ReMed 2016 ReMed Magazine N°1 - Nervous System | Page 55

ReMed Magazine Art & Evénementiel ART & FOLIE … L'étroit lien entre les troubles mentaux et le développement de la créativité "Il n'y a pas de génie sans un grain de folie" – Aristote Une association pas si moderne ! M S O F I A N E M O H A M E D L A R B I B E N H A B I L E S ême si ce n'est qu'au siècle dernier seulement que commencèrent à prendre forme les études, théories et réponses sur la relation entre certains troubles mentaux et la créativité en général, l'image de "l'artiste fou" a été depuis longtemps un stéréotype ancré dans les mémoires. Du temps déjà du célèbre philosophe Grec Aristote, cité ci-dessus, ce dernier s'interrogeait:" Pourquoi tous les hommes exceptionnels du passé, en philosophie, en politique, en poésie ou dans les arts, étaient-ils manifestement mélancoliques ?" Plus tard, les liens entre l'art et la folie furent explorés par les romantiques au 19ème siècle. Ces derniers "élevaient le dément au rang de héros en communion secrète avec les forces du destin". Mais ce n'est qu'au 20ème siècle que l'étude de la créativité en psychologie connut un véritable essor. Cet intérêt fut déclenché d'une part par la parution, partout dans le monde, d'ouvrages et d'articles décrivant, reproduisant, classant et individualisant des œuvres de personnes atteintes d'affections mentales cherchant à déterminer les rapports entre créativité et maladies. Et d'autre part, par l'appréciation naissante de certains artistes, notamment Pablo Picasso et Paul Klee, envers les œuvres plastiques des malades mentaux. Paul Klee disait d'ailleurs dans un de ces articles : "Les œuvres des aliénés sont à prendre plus au sérieux que tous les musées des beaux-arts, dès lors qu'il s'agit de réformer l'art d'aujourd'hui." De nombreuses études ont donc vu le jour et leurs résultats –manquant malheureusement de précision vu l'aspect abstrait, la subjectivité environnante et la complexité du sujet– convergeaient néanmoins vers une seule et même conclusion : Les individus créatifs dans le domaine des arts sont particulièrement vulnérables aux troubles psychologiques ; ils présentent, entre autres, des taux élevés d'alcoolisme, de dépression, d'abus de drogues, d'états maniaques, d'anxiété ou encore de troubles psychotiques. De manière plus précise, le taux de troubles mentaux serait plus important chez les écrivains, par rapport aux artistes dont les réalisations sont plus visuelles. Chose étonnante, il semblerait que certains artistes –que nous citerons dans le paragraphe suivant– ne présentant pas eux-mêmes quelque symptôme d'une atteinte mentale, avaient au moins, dans leur famille proche, un membre qui, lui, était malade mental. Artistes connus et leurs troubles mentaux : L'image de "l'artiste fou" reste certes un stéréotype, mais elle est nourrie par un nombre impressionnant d'artistes ayant présenté des atteintes mentales et troubles du comportement, pour en citer quelques-uns : Isaac Newton, dont la découverte de la théorie de la gravitation doit plus à un trouble bipolaire qu'à une pomme ; Vincent Van Gogh qui souffrait d'épilepsie temporale, de schizophrénie et de troubles psychotiques induisant des hallucinations qui lui auraient inspiré ses tableaux ; Honoré De Balzac et Virginia Woolf qui auraient présenté des psychoses maniaco-dépressives ; John Nash, génie mathématicien atteint de schizophrénie ; Paul Verlaine qui était alcoolique ; Goya avec une probable artérite cérébrale ; Edgar Allan Poe et Winston Churchill étaient atteints de troubles bipolaires ; Beethoven, Ernest Hemingway, Robert Schumann (mort dans un hôpital psychiatrique) et Judy Garland, eux, présentaient de sérieux troubles de l'humeur au cours de leurs vies. Certains, bien que connus pour une certaine excentricité de caractère mais n'ayant présenté aucun symptôme de troubles psychologiques, ont eu dans leurs familles des membres de désordre mental, comme Albert Einstein et James Joyce qui ont eu un enfant atteint de schizophrénie. Bertrand Russel, lui, avait de nombreux proches atteints de psychose, notamment sa tante, son oncle, son �ils et sa petite �ille. Citons aussi certains peintres qui ont connu, au cours de leurs vies, des états pathologiques pendant lesquels leurs œuvres se sont complètement transformés et portent indéniablement l'empreinte de la maladie tels que Hugo Van Der Goes, Piero Di Cosmo, William Blake, Géricault, Hill, Maiouh, Munch, Leonora Carrington, Michel-Ange, Paal, Dieffenbach et beaucoup d'autres. 54