ReMed 2018 Remed 5 - Histoire de la Médecine | Page 31

La psychanalyse Les idées qui nous viennent à l’esprit, qui façonnent nos rêves et nos phobies et qui déterminent nos actes, ne sont pas le fruit du hasard ; l’homme a dû vivre dans son passé des épreuves dont il est « inconscient », et garde des traumatismes qui se manifestent par des symp- tômes psychiques à forte répercussion sociale. Ce sont là les fondements de la psychanalyse, créée par le neurologue Sigmund Freud, qui fut principalement in- fluencé et inspiré de la méthode cathartique qu’exer- çait le médecin autrichien Josef Breuer sur sa patiente hystérique « Anna O ». Il la détailla en 1905, dans son premier topique de conscient/inconscient, et y ajouta après quelques années la théorie des pulsions, créant ainsi son deuxième topique ça/moi/surmoi, instances qui constituent la personnalité de l’homme. Le « Ça » symbolise le plaisir ou la pulsion à assouvir là et maintenant, le « Moi » étant la partie du « Ça » la plus consciente et qui s’exprime dans la réalité, et enfin le « Surmoi » qui gère l’équilibre entre ces deux instances, représentant la voix qui refuse et accepte l’expression du « Ça » dans la réalité. Ici, l’inconscient remet en cause le libre-arbitre et les actions conscientes car les raisons de nos actions ne sont plus transparentes. L’inconscient remet aussi en cause la raison qui im- plique une conscience totale ; la raison c’est oublier les leçons de la psychanalyse et que l’homme est un produit social. La cure psychanalytique est une approche thérapeutique qui permet au thérapeute d’analyser le matériel psychique en essayant de l’intégrer aux mécanismes inconscients et de donner un sens aux non dits par l’établissement d’un équilibre entre ces 3 instances qui constituent la personnalité. D’autres courants psychanalytiques sont ap- parus après Freud, gardant toujours les mêmes prin- cipes Freudiens, dont les plus célèbres sont Jacques Lacan et de Carl Gustave Jung. La majorité des mala- dies mentales furent définies et décrites cliniquement, mais les psychanalystes n’arrivaient pas à traiter par des protocoles consensuels. De plus, la psychanalyse ne concernait que le milieu mondain, du fait du taux élevé des honoraires conséquentes et des durés pro- longées des cures qui avaient, toutefois, des résultats souvent mitigés. Ceci étant, en soignant les bourgeois dans son cabinet, Freud découvre des principes uni- versels qui concernent les pauvres et les riches. L’évolution des thérapies Les thérapies de choc constituaient les seuls outils thérapeutiques dont disposaient les psychiatres du milieu du 19ème. En effet, Lapipe et Rondepière affi- nèrent la sismothérapie (électrochoc) qui consiste à créer une crise d’épilepsie par le passage d’un cou- rant électrique trans-crânien, partant du faux postulat que la comorbidité psychose et épilepsie n’était pas possible. L’électrochoc est pratiqué à ce jour et trouve toute son indication dans les états dépressifs majeurs avec risque suicidaire. D’autres cures étaient pratiquées, comme la cure de Sakel, ou choc hypoglycémique, qui consiste à administrer de l’insuline jusqu’à l’apparition d’un coma corrigé par le glucagon ; ou encore la pyrétothérapie, ou choc fébrile, qui était basée sur l’inoculation d’une souche de plasmodium provoquant une fièvre tierce corrigée par la quinine. L’alternance des fantasques douches chaudes et froides fut également employée, sans aucun argument scientifique. Enfin, une intervention mutilante et invasive fut pratiquée : la lobotomie ou psychochirurgie, qui consistait en une section des fibres reliant le lobe frontal au reste du cerveau, en espérant la régénéres- cence d’autres fibres saines. La psychiatrie moderne, la découverte de la Chlor- promazine En 1955, la découverte de la Chlorpromazine révo- lutionna la psychiatrie en remplaçant la camisole de force par la camisole chimique. C’est le premier traite- ment chimique utilisé pour traiter les maladies men- tales avec des résultats surprenants qui ont ouvert une nouvelle page dans le traitement des maladies mentales. David Laing et Ronald Cooper ont mené une ex- périence à Kinsglay Hall en considérant la maladie men- tale comme une forme d’expression du refus de la socié- té telle qu’elle est érigée dans ses fondements : c’est le mouvement antipsychiatrique. Cependant, le meurtre d’un citoyen causé par un malade mental à une fête foraine en Italie a mis fin à l’aventure de l’antipsychia- trie et au psychiatre italien Basaglia, l’adepte de ce ReMed Magazine - Numéro 5 31