ReMed 2018 Remed 5 - Histoire de la Médecine | Page 29
La renaissance, l’occident voit le jour
Le déclin de l’empire romain : moyen âge ou âge
d’or ?
Après la chute de l’empire romain, l’occident sombrât
dans le noir et l’ignorance. La dominance autocrate
de l’église et le christianisme extrémiste a fait reculer
l’occident aux siècles de la première antiquité et ses
pratiques barbares. Il existait des tribunaux pour les
sorciers, qui sont des êtres humains ou inhumains qui
font un pacte avec le diable et dont les victimes sont
appelées des possédés.
Cependant, de l’autre côté du monde, ce fut
l’âge d’or de la civilisation arabo-musulmane, avec
leur savoir et leurs sciences. Le premier asile pour
malades mentaux fut bâti à Baghdâd en 705, ainsi
que d’autres asiles dans différents coins des contrées
musulmanes, notamment à Fès, Damas, et au Caire. Ces
asiles prodiguaient l’hygiène, la nourriture et les soins,
et même des psychothérapies, telles que citées par Ibn
Sina dans son Canon au X ème siècle. Il écrivit : « Nous
devons considérer que l’un des meilleurs traitements,
l’un des plus efficaces, consiste à accroitre le mental et
psychique du patient, à l’encourager à la lutte, à créer
autour de lui une ambiance agréable, à lui faire écou-
ter de la bonne musique, à le mettre en contact avec
les personnes qu’ il agrée, qui le respectent et en qui il
a confiance. » On reconnaissait donc l’importance de
la bientraitance des fous et, comme thérapie révolu-
tionnaire, on avait même adopté la musicothérapie. En
effet, la musique se jouait dans ces asiles, appliquée
selon la réactivité du malade pour telle ou telle mu-
sique, selon un rythme et une mélodie précise. Dans
ses soins, on raconte qu’Ibn Sina avait même essayé
le traitement de choc, en déchirant le voile couvrant
le visage d’une femme qui avait les mains paralysées.
Effrayée, elle bougea ses bras pour se protéger.
Cependant, vers la fin du moyen âge, la
conscience occidentale commença à se réveiller. Le
premier asile psychiatrique « Bethlem Royal Hospital
» fut construit à Londres, mais la thérapeutique ne se
basait que sur la réclusion et la coercition.
L’occident connut alors un air de révolution, orchestré
par plusieurs savants, notamment Erasme, connu pour
ses idées anticonformistes, qui appelait à la reprise des
idées païennes de l’antiquité et à se libérer de l’église.
Son œuvre « l’Eloge de la Folie » ainsi que celle de
Thomas More « Utopie », ont fait vibrer toute l’Europe
et ont participé à la révolution de la renaissance qui
a ouvert les portes aux philosophes pour s’exprimer
dans tous les domaines.
Cette époque a affiné la naissance de la psy-
chiatrie. D’un côté, la naissance de la philosophie mo-
derne initiée par René Descartes, qui avait repris les
idées sur l’âme et le corps et conçut le dualisme carté-
sien, initia le débat sur la séparation et la causalité entre
l’âme et le corps. D’un autre côté, le développement de
la médecine, marqué par la naissance de la neurologie
au XVI ème siècle et la découverte de la cause de plusieurs
maladies neurologiques permit le développement de
plusieurs œuvres traitant indirectement de la psychia-
trie, notamment « l’Anatomie de la Mélancolie » de Ro-
bert Burton, où il avait décrit les causes, les symptômes
et le traitement de la mélancolie.
Au sein du mouvement philanthropique, le
médecin Joseph Daquin entreprit le début de l’aven-
ture au cœur de la déraison et la folie en publiant son
livre « La Philosophie de la Folie » en 1791, faisant
de lui le premier à créer la médecine aliéniste, qui
deviendra plus tard « la psychiatrie. »
Cependant, la psychiatrie fut d’abord princi-
palement influencée par Philippe Pinel. Il travaillait à
l’hôpital Bicêtre et recevait les aliénés dans leur état
pitoyable et miséreux, enchainés et enfermés. Jean
Baptiste Pussin, un surveillant à l’hôpital, avait beau-
coup d’empathie pour ces malades, il vouait son temps
à prendre soin d’eux tant sur le plan moral que phy-
sique, et il notait les changements qu’ils réalisaient.
Pinel, s’appuyant sur les notes du surveillant, a com-
mencé à parler du traitement moral et à supprimer
les chaines, la phlébotomie et tout autre traitement
inhumain et inutile. Il pensait que la maladie mentale
était due à une atteinte physiologique, provoquée par
des émotions et des événements du passé de l’être. En
croyant qu’il y a une part de raison chez les aliénés,
il essayait de discuter avec eux afin de stimuler cette
partie de la conscience chez eux. Quoique les résultats
ne furent pas très satisfaisants, ceci l’a aidé à créer
la première nosographie philosophique des maladies
psychiatriques dans son œuvre « Traité Médico-philo-
sophique sur l’Aliénation Mentale », distinguant ainsi
quatre cas : la Manie, la Simple Mélancolie, l’Idiotie et
la Démence.
ReMed Magazine - Numéro 5
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