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La bataille de Gergovie
La position des protagonistes
Vercingétorix rejoint Gergovie et s’ins-
talle sur les hauts des Rizolles au moment
où César commence la construction de
son camp fortifi é. César nous informe
(Liv., 7-46) que Teutomatos et son armée
occupent trois campements devant la cité,
protégés par un mur haut de six pieds.
En fait, le chef gaulois installe des troupes
sur plusieurs positions. Nous en connaissons
au moins une avec certitude, puisqu’elle est
le lieu du premier affrontement nommé par
Carte de la situation au début du siège de Gergovie. © AssoR Hist et BD, Eriamel - Thierry Lemaire.
César pour le siège de Gergovie. « En face de
la ville, au pied même de la montagne, était une
éminence escarpée de toutes parts et bien forti-
fi ée ; en l’occupant, nous privions probablement
l’ennemi d’une grande partie de ses eaux et de la
facilité de fourrager ; mais elle avait une garnison,
à la vérité un peu faible. César, dans le silence
de la nuit, sort de son camp, s’empare du poste,
dont il culbute la garde. Avant que de la ville on
puisse lui envoyer du secours, y met deux légions
et tire, du grand au petit camp, un double fossé de
douze pieds pour qu’on puisse aller et venir, même
individuellement, sans crainte d’être surpris par
l’ennemi » (Liv. VII, 36).
Les découvertes archéologiques ont per-
mis, dès le milieu du XIX e siècle, de situer
ces deux campements et le double fossé
qui les relie.
On doit cependant émettre l’hypothèse que
Carte de la situation au milieu du siège de Gergovie. © AssoR Hist et BD, Eriamel - Thierry Lemaire.
la prise de cette éminence soit plus tardive.
En effet, peu après l’installation de son camp principal, César doit
en avait blessé un grand nombre ; pour résister à cette attaque, notre
réagir à la défection des Éduens. « Litaviccos, avec l’armée mise sous
artillerie avait été d’un grand secours. Après la retraite des assaillants,
ses ordres, n’était plus qu’à trente mille pas environ de Gergovie, quand
Fabius, ne conservant que deux portes, avait fait boucher les autres et
tout à coup, assemblant les troupes et tout en larmes, leur dit : ‘’Où
ajouter des parapets aux remparts : il s’attendait pour le lendemain à
allons-nous, soldats ? Toute notre cavalerie… nos principaux citoyens,
une attaque identique. À cette nouvelle, et grâce à l’ardeur extrême des
Éporédorix et Viridomaros, ont été, sous prétexte de trahison, égor-
soldats, César parvint au camp avant le lever du soleil. »
gés par les Romains […]’‘ » (Liv. VII, 38). En fait, il n’en est rien et
Ce passage nous interpelle, car seul le Grand Camp semble avoir
« Éporédorix, informé du dessein de Litaviccos, en donne avis à César
été attaqué. La prise du promontoire, qui donnera le Petit Camp,
au milieu de la nuit […] César, sans hésiter un instant, prend quatre
a-t-elle eu lieu avant ou après l’attaque du Grand Camp ? La
légions sans bagage, et toute la cavalerie […] Il laissa pour la garde du
question reste posée, avec un problème d’effectif, même si des
camp le lieutenant C. Fabius, avec deux légions. Il avait ordonné de sai-
auxiliaires ont sans doute été amenés à soutenir les légions.
sir les frères de Litaviccos ; mais il apprit qu’ils venaient de s’enfuir
Quoi qu’il en soit, Caïus Fabius ne semble pas avoir quitté le Grand
vers l’ennemi » (Liv. VII, 40).
Camp, son collègue Titus Sextius occupant le Petit Camp avec deux
Pendant l’absence du général romain, son camp, défendu unique-
légions, dont la légion XIII comme le précise le De Bello Gallico.
ment par deux légions, est attaqué, « […] des cavaliers dépêchés par
Quelle que soit la période de la prise de la position qui deviendra
Fabius lui apprirent quel danger le camp avait couru. Il avait été atta-
le Petit Camp, une réaction des Gaulois suit probablement. Il n’est
qué par de très grandes forces ; des ennemis frais remplaçaient sans
pas impossible que Vercingétorix pose un camp d’observation sur
cesse ceux qui étaient las, et fatiguaient par leurs efforts continuels
le Puy de Jussat d’où on peut voir facilement tous (ou presque) les
les légionnaires forcés, à cause de la grande étendue du camp, de ne mouvements romains. Le sommet de cette colline est situé à un
pas quitter le rempart. Une grêle de fl èches et de traits de toutes sortes
kilomètre du Petit Camp et le domine de près de 100 m.
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