apparition. La fillette se révolte, elle réclame la justice. Le curé par son esprit d’ enfance plonge dans la miséricorde de Dieu et prie miséricorde pour la souffrance de la fille.
La déception apparaît dans la vie de Germaine Malorthy de la même façon que dans la vie de Chantal du château.
L’ enfant malheureux, en voie de perversion est Philippe dit Steeny du Monsieur Ouine, il lui manque une famille équilibrée, mais il ne se demande pas, il ne veut pas être libre, selon ses propres mots. Il se moque de l’ expression « maison maternelle », « les types parlent des maisons paternelles ». On ressent déjà l’ influence de Ouine dans sa pensée, dans son langage. Face à son copain Guillaume, infirme, privé des dons de la nature, Philippe est un garçon plein d’ énergie. A la sensibilité ludique de Philipe, Guillaume a un esprit aiguisé par la souffrance. On nous semble que l’ auteur est lui – même dans la personne Guillaume, avec des béquilles et à un esprit vif de commentaires.
Dans les Ecrits de combat – Les Enfants humiliés, Bernanos fait référence à Hitler et le considère comme un enfant qui a perdu son esprit d’ enfance. Il nous rappelle le désespoir, l’ humiliation, « d’ une enfance pauvre, d’ une jeunesse manquée, d’ une guerre manquée ».
Mouchette de Nouvelle histoire de Mouchette, fille d’ un « ancien contrebandier » 28 dans une famille d’ une « race d’ alcoolique » 29 …. ne se souvient guère, elle était né sous le signe du rêve, ses premières années n’ étaient au fond de sa mémoire qu’ un paysage de brume. Douloureuse constatation d’ un enfant né sous le signe du malheur. Le manque d’ amour de ses parents, la douleur et la pauvreté fait l’ atmosphère du monde ou elle est venue. Le tableau est assez sombre, le paysage gris noir, la fille se sent en dehors de tous ce qui est joyeux. Mouchette a sû cependant préserver sa jeunesse et sa pureté. Même la chanson de l’ école lui donne sur les nerfs, elle n’ aime pas chanter, elle ne veut pas chanter. La musique ne la touche pas du tout, en plus elle n’ a aucune disposition de chanter. La chanson est propre à l’ enfance, la chanson exprime la joie de l’ âme, paradoxalement la fille ne sent pas du tout que la musique l’ envahi, au contraire elle hait toute musique, d’ une haine farouche, inexplicable. Les larmes viennent aux ses yeux: « Chaque note est comme un mot qui la blesse au plus profond de l’ âme, un de ces mots lourds que les garçons lui jettent en passant, à voix basse, qu’ elle feint de ne pas entendre, mais qu’ elle emporte parfois avec elle jusqu’ au soir, qui ont l’ air de coller à la peau » 30. L’ enfance terrorisée par les mots d’ un monde qui ne peut offrir l’ amour à ses créatures, un monde plein d’ ennui et de tristesse, d’ après la guerre. L’ enfance blessée jusqu’ à l’ os est présente dans ce passage. La fille pure est violée par ignorance d’ un Arsène, le seul qui a eu attention pour elle. Celui-ci a humilié la fille en ce qu’ elle avait le plus précieux, son enfance, sa pureté. Elle se donne à ce jeune homme pour échapper à la solitude. Dans sa pureté elle ne comprend pas pourquoi elle est pauvre et si humilié par la vie. Elle ne comprend pas, continue le même critique que sa pauvreté de femme implique le don de sa virginité, et qu’ il y a une autre virginité, celle de l’ enfant de Dieu 31.
„ Elle n’ arrive plus à pleurer, elle a trop honte d’ elle, de son mal, elle se hait trop. Ce n’ est pas de sa faute qu’ elle a honte, non! Elle hait sa déception fondamentale, la hideuse erreur où a sombré d’ un coup sa jeunesse, sa vraie jeunesse, celle qui, hier encore, attendait de se détacher de l’ enfance, de naître au jour, unique occasion perdue – ô souillure ineffaçable!” 32. Mouchette de la Nouvelle Histoire de Mouchette est sincère dans sa solitude, elle ne ment pas, ne se renferme pas dans le mensonge. Elle ne comprend que toute abandonné elle reste un enfant de Dieu, qu’ au delà de la misère il y a l’ espoir et la vie.
28 Georges Bernanos, Nouvelle histoire de Mouchette, p. 305. 29 Ibidem, p. 306. 30 Ibidem, p. 306. 31 Yves Bridel, op. cit., p. 189. 32 Georges Bernanos, Nouvelle histoire de Mouchette, p. 289.
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