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La psychanalyse
Les idées qui nous viennent à l’esprit, qui façonnent nos
rêves et nos phobies et qui déterminent nos actes, ne
sont pas le fruit du hasard ; l’homme a dû vivre dans son
passé des épreuves dont il est « inconscient », et garde
des traumatismes qui se manifestent par des symp-
tômes psychiques à forte répercussion sociale. Ce sont
là les fondements de la psychanalyse, créée par le
neurologue Sigmund Freud, qui fut principalement in-
fluencé et inspiré de la méthode cathartique qu’exer-
çait le médecin autrichien Josef Breuer sur sa patiente
hystérique « Anna O ». Il la détailla en 1905, dans son
premier topique de conscient/inconscient, et y ajouta
après quelques années la théorie des pulsions, créant
ainsi son deuxième topique ça/moi/surmoi, instances
qui constituent la personnalité de l’homme. Le « Ça
» symbolise le plaisir ou la pulsion à assouvir là et
maintenant, le « Moi » étant la partie du « Ça » la plus
consciente et qui s’exprime dans la réalité, et enfin le «
Surmoi » qui gère l’équilibre entre ces deux instances,
représentant la voix qui refuse et accepte l’expression
du « Ça » dans la réalité. Ici, l’inconscient remet en
cause le libre-arbitre et les actions conscientes car
les raisons de nos actions ne sont plus transparentes.
L’inconscient remet aussi en cause la raison qui im-
plique une conscience totale ; la raison c’est oublier
les leçons de la psychanalyse et que l’homme est un
produit social.
La cure psychanalytique est une approche
thérapeutique qui permet au thérapeute d’analyser
le matériel psychique en essayant de l’intégrer aux
mécanismes inconscients et de donner un sens aux
non dits par l’établissement d’un équilibre entre ces 3
instances qui constituent la personnalité.
D’autres courants psychanalytiques sont ap-
parus après Freud, gardant toujours les mêmes prin-
cipes Freudiens, dont les plus célèbres sont Jacques
Lacan et de Carl Gustave Jung. La majorité des mala-
dies mentales furent définies et décrites cliniquement,
mais les psychanalystes n’arrivaient pas à traiter par
des protocoles consensuels. De plus, la psychanalyse
ne concernait que le milieu mondain, du fait du taux
élevé des honoraires conséquentes et des durés pro-
longées des cures qui avaient, toutefois, des résultats
souvent mitigés. Ceci étant, en soignant les bourgeois
dans son cabinet, Freud découvre des principes uni-
versels qui concernent les pauvres et les riches.
L’évolution des thérapies
Les thérapies de choc constituaient les seuls outils
thérapeutiques dont disposaient les psychiatres du
milieu du 19ème. En effet, Lapipe et Rondepière affi-
nèrent la sismothérapie (électrochoc) qui consiste à
créer une crise d’épilepsie par le passage d’un cou-
rant électrique trans-crânien, partant du faux postulat
que la comorbidité psychose et épilepsie n’était pas
possible. L’électrochoc est pratiqué à ce jour et trouve
toute son indication dans les états dépressifs majeurs
avec risque suicidaire.
D’autres cures étaient pratiquées, comme la
cure de Sakel, ou choc hypoglycémique, qui consiste à
administrer de l’insuline jusqu’à l’apparition d’un coma
corrigé par le glucagon ; ou encore la pyrétothérapie,
ou choc fébrile, qui était basée sur l’inoculation d’une
souche de plasmodium provoquant une fièvre tierce
corrigée par la quinine. L’alternance des fantasques
douches chaudes et froides fut également employée,
sans aucun argument scientifique.
Enfin, une intervention mutilante et invasive
fut pratiquée : la lobotomie ou psychochirurgie, qui
consistait en une section des fibres reliant le lobe
frontal au reste du cerveau, en espérant la régénéres-
cence d’autres fibres saines.
La psychiatrie moderne, la découverte de la Chlor-
promazine
En 1955, la découverte de la Chlorpromazine révo-
lutionna la psychiatrie en remplaçant la camisole de
force par la camisole chimique. C’est le premier traite-
ment chimique utilisé pour traiter les maladies men-
tales avec des résultats surprenants qui ont ouvert
une nouvelle page dans le traitement des maladies
mentales.
David Laing et Ronald Cooper ont mené une ex-
périence à Kinsglay Hall en considérant la maladie men-
tale comme une forme d’expression du refus de la socié-
té telle qu’elle est érigée dans ses fondements : c’est le
mouvement antipsychiatrique. Cependant, le meurtre
d’un citoyen causé par un malade mental à une fête
foraine en Italie a mis fin à l’aventure de l’antipsychia-
trie et au psychiatre italien Basaglia, l’adepte de ce
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