ReMed 2019 Urgences ReMed Magazine Numéro 7-8 (6) | Page 50

Littéra’Tour en prison, voire les condamner à mort. Gabriel Garcia Marquez et ses cent ans de solitude : Parmi les représentants du réalisme magique revient souvent le nom de Gabriel Garcia Marquez, un des plus grands auteurs du XXème siècle et véritable emblème de la littérature latino-américaine. Ecrivain prolifique, ses livres sont traduits en plusieurs langues et dans de nombreux pays, il est impossible de rentrer dans une librairie sans y retrouver son nom. L’affectueusement surnommé « Gabo » n’est pas seulement un écrivain, non, mais aussi un fervent militant politique. Armé de son imagination fertile, il dépeint une Amérique latine empreinte de lyrisme avec comme source d’inspiration son enfance, ses rêves, la situation tragique de son pays ainsi que ses drames familiaux. Ses livres abordent pour la plupart les thèmes de l’amour, la solitude, la violence, la mort et le tragique et reflètent la vision qu’il a de ce monde ; il est ironique, cynique et résigné. Une minuscule pièce emplie de fumée, les bruits réguliers et réconfortants d’une machine à écrire, la solitude la plus complète ; c’est dans cet environnement là que Cent ans de solitude, considéré comme le chef d’œuvre de Marquez fut rédigé. Paru en 1967, il a valu à son auteur le Prix Nobel de Littérature en 1982. William Kennedy, écrivain et journaliste américain en parle d’ailleurs en des termes élogieux, et la considère comme « première œuvre depuis la Genèse dont la lecture est indispensable à toute l’Humanité ». Le roman suit l’histoire de génération en génération de la famille Buendía depuis la naissance du village imaginaire de Macondo, où ils résident. Le principal thème qu’aborde le livre est la solitude à laquelle tous les personnages de la famille Buendía sont confrontés suite à une malédiction. C’est d’ailleurs dans ce livre que Marquez va s’essayer à un nouveau genre qui allie le fantastique, le merveilleux au réel, en incorporant 50 AUTOMNE 2018 /HIVER 2019 aux événements quotidiens de la famille des éléments magiques qui pourtant s’inscriront dans la banalité de leur existence. Aucun des personnages ne manifestera un étonnement quelconque face à l’impossibilité ou « l’irréel » de ces petits « miracles ». On retrouve également dans la description des paysages et des décors une certaine exagération et une grande poésie, sans pour autant déroger à la principale règle du réalisme magique : Marquez relate des faits historiques colombiens ; les guerres civiles liées aux conflits politiques et les massacres qui eurent lieu à l’époque. Prédictions, résurrections, confusion entre le passé et le présent ou encore grandioses inventions, l’auteur crée des situations plus improbables les unes que les autres afin d’inviter le lecteur à l’accompagner dans son monde subjectif et subjuguant, où l’incroyable côtoie le banal et se fond dedans. Et c’est dans une fresque familiale emplie de magie que Gabriel Garcia Marquez dresse un portrait touchant de réalisme de la situation des villages ruraux d’Amérique du Sud. Conclusion : En somme, le réalisme magique nous ouvre les yeux sur un réel que nous ne connaissions pas, un réel que nous ne voyions pas mais qui pourtant, est là sous nos yeux. Il décrit ce qui aurait pu être si le réel n’était pas aussi concret, voulant l’alléger, l’adoucir, le refuser tout en l’étreignant. Il met des mots là où ils n’auraient pas dû l’être, émerveillant les descriptions, les embellissant tout en y restant étrangement fidèles. Le réalisme magique, comme nous pouvons le lire dans les œuvres de Garcia Marquez, brise le maléfice aux frontières des différences, sublime le réel et réalise le magique. C’est dire que, si l’art de la rationalité sème le paradoxe, l’art dans toute son expression les fonde dans l’unicité poétique de notre humanité.