Sciences de la Santé
Les Personnages Ayant Marqué la Médecine, de l’ Antiquité à Nos Jours
Hassane Mohamed BOUALI
Tout le monde a entendu parler d’ Hippocrate, de Pasteur et de Fleming, et pour cause, ces personnages sont d’ une importance capitale dans l’ histoire de la médecine et sont tous à l’ origine d’ avancées majeures. Néanmoins, force est de constater que l’ Histoire est injuste. Bon nombre d’ hommes illustres ont révolutionné la pratique médicale sans pourtant être connus du grand public. Dans cet article, nous nous proposons de vous faire découvrir, brièvement, la vie de 9 grands médecins que vous ne connaissez peut-être pas. Nous essayons de rendre fidèlement hommage à leurs travaux, qui constituent dans la plupart des cas les bases et les fondements de nos études actuelles.
Claudius Galien( 129-216) de Perganom, l’ école ancestrale
Galien est sans nul doute l’ une des deux personnes ayant le plus influencé l’ histoire de la médecine, le deuxième étant Hippocrate. Claudius est né à Pergamon dans l’ actuelle Turquie. Son implication dans la sphère médicale ne fut pas tout à fait anodine. Son père fit un rêve dans lequel le dieu grecque Asclepios commandait à son fils de devenir médecin. Il lui ordonna donc d’ entrer à l’ école de médecine. Ce périple scientifique l’ emmena à travers toute la Grèce puis à Alexandrie pour finir par atterrir dans la capitale de l’ empire: Rome. Profondément inspiré par la philosophie, il voyait en la médecine une contemplation de l’ œuvre des dieux. Pour lui, comprendre le fonctionnement du corps était un moyen de leur rendre hommage.
Ses talents de chirurgien et de guérisseur le rendirent célèbre dans tout l’ empire, ce qui l’ amena à devenir le médecin des gladiateurs, fonction prestigieuse et prisée à l’ époque. Ce poste lui permit d’ étudier des cas rares. Il disséqua de nombreux cadavres et fit des découvertes majeures en anatomie et en physiologie.
Tout d’ abord, il suivit la doctrine des 4 humeurs d’ Hippocrate, auxquelles il associa les 4 éléments. Pour lui, le sang correspondait à l’ air, la bile jaune au feu, la bile noire à la terre et la phlegme à l’ eau. Les propriétés physiques de ces éléments( état gazeux, liquide... etc.) devaient rester en équilibre et c’ était la rupture de cet équilibre qui occasionnait les maladies.
Le natif de Perganom a à son actif de nombreuses découvertes. Il démontra d’ abord que le pouls provenait du cœur, puis qu’ il existait deux types de vaisseaux dont chacun avait un rôle précis. Il décrivit avec précision la circulation digestive ainsi que la mécanique respiratoire. De même, il prouva que l’ origine de l’ urine était le rein et non pas la vessie, pour ce faire il n’ hésita pas à ligaturer un uretère. Toujours audacieux dans ses expériences, il coupa les racines rachidiennes à plusieurs niveaux et en déduisit la métamérisation de la moelle épinière. Il découvrit également l’ innervation du larynx et prouva qu’ il était l’ origine de la voix( à l’ inverse de ce que disait Aristote, qui attribuait cette fonction au cœur). Enfin, il fut l’ un des premiers à étudier l’ embryologie animale et réussit à caractériser plusieurs étapes de celle-ci.
Il se distingua également en pharmacie, il mit au point des dizaines de potions et proposait d’ enrober les principes actifs dans des excipients pour les rendre administrables aux patients. Ses enseignements prirent plus tard la forme d’ une science à part entière: la pharmacie galénique.
De plus en plus célèbre, cet étranger irrita la hiérarchie médicale et aristocratique de Rome. Il était sur le point d’ être poussé à l’ exile. Il doit son salut à sa réputation qui arriva aux oreilles de l’ empereur luimême. C’ est ainsi qu’ il fut nommé médecine personnel de Marcus Aurelius et de ses successeurs Commodus et Septimius Severus.
Au terme de sa vie, il laissa une œuvre considérable estimée à plus de 10 millions de mots, la plupart de ses écrits ont été malheureusement perdus. Néanmoins, son influence resta grande et son école dominait les doctrines médicales jusqu’ au 16e siècle, du moins en Europe, car, nous le verrons avec Ibn al-Nafis, les musulmans avaient dores et déjà corrigé bon nombre de ses erreurs.
16 Printemps 2018