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Le siège et la bataille de Gergovie
exactions, à la prise d’esclaves (les fameuses récompenses d’Ava-
ricum), une partie de la légion VIII oublie, peut-être un court
instant, l’objectif prioritaire. Or les femmes ont besoin, compte-
tenu de la distance qui les sépare des guerriers gaulois, de tenir
15 à 20 minutes environ.
Quand l’autre partie de la légion VIII arrive en vue de la porte,
elle ne reçoit pas le soutien souhaité. Pire, les Gaulois « intra
muros » s’élancent, les uns vers cette porte, les autres vers l’est
de la cité. Le centurion Petronius est massacré et sans doute,
avec lui, une partie de ses hommes. César entend le son des car-
nyx, sonnerie d’alarme à destination des Gaulois situés sur les
collines proches. Il ordonne à ce moment-là de sonner la retraite.
Mais il est trop tard. Le légionnaire Fabius est tué et son corps
lancé du haut du rempart. Les femmes dociles deviennent agres-
sives. La légion VIII s’enfuit, et dans la débandade, charge la cava-
lerie des Éduens qu’elle confond avec la cavalerie gauloise.
Du Petit Camp, Sextius fait sortir la légion XIII. César, dont on
ignore l’exacte position, fait sortir la légion X. Ces deux légions,
situées un peu plus bas, peuvent se déployer et permettre aux
légions en pleine débandade de se réfugier vers les camps. Il ne
reste plus à César qu’à faire le point et se tirer du piège dans
lequel il est tombé. Car sans doute, après ce revers, les troupes
fraîches gauloises, devant protéger Corent, menacent-elles de
se mettre en action à leur tour.
Les combats autour de Gondole
César vient de subir une première défaite, il lui faut maintenant
sortir son armée du péril qui la menace. Une nouvelle hypo-
thèse sur le franchissement de la rivière Allier par les troupes
romaines à Gondole peut être envisagée.
« César […] persistant dans ses projets de départ, fi t sortir les légions
du camp et les mit en bataille sur un terrain favorable. Vercingétorix
descendit aussi dans la plaine : après une légère escarmouche de
cavalerie, où César eut le dessus, il fi t rentrer ses troupes. Il recom-
mença le lendemain ; jugeant alors l’épreuve suffi sante pour rabattre
la jactance des Gaulois et raffermir le courage des siens, il décampa
pour se rendre chez les Éduens. Les ennemis n’essayèrent même pas
de le suivre et, le troisième jour, il arriva sur les bords de l’Allier, réta-
blit le pont et le passa avec l’armée (§ 53). »
Il ne faut pas trois jours pour arriver sur les bords de l’Allier, qui
coule à 3 k à l’est du Grand Camp. César vient de perdre 46 cen-
turions, et même si cela ne signifi e pas qu’il y ait perte d’une cen-
turie par centurion tué, on peut cependant estimer entre 1 700
et 2 000 les pertes de légionnaires. C’est peu par rapport à l’es-
timation des 27 000 à 30 000 légionnaires présents sur place.
Pour les auxiliaires, un nombre de morts équivalent. Enfi n, il faut
ajouter les pertes dues à l’attaque du Grand Camp et des divers
affrontements. On est loin, très loin des 700 légionnaires indi-
qués par César. Nous n’avons pas évoqué le nombre des blessés
qui est sans doute supérieur à celui des morts. Nous avons donc
là une armée amoindrie qu’il faut mettre à l’abri.
Côté cavalerie, César ne dispose que de quelques Germains
(partis avec Labienus), et une partie des Éduens fait défection.
César est donc entouré de Gaulois : à l’ouest ceux qui étaient à
Gergovie, au sud des Gaulois venant de Corent ; enfi n une petite
armée menée par l’Éduen Litaviccos est quelque part au nord
sur la rive gauche de l’Allier. Rappel : le pont réparé par César est
à cinq jours de marche au nord de Gergovie. De plus, une ruse
du général romain avait été nécessaire pour réparer ce pont
sur des pilotis existants sans qu’il soit attaqué par les Gaulois.
S’il y a eu bataille de cavalerie,
c’est sans doute parce que la
cavalerie éduenne a protégé les
légionnaires romains dans leur
progression vers Gondole. Trois
jours semblent bien refl éter le
temps nécessaire pour que César
puisse faire passer son armée
sur l’autre rive de la rivière, à la
condition toutefois que ses pon-
tonniers puissent travailler sur
la rivière à l’abri des charges des
Gaulois. Un seul endroit se prête
à cette opération : la cité gauloise
de Gondole qui, même si elle a
été partiellement brûlée par les
Gaulois lors de son évacuation,
possède un solide rempart. Il
n’y a aucune autre échappatoire
possible pour pouvoir ensuite
remonter au nord.
Combat Gaulois contre Romains,
reconstitution. © photo Pax Augusta.
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