nières et machinales. Autrement dit, il faut dévelop-
per en soi le désir ardent de se repousser dans ses
retranchements, de se surpasser continuellement, de
se frotter à de nouveaux défis, de s’essayer à des expé-
riences inédites. En bref, gardez-vous de convoiter fré-
nétiquement la ligne d’arrivée, d’aspirer aveuglément
au présumé Saint Graal de fin de cursus. Il serait bien
plus judicieux de vous éprendre de votre odyssée en
elle-même, de vous passionner pour votre quête et
sa portée. En effet, maintenant que l’ancre est levée,
vous ne foulerez guère la terre ferme de sitôt, appre-
nez donc à vous délecter de la vue !
« La médecine est très dure ! » :
Cette allégation n’est pas nécessairement avé-
rée, dans la mesure où les sciences médicales ne sont
pas qualitativement complexes à appréhender mais
plutôt quantitativement considérables. En effet, les
sciences de la santé n’ont rien d’abscons ou d’abstrus.
C’est plutôt la profusion des informations à assimiler
qui est écrasante. Devant l’ampleur de cette tâche qui
peut en accabler plus d’un, il est indispensable d’être
méthodique. Le but n’étant pas de travailler dur mais
intelligemment. Dans un monde qui évolue à pas de
géant, l’optimisation et l’efficience sont de rigueur. C’est
pourquoi, avant de se hâter d’étudier, il faut prendre le
temps de jauger sa façon de procéder et en déceler
les lacunes. Le meilleur des apprentissages commence
par l’apprentissage d’un meilleur apprentissage. Nous
vivons dans une ère sans précédent où l’accès à l’in-
formation est illimité. Astuces mnémotechniques,
méthodes d’optimisation de son temps, discours de
motivation, partage de témoignages et d’expériences
personnelles, applications en tous genres, en effet, la
toile foisonne de contenu visant à maximiser votre
rendement tout en minimisant l’effort dédié. Il suffit
de tendre le bras et tout est à portée de clic, servez-
vous !
« Là où commence la médecine, se termine votre vie
extra-universitaire » :
Ceci est le pire mensonge qu’on puisse vous faire ava-
ler. Certes, faire preuve de dévouement et d’engage-
ment est une démarche louable mais en aucun cas
cela signifie renoncer à toute activité qui vous donne
un souffle de vie. Dépeindre la médecine comme un
bourreau qui va inhumer vos loisirs est une ineptie
sans nom. Bien au contraire, l’âpreté de ces études
et le surmenage qu’elles peuvent entrainer imposent
justement un exutoire où se réfugier. Ce dernier peut
revêtir plusieurs aspects. Que ce soit une passion qui
vous tient à cœur, la compagnie de vos êtres chers
ou encore l’opportunité de vous retrouver avec vous-
mêmes. Il est nécessaire de maintenir une activité
par laquelle vous vous ressourcez et puisez la force
d’aller de l’avant. Ce qui rejoint le point évoqué tan-
tôt concernant l’importance de l’optimisation de son
temps. Après tout, un individu épanoui ne peut être
qu’un meilleur docteur.
« Deviens médecin et tu rouleras sur des lingots d’or» :
Ces promesses de faste et de prestige émanent clai-
rement de quelqu’un qui n’a jamais mis les pieds dans
une chambre de garde ou goûté aux repas servis aux
médecins. En admettant bien sûr qu’il y ait où dormir
et de quoi se sustenter. Quand ces pièces existent, il
s’agit de chambres vétustes pourvues de matelas- à
supposer qu’il y en ait- noircis, sales et usés. Certes,
il va sans dire que l’exercice d’une profession libérale
et certains choix de carrière demeurent plus lucra-
tifs que d’autres. Mais pour ceux dont la motivation
est foncièrement de nature pécuniaire, il existe des
métiers qui sont relativement moins astreignants et
coercitifs, plus rentables et ce, beaucoup plus tôt. D’où
l’importance de cultiver un intérêt authentique pour
la médecine. Que ce soit un besoin de philanthropie
et d’altruisme ou un simple amour pour les devinettes
et les énigmes non élucidées en passant par la fierté
d’être les seuls, outre Dieu, à manier les viscères des
gens, il appartient à chacun de trouver sa motivation
inhérente et propre à lui.
« La médecine est un concentré de parcoeurisme » :
Cette supputation résulte de plusieurs facteurs
qu’on va s’efforcer de décortiquer dans ce qui suit :
Tout d’abord, ce préjugé est imputable à l’abondance
du contenu descriptif que revêtissent les études médi-
cales. L’anatomie, l’histologie, l’anatomopathologie,…
autant de modules qui, de prime abord, relèvent plus
de la mémorisation que de la compréhension. Ou du
moins, c’est ce qu’on pourrait croire quand on les aborde
isolément. Or, lorsqu’on les couple à la physiologie, le
tout, s’imbrique harmonieusement. Par exemple, si l’on
cible l’étude d’un organe donné et qu’on connecte sa
configuration macroscopique -c’est-à-dire son ana-
tomie- à ses propriétés tissulaires microscopiques -à
savoir son histologie-, son fonctionnement, en d’autres
termes : sa physiologie, ne peut qu’en découler plus
naturellement. Hélas, l’une des aberrations de notre
système éducatif consiste à ce que ces modules, qui
ne sont rien d’autres que les différentes facettes d’une
même monnaie, soient enseignés isolément. A titre
d’exemple, la physiologie du système nerveux est
développée au premier trimestre tandis que son ana-
tomie ne sera enseignée qu’en fin d’année alors que
ReMed Magazine - Numéro 7/8
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