Littéra’Tour
en prison, voire les condamner à mort.
Gabriel Garcia Marquez et ses cent ans de solitude :
Parmi les représentants du réalisme magique
revient souvent le nom de Gabriel Garcia Marquez, un
des plus grands auteurs du XXème siècle et véritable
emblème de la littérature latino-américaine. Ecrivain
prolifique, ses livres sont traduits en plusieurs langues
et dans de nombreux pays, il est impossible de rentrer
dans une librairie sans y retrouver son nom.
L’affectueusement surnommé « Gabo » n’est pas
seulement un écrivain, non, mais aussi un fervent
militant politique. Armé de son imagination fertile,
il dépeint une Amérique latine empreinte de lyrisme
avec comme source d’inspiration son enfance, ses
rêves, la situation tragique de son pays ainsi que ses
drames familiaux. Ses livres abordent pour la plupart
les thèmes de l’amour, la solitude, la violence, la mort
et le tragique et reflètent la vision qu’il a de ce monde
; il est ironique, cynique et résigné.
Une minuscule pièce emplie de fumée, les bruits
réguliers et réconfortants d’une machine à écrire, la
solitude la plus complète ; c’est dans cet environnement
là que Cent ans de solitude, considéré comme le chef
d’œuvre de Marquez fut rédigé. Paru en 1967, il a valu
à son auteur le Prix Nobel de Littérature en 1982.
William Kennedy, écrivain et journaliste américain en
parle d’ailleurs en des termes élogieux, et la considère
comme « première œuvre depuis la Genèse dont la
lecture est indispensable à toute l’Humanité ».
Le roman suit l’histoire de génération en génération
de la famille Buendía depuis la naissance du village
imaginaire de Macondo, où ils résident. Le principal
thème qu’aborde le livre est la solitude à laquelle tous
les personnages de la famille Buendía sont confrontés
suite à une malédiction. C’est d’ailleurs dans ce livre
que Marquez va s’essayer à un nouveau genre qui allie
le fantastique, le merveilleux au réel, en incorporant
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AUTOMNE 2018 /HIVER 2019
aux événements quotidiens de la famille des éléments
magiques qui pourtant s’inscriront dans la banalité de
leur existence. Aucun des personnages ne manifestera
un étonnement quelconque face à l’impossibilité
ou « l’irréel » de ces petits « miracles ». On retrouve
également dans la description des paysages et des
décors une certaine exagération et une grande poésie,
sans pour autant déroger à la principale règle du
réalisme magique : Marquez relate des faits historiques
colombiens ; les guerres civiles liées aux conflits
politiques et les massacres qui eurent lieu à l’époque.
Prédictions, résurrections, confusion entre le passé et
le présent ou encore grandioses inventions, l’auteur
crée des situations plus improbables les unes que les
autres afin d’inviter le lecteur à l’accompagner dans son
monde subjectif et subjuguant, où l’incroyable côtoie
le banal et se fond dedans. Et c’est dans une fresque
familiale emplie de magie que Gabriel Garcia Marquez
dresse un portrait touchant de réalisme de la situation
des villages ruraux d’Amérique du Sud.
Conclusion :
En somme, le réalisme magique nous ouvre
les yeux sur un réel que nous ne connaissions pas, un
réel que nous ne voyions pas mais qui pourtant, est là
sous nos yeux. Il décrit ce qui aurait pu être si le réel
n’était pas aussi concret, voulant l’alléger, l’adoucir, le
refuser tout en l’étreignant. Il met des mots là où ils
n’auraient pas dû l’être, émerveillant les descriptions,
les embellissant tout en y restant étrangement fidèles.
Le réalisme magique, comme nous pouvons le lire dans
les œuvres de Garcia Marquez, brise le maléfice aux
frontières des différences, sublime le réel et réalise le
magique. C’est dire que, si l’art de la rationalité sème
le paradoxe, l’art dans toute son expression les fonde
dans l’unicité poétique de notre humanité.