfaitement calmes et en plein contrôle.
Q : Quelles autres compétences
particulières sont indispensables ou
recommandées?
R : La capacité à affronter l’adversité. Le
rallye parfait n’existe pas, mais en tant
que navigateur, on ne peut pas perdre son
sang-froid. Quand on perd le fil dans ses
notes d’étapes, il suffit de prendre une
grande respiration, de s’y retrouver et de
continuer. Après le rallye, il sera toujours
temps de s’attarder aux difficultés; mais
pendant la compétition, il est important de
se concentrer afin d’être calme et d’avoir
l’esprit présent. Est-ce qu’on devrait changer
un pneu maintenant ou plus tard? Est-ce
qu’on prend le risque de perdre du temps
maintenant ou est-ce qu’on attend? On doit
prendre des décisions, s’y tenir et éviter de
les remettre continuellement en question.
Une autre qualité importante – mais qui n’est
pas nécessairement mon point fort – est la
patience. Je travaille là-dessus!
Q : En dehors de la voiture, avez-vous
un entraînement mental ou physique
particulier pour vous aider à vous préparer
en vue d’une compétition?
R : Je passe beaucoup de temps à étudier
les vidéos des rallyes précédents. J’observe
les copilotes, je retiens leurs bons coups
et je prends en note leurs erreurs. Ça
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m’aide avec ma propre planification. Je lis
aussi beaucoup dans le métro, car c’est
un excellent moyen pour s’habituer à lire
dans ce type d’environnement mobile. Le
fait d’essayer d’éviter le mal des transports
peut aussi être considéré comme un
entraînement physique. Les copilotes
n’ont pas nécessairement besoin d’être
en meilleure condition physique que la
moyenne, mais ce peut être un avantage
que de contrôler son poids.
Q : Quelle a été votre expérience la plus
difficile en tant que copilote?
R : Je dirais que c’est d’avoir participé à un
rallye avec une équipe très compétitive,
mais de ne pas avoir gagné. Nous avions
tout ce qu’il fallait pour réussir, mais les
choses ne se sont pas passées comme
nous l’avions espéré. L’expérience s’est
révélée psychologiquement épuisante et
m’a pesé lourdement. Pendant les longs
intervalles entre chaque étape, je repensais
constamment à ce qui n’avait pas fonctionné
à l’étape précédente.
Q : Quelle a été votre expérience la plus
gratifiante en tant que