A la ligne d’ arrivée, après avoir sillonné l’ université de part en part, l’ équipe parvenue la première devait poser le diagnostic et définir la prise en charge adaptée. Cette journée pour le moins mouvementée avait éveillé notre vocation de médecin mais aussi exalté notre esprit de compétition.
Pour se remettre de nos émotions, rien de tel qu’ une petite escapade en mer. La fraicheur de l’ air marin avait ravivé les candidats essoufflés et pantelants tantôt. Le bruit des vagues était couvert par nos éclats de rire. Les notions de rivalité et d’ adversité s’ étaient estompées. Les membres du Medcamp étaient redevenus une seule et même famille, si bien qu’ on décida d’ immortaliser ce moment, et le crépuscule par ses teintes roses orangées, nous servit d’ arrière plan.
A la tombée de la nuit, on enchaîna avec une soirée karaoké. Décidément, le Medcamp était un dénicheur de talents. A la troupe de danse de la veille, succéda la chorale. Là encore, même si les gens ne se seraient pas bousculés pour nous écouter, cela ne nous empêcha pas de faire vibrer nos cordes vocales, telles des icônes à renommée planétaire. Nos voix s’ élevaient en chœur comme si la scène nous avait toujours appartenu.
Le lendemain, une randonnée à YemmaGouraya était au programme. Bouteille d’ eau grand format, lunettes de soleil et baskets étaient de mises. En effet, il était inconcevable de séjourner à Bejaïa sans se délecter de ses paysages à couper le souffle. Au fur et à mesure qu’ on gagnait en altitude, la baie de Bougie s’ offrait plus amplement à notre vue. Des singes étaient venus à notre rencontre nous saluer. On profita du beau temps pour faire halte dans une crique.
A notre retour, une cérémonie de clôture nous attendait. Les baskets et les joggings avaient été troqués pour des cravates et des escarpins. Des certificats nous avaient été livrés. Bien que précieux, ces documents semblaient dérisoires face à l’ envergure de ce que le Medcamp nous avait apporté. Ce soir-là, même les couche-tôt avaient boycotté leurs lits. La fête continua de battre son plein jusqu’ à l’ aube. Une microsieste était tout ce à quoi les participants avaient eu droit.
Enfin, l’ échéance ne pouvait plus être repoussée. Le jour du départ tant appréhendé était là. Dans une atmosphère morne, les participants qui émergeaient à peine de leur sommeil firent leurs valises. Celles-ci semblaient étrangement plus lourdes, probablement chargées en souvenirs inestimables. En cinq jours seulement, une complicité sans pareil s’ était installée, des amitiés s’ étaient nouées. Sous l’ émotion, certains se contenaient, d’ autres épanchaient leur larmes sans détour. Ils n’ avaient pas encore franchi le seuil de la porte qu’ ils étaient déjà nostalgiques. Après s’ être jurés solennellement que ce n’ était qu’ un au revoir et non un adieu, les participants prirent le chemin du retour. Ils retournèrent à leurs vies respectives en se promettant de les faire converger à nouveau, peutêtre pas au même endroit ni à la même date, mais tout en conservant intacte cette connivence que le Medcamp avait fait germer.
ReMed Magazine- Numéro 5 55