Revue Leader juin juin 2013 | Page 11

Entrevue

Changement de culture La question de l’ autonomie des caisses préoccupe beaucoup certains dirigeants. Ils ont dit oui à la mise en œuvre du CSP, mais ils craignent, par exemple, de perdre le contrôle des coûts. Un véritable changement de culture est en train de se produire. Robert Ouellette en est tout à fait conscient. Selon lui, il faudra être lucide et prévoir que la mise en œuvre sera difficile: « Nous nous heurterons à plusieurs problématiques qui ne seront pas techniques. Ce seront des problématiques liées à la gestion du changement. Elles se vivront à l’ échelle humaine. » Plusieurs constateront, par exemple, que ce qui était parfait et limpide sur papier sera difficile à appliquer dans le quotidien. L’ adaptation, bien réelle, se fera dans l’ action. Ce n’ est pas négatif ni une raison pour reculer, à son avis. Cependant, il faut être conscient que tout changement, surtout s’ il est important, oblige les personnes directement concernées à s’ adapter.
Beaucoup de gens croient ou ont l’ impression que le Mouvement est parfois loin de la réalité des caisses. En discutant avec M. Ouellette et Cormier, nous avons constaté qu’ au contraire, ils étaient à l’ écoute pour comprendre les attentes et les besoins des caisses, ainsi que les défis que ce genre de changement peut leur imposer. C’ est un dossier qui commande la proximité des caisses, car la connaissance plus fine des particularités de chaque région, de chaque caisse, sera essentielle. Pour cette raison le comité fera appel aux personnes directement touchées par les changements à venir, notamment en créant des équipes de gestionnaires qui l’ aideront à réduire le plus possible les irritants qui pourraient apparaître en cours de route. « On n’ impose rien, affirmait Guy Cormier. Au contraire, nous travaillons ensemble. Nous sommes guidés par un souci constant de réalisme. »
Le choix des personnes composant le comité de transition est très important. « Comment a-t-il été fait? » leur a demandé Danielle Hénault. La réponse est venue de Guy Cormier: « Il faut savoir que nous n’ avons pas nommé les DG membres du comité. Nous avons demandé aux VPR, avec les DG de leurs régions respectives, d’ identifier les personnes qui pourraient y siéger. Des personnes, donc,“ légitimées” par leurs régions, qui ont toutes été choisies suite à un exercice qui s’ est fait rigoureusement avec les vice-présidents régionaux qui se sont assurés d’ obtenir un consensus auprès des caisses. »
Un réseau? Dans un an et demi, en principe, la société sera créée et le projet se concrétisera dans son ensemble. Quel sera le nombre de sites qui composeront le CSP et où seront-ils situés? C’ est une question très concrète que tout le monde se pose.
« La question qui tue! » a répondu Robert Ouellette en souriant. L’ approche qu’ ils ont adoptée est celle d’ étudier deux scénarios qui continuent d’ ailleurs d’ évoluer. Cependant, la décision finale ne viendra pas d’ eux, mais du comité de transition. Tout d’ abord, comme il le précisait, une analyse s’ impose. On ne peut pas prendre une carte géographique et y planter des sites de manière arbitraire. Il faut tenir compte de plusieurs facteurs. « Nous avons établi certains principes, et l’ un de ceux-là est la récupération des ressources afin de minimiser l’ impact RH. Un autre principe est celui de tenir compte des localisations existantes. Enfin, il y a l’ adéquation entre les besoins de ressources des activités du CSP par rapport aux bassins de main-d’ œuvre des villes candidates. Retenons tout de même qu’ on veut favoriser la déconcentration en région. Mais ce ne sera pas si facile pour l’ ensemble des activités. Je sais qu’ il y a une pression naturelle de vouloir concentrer les activités dans les grandes régions de Montréal et de Québec, mais le comité devra faire ses recommandations en tenant compte de tous les critères. »
À quoi pourrait ressembler le réseau du CSP? Selon Guy Cormier, le CSP serait doté de plusieurs points de service dans différentes localisations, un peu comme les caisses. « Ce n’ est pas coulé dans le béton, a-t-il dit, mais on pense que chaque site du CSP serait spécialisé dans un métier et qu’ on va en avoir un ou deux par métier à travers le Québec et l’ Ontario. Combien? On compte de cinq à six activités( encodage, traitement de la paie, etc.) qui pourraient se faire dans le CSP. On peut aussi imaginer que des services physiques pourraient être offerts dans 10 à 12 points de services. »
Si l’ on comprend bien, ce serait un peu comme une grande société avec ses divisions.
Accompagnement des employés Le centre d’ accompagnement des personnes, mis sur pied il y a un peu plus d’ un an afin de composer avec tout le volet de l’ évolution de la caisse et de ses centres, sera mis à contribution. Sa mission première est d’ accompagner les caisses et les employés lorsque surviennent des changements importants. Retarder l’ implantation de la société de services un an plus tard permettra de mieux faire les choses sur ce plan, selon Robert Ouellette: « Le Mouvement Desjardins, il ne faut pas l’ oublier, est un regroupement de coopératives. L’ aspect humain est au cœur de ses valeurs et nous devrons certainement en tenir compte dans les choix que nous ferons pour la mise en place du centre de services partagés. »
Quelles seront les prochaines étapes? Début juin a lieu une première rencontre du comité de transition. Le prochain grand rendez-vous sera à l’ automne. On déterminera alors un moment pour parler plus précisément de la question de la localisation, notamment pour le plan 2014. Robert Ouellette a précisé: « En réalité, il y a deux blocs. Le premier est celui de la planification au cours duquel seront étudiés le modèle opérationnel, les localisations et les activités dans les centres administratifs. On aimerait aussi en profiter pour cerner une ou deux activités candidates qu’ on pourrait mettre en œuvre d’ ici la fin de l’ année, et faire la revue du business case. On ne veut pas que du papier, on veut du concret. Le deuxième bloc vise à poursuivre le déploiement du recouvrement, de l’ encodage et des opérations monétaires et du back-office entreprise( CFE, etc.). »
Dans quelques mois se vivra une première étape marquante du projet: avec le comité de transition, le Mouvement recommandera fortement de débrancher les comités de coordination des centres administratifs. Cette étape mettra la table pour le futur centre de services partagés. n
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Juin 2013