retropresse 206 Histoire de ...103 | Page 9

Au sud de Gondole, et dans le quartier artisanal proche de l’Al- lier, ont été trouvés des vestiges de matériel militaire datant de cette époque, signes de combats importants. A. Hyland (The horses in the Roman world, B.T. Batsford, 1990) estimait à 18 000 (mules, ânes et chevaux) le nombre d’équidés accompagnant 4 légions. Prenons l’hypothèse de 20 000 équidés (dont 4 000 pour le trait et les bagages), 28 000 légionnaires, les chariots des bagages et enfi n 10 000 auxiliaires (au minimum). Tout ce beau monde, passant sur un pont (sans doute plus ou moins bien consolidé) de 2 m de large, représenterait un convoi de 50 à 80 km. Avec une vitesse moyenne comprise entre 2 et 2,5 km/h (vitesse moyenne sur terre ferme), le passage de l’Allier demanderait entre 25 et 40 heures sur le goulot d’étranglement du pont, et à condition qu’il n’y ait aucun aléa. Cependant nous ne sommes pas dans un cheminement linéaire sur terre ferme. Il faut ajouter le temps de construction du pont, les combats dans le lit de l’Allier, le harcèlement par les Gaulois des différents corps d’armée romaine quittant le Petit Camp, puis le Grand Camp, l’évacuation des blessés, la gestion des départs des différents corps d’armée, les temps de repos, de repas (pour hommes et équidés), etc… On s’aperçoit que les trois jours cor- respondent bien, peu ou prou, au temps nécessaire à César pour faire passer son armée dans une zone qui sera sécurisée par la des- GLOSSAIRE truction du pont, sans Eburon : Province de Liège et doute ordonnée après Limbourg. le passage des légions. Carnute : Région autour Il perd, là encore, des d’Orléans et Gâtinais. hommes, en particu- Noviodunum : Il y a plusieurs lier les derniers qui Noviodunum, il s’agit ici de passeront la rivière la cité des Bituriges, actuel et qui détruiront l’ou- Neung-sur-Beuvron. vrage derrière eux. Gondole, murus gallicus. © Photo Eriamel -Thierry Lemaire. LES LÉGIONS ROMAINES QUI MONTENT À L’ASSAUT DE GERGOVIE Dans le De Bello Gallico (Liv. VII, 34), César écrit : « Divisant son armée en deux corps, il donne quatre légions à Labienus pour aller chez les Sénons et les Parisii (dont les légions VII et XII citées plus loin Liv. VII, 62) ; lui-même, à la tête de six autres légions, il s’avance vers Gergovie. » Nous connaissons la répartition de son armée sur les deux camps (Liv. VII, 36) au pied de Gergovie ainsi que les légats qui en sont responsables : le légat C. Fabius, qui défend le Grand Camp pendant l’absence de César (Liv. VII, 40), et le légat T. Sextius commande le Petit Camp (Liv. VII, 49). La légion VIII est nommée chapitre 47, elle est accompagnée d’une autre légion et monte vers la cité par l’est. On connaît deux de ses centurions, L. Fabius qui se retrouve confronté aux femmes celtes et M. Petronius qui s’approche de la porte prin- cipale de l’oppidum. Quand César fait sonner la retraite, la légion X est proche de César (Liv. VII, 47), il demande au légat Sextius de faire sortir des cohortes de la légion XIII en soutien (Liv. VII, 49 et 51). Munis de ces informations on peut globalement localiser les légions avant l’engagement ; 6 légions dont quatre dans le Grand Camp et deux dans le Petit Camp, une légion aguer- rie dans chaque camp, la légion X dans le camp principal et la légion XIII dans le Petit Camp. La légion VIII et une autre sortent du grand camp, la légion X sortira en soutien, il reste une légion à garder le grand camp. Une légion visible des positions gauloises quitte le Petit Camp, c’est celle qui rejoint les muletiers et qui se cachera plus tard dans le fond d’un vallon, sous une forêt, reste alors la légion XIII dans le Petit Camp, ce qui explique qu’au cœur de la bataille, T Sextius fait sortir des cohortes de cette légion et non la légion entière, une partie des cohortes reste dans le Petit Camp pour le garder. 45