ReMed 2019 Urgences ReMed Magazine Numéro 7-8 (6) | Page 31

nières et machinales. Autrement dit, il faut dévelop- per en soi le désir ardent de se repousser dans ses retranchements, de se surpasser continuellement, de se frotter à de nouveaux défis, de s’essayer à des expé- riences inédites. En bref, gardez-vous de convoiter fré- nétiquement la ligne d’arrivée, d’aspirer aveuglément au présumé Saint Graal de fin de cursus. Il serait bien plus judicieux de vous éprendre de votre odyssée en elle-même, de vous passionner pour votre quête et sa portée. En effet, maintenant que l’ancre est levée, vous ne foulerez guère la terre ferme de sitôt, appre- nez donc à vous délecter de la vue ! « La médecine est très dure ! » : Cette allégation n’est pas nécessairement avé- rée, dans la mesure où les sciences médicales ne sont pas qualitativement complexes à appréhender mais plutôt quantitativement considérables. En effet, les sciences de la santé n’ont rien d’abscons ou d’abstrus. C’est plutôt la profusion des informations à assimiler qui est écrasante. Devant l’ampleur de cette tâche qui peut en accabler plus d’un, il est indispensable d’être méthodique. Le but n’étant pas de travailler dur mais intelligemment. Dans un monde qui évolue à pas de géant, l’optimisation et l’efficience sont de rigueur. C’est pourquoi, avant de se hâter d’étudier, il faut prendre le temps de jauger sa façon de procéder et en déceler les lacunes. Le meilleur des apprentissages commence par l’apprentissage d’un meilleur apprentissage. Nous vivons dans une ère sans précédent où l’accès à l’in- formation est illimité. Astuces mnémotechniques, méthodes d’optimisation de son temps, discours de motivation, partage de témoignages et d’expériences personnelles, applications en tous genres, en effet, la toile foisonne de contenu visant à maximiser votre rendement tout en minimisant l’effort dédié. Il suffit de tendre le bras et tout est à portée de clic, servez- vous ! « Là où commence la médecine, se termine votre vie extra-universitaire » : Ceci est le pire mensonge qu’on puisse vous faire ava- ler. Certes, faire preuve de dévouement et d’engage- ment est une démarche louable mais en aucun cas cela signifie renoncer à toute activité qui vous donne un souffle de vie. Dépeindre la médecine comme un bourreau qui va inhumer vos loisirs est une ineptie sans nom. Bien au contraire, l’âpreté de ces études et le surmenage qu’elles peuvent entrainer imposent justement un exutoire où se réfugier. Ce dernier peut revêtir plusieurs aspects. Que ce soit une passion qui vous tient à cœur, la compagnie de vos êtres chers ou encore l’opportunité de vous retrouver avec vous- mêmes. Il est nécessaire de maintenir une activité par laquelle vous vous ressourcez et puisez la force d’aller de l’avant. Ce qui rejoint le point évoqué tan- tôt concernant l’importance de l’optimisation de son temps. Après tout, un individu épanoui ne peut être qu’un meilleur docteur. « Deviens médecin et tu rouleras sur des lingots d’or» : Ces promesses de faste et de prestige émanent clai- rement de quelqu’un qui n’a jamais mis les pieds dans une chambre de garde ou goûté aux repas servis aux médecins. En admettant bien sûr qu’il y ait où dormir et de quoi se sustenter. Quand ces pièces existent, il s’agit de chambres vétustes pourvues de matelas- à supposer qu’il y en ait- noircis, sales et usés. Certes, il va sans dire que l’exercice d’une profession libérale et certains choix de carrière demeurent plus lucra- tifs que d’autres. Mais pour ceux dont la motivation est foncièrement de nature pécuniaire, il existe des métiers qui sont relativement moins astreignants et coercitifs, plus rentables et ce, beaucoup plus tôt. D’où l’importance de cultiver un intérêt authentique pour la médecine. Que ce soit un besoin de philanthropie et d’altruisme ou un simple amour pour les devinettes et les énigmes non élucidées en passant par la fierté d’être les seuls, outre Dieu, à manier les viscères des gens, il appartient à chacun de trouver sa motivation inhérente et propre à lui. « La médecine est un concentré de parcoeurisme » : Cette supputation résulte de plusieurs facteurs qu’on va s’efforcer de décortiquer dans ce qui suit : Tout d’abord, ce préjugé est imputable à l’abondance du contenu descriptif que revêtissent les études médi- cales. L’anatomie, l’histologie, l’anatomopathologie,… autant de modules qui, de prime abord, relèvent plus de la mémorisation que de la compréhension. Ou du moins, c’est ce qu’on pourrait croire quand on les aborde isolément. Or, lorsqu’on les couple à la physiologie, le tout, s’imbrique harmonieusement. Par exemple, si l’on cible l’étude d’un organe donné et qu’on connecte sa configuration macroscopique -c’est-à-dire son ana- tomie- à ses propriétés tissulaires microscopiques -à savoir son histologie-, son fonctionnement, en d’autres termes : sa physiologie, ne peut qu’en découler plus naturellement. Hélas, l’une des aberrations de notre système éducatif consiste à ce que ces modules, qui ne sont rien d’autres que les différentes facettes d’une même monnaie, soient enseignés isolément. A titre d’exemple, la physiologie du système nerveux est développée au premier trimestre tandis que son ana- tomie ne sera enseignée qu’en fin d’année alors que ReMed Magazine - Numéro 7/8 31