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Au sud de Gondole, et dans le quartier artisanal proche de l’Al-
lier, ont été trouvés des vestiges de matériel militaire datant de
cette époque, signes de combats importants.
A. Hyland (The horses in the Roman world, B.T. Batsford,
1990) estimait à 18 000 (mules, ânes et chevaux) le nombre
d’équidés accompagnant 4 légions. Prenons l’hypothèse
de 20 000 équidés (dont 4 000 pour le trait et les bagages),
28 000 légionnaires, les chariots des bagages et enfi n
10 000 auxiliaires (au minimum). Tout ce beau monde, passant
sur un pont (sans doute plus ou moins bien consolidé) de 2 m de
large, représenterait un convoi de 50 à 80 km. Avec une vitesse
moyenne comprise entre 2 et 2,5 km/h (vitesse moyenne sur
terre ferme), le passage de l’Allier demanderait entre 25 et
40 heures sur le goulot d’étranglement du pont, et à condition
qu’il n’y ait aucun aléa.
Cependant nous ne sommes pas dans un cheminement linéaire
sur terre ferme. Il faut ajouter le temps de construction du pont,
les combats dans le lit de l’Allier, le harcèlement par les Gaulois
des différents corps d’armée romaine quittant le Petit Camp, puis
le Grand Camp, l’évacuation des blessés, la gestion des départs
des différents corps d’armée, les temps de repos, de repas (pour
hommes et équidés), etc… On s’aperçoit que les trois jours cor-
respondent bien, peu ou prou, au temps nécessaire à César pour
faire passer son armée
dans une zone qui sera
sécurisée par la des-
GLOSSAIRE
truction du pont, sans
Eburon : Province de Liège et
doute ordonnée après
Limbourg.
le passage des légions.
Carnute : Région autour
Il perd, là encore, des
d’Orléans et Gâtinais.
hommes, en particu-
Noviodunum : Il y a plusieurs
lier les derniers qui
Noviodunum, il s’agit ici de
passeront la rivière
la cité des Bituriges, actuel
et qui détruiront l’ou-
Neung-sur-Beuvron.
vrage derrière eux.
Gondole, murus gallicus. © Photo Eriamel -Thierry Lemaire.
LES LÉGIONS ROMAINES QUI
MONTENT À L’ASSAUT DE GERGOVIE
Dans le De Bello Gallico (Liv. VII, 34), César écrit : « Divisant son
armée en deux corps, il donne quatre légions à Labienus pour aller
chez les Sénons et les Parisii (dont les légions VII et XII citées plus
loin Liv. VII, 62) ; lui-même, à la tête de six autres légions, il s’avance
vers Gergovie. »
Nous connaissons la répartition de son armée sur les deux
camps (Liv. VII, 36) au pied de Gergovie ainsi que les légats qui
en sont responsables : le légat C. Fabius, qui défend le Grand
Camp pendant l’absence de César (Liv. VII, 40), et le légat
T. Sextius commande le Petit Camp (Liv. VII, 49).
La légion VIII est nommée chapitre 47, elle est accompagnée
d’une autre légion et monte vers la cité par l’est. On connaît
deux de ses centurions, L. Fabius qui se retrouve confronté aux
femmes celtes et M. Petronius qui s’approche de la porte prin-
cipale de l’oppidum.
Quand César fait sonner la retraite, la légion X est proche de
César (Liv. VII, 47), il demande au légat Sextius de faire sortir
des cohortes de la légion XIII en soutien (Liv. VII, 49 et 51).
Munis de ces informations on peut globalement localiser les
légions avant l’engagement ; 6 légions dont quatre dans le
Grand Camp et deux dans le Petit Camp, une légion aguer-
rie dans chaque camp, la légion X dans le camp principal et la
légion XIII dans le Petit Camp.
La légion VIII et une autre sortent du grand camp, la légion X
sortira en soutien, il reste une légion à garder le grand camp.
Une légion visible des positions gauloises quitte le Petit Camp,
c’est celle qui rejoint les muletiers et qui se cachera plus tard dans
le fond d’un vallon, sous une forêt, reste alors la légion XIII dans le
Petit Camp, ce qui explique qu’au cœur de la bataille, T Sextius fait
sortir des cohortes de cette légion et non la légion entière, une
partie des cohortes reste dans le Petit Camp pour le garder.
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