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Art & Evénementiel
ART & FOLIE … L'étroit lien entre les troubles
mentaux et le développement de la créativité
"Il n'y a pas de génie sans un grain de folie" – Aristote
Une association pas si moderne !
M
S O F I A N E M O H A M E D L A R B I B E N H A B I L E S
ême si ce n'est qu'au siècle dernier seulement que commencèrent à prendre forme les études, théories et réponses sur la
relation entre certains troubles mentaux et la créativité en général, l'image de "l'artiste fou" a été depuis longtemps un
stéréotype ancré dans les mémoires. Du temps déjà du célèbre philosophe Grec Aristote, cité ci-dessus, ce dernier
s'interrogeait:" Pourquoi tous les hommes exceptionnels du passé, en philosophie, en politique, en poésie ou dans les arts,
étaient-ils manifestement mélancoliques ?" Plus tard, les liens entre l'art et la folie furent explorés par les romantiques au 19ème
siècle. Ces derniers "élevaient le dément au rang de héros en communion secrète avec les forces du destin". Mais ce n'est qu'au
20ème siècle que l'étude de la créativité en psychologie connut un véritable essor. Cet intérêt fut déclenché d'une part par la
parution, partout dans le monde, d'ouvrages et d'articles décrivant, reproduisant, classant et individualisant des œuvres de
personnes atteintes d'affections mentales cherchant à déterminer les rapports entre créativité et maladies. Et d'autre part, par
l'appréciation naissante de certains artistes, notamment Pablo Picasso et Paul Klee, envers les œuvres plastiques des malades
mentaux. Paul Klee disait d'ailleurs dans un de ces articles : "Les œuvres des aliénés sont à prendre plus au sérieux que tous les
musées des beaux-arts, dès lors qu'il s'agit de réformer l'art d'aujourd'hui."
De nombreuses études ont donc vu le jour et leurs résultats –manquant malheureusement de précision vu l'aspect abstrait, la
subjectivité environnante et la complexité du sujet– convergeaient néanmoins vers une seule et même conclusion : Les individus
créatifs dans le domaine des arts sont particulièrement vulnérables aux troubles psychologiques ; ils présentent, entre autres, des
taux élevés d'alcoolisme, de dépression, d'abus de drogues, d'états maniaques, d'anxiété ou encore de troubles psychotiques. De
manière plus précise, le taux de troubles mentaux serait plus important chez les écrivains, par rapport aux artistes dont les
réalisations sont plus visuelles. Chose étonnante, il semblerait que certains artistes –que nous citerons dans le paragraphe suivant–
ne présentant pas eux-mêmes quelque symptôme d'une atteinte mentale, avaient au moins, dans leur famille proche, un membre
qui, lui, était malade mental.
Artistes connus et leurs troubles mentaux :
L'image de "l'artiste fou" reste certes un stéréotype, mais elle est nourrie par un nombre impressionnant d'artistes ayant présenté
des atteintes mentales et troubles du comportement, pour en citer quelques-uns :
Isaac Newton, dont la découverte de la théorie de la gravitation doit plus à un trouble bipolaire qu'à
une pomme ; Vincent Van Gogh qui souffrait d'épilepsie temporale, de schizophrénie et de troubles
psychotiques induisant des hallucinations qui lui auraient inspiré ses tableaux ; Honoré De Balzac
et Virginia Woolf qui auraient présenté des psychoses maniaco-dépressives ; John Nash, génie
mathématicien atteint de schizophrénie ; Paul Verlaine qui était alcoolique ; Goya avec une probable
artérite cérébrale ; Edgar Allan Poe et Winston Churchill étaient atteints de troubles bipolaires ;
Beethoven, Ernest Hemingway, Robert Schumann (mort dans un hôpital psychiatrique) et Judy
Garland, eux, présentaient de sérieux troubles de l'humeur au cours de leurs vies. Certains, bien que
connus pour une certaine excentricité de caractère mais n'ayant présenté aucun symptôme de
troubles psychologiques, ont eu dans leurs familles des membres de désordre mental, comme
Albert Einstein et James Joyce qui ont eu un enfant atteint de schizophrénie. Bertrand Russel, lui,
avait de nombreux proches atteints de psychose, notamment sa tante, son oncle, son �ils et sa petite
�ille.
Citons aussi certains peintres qui ont connu, au cours de leurs vies, des états pathologiques pendant lesquels leurs œuvres se sont
complètement transformés et portent indéniablement l'empreinte de la maladie tels que Hugo Van Der Goes, Piero Di Cosmo,
William Blake, Géricault, Hill, Maiouh, Munch, Leonora Carrington, Michel-Ange, Paal, Dieffenbach et beaucoup d'autres.
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